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elles se tiennent au fond de l'eau, tranquilles, amoncelées ou isolées, adhérentes aux parois. du vase et contractées, ou libres et étendues : souvent dans le même bocal on les voit hors de l'eau, à sa surface, au milieu et au fond, les unes calmes, les autres agitées, celles - ci adhérentes, celles-là entassées, beaucoup éparses, et quelques unes fixées par la queue aux parois du vase, se balançant le reste du corps dans l'eau par mouvements presque réguliers.

Ces expériences souvent répétées ne s'accordent point avec les observations et les idées de certains physiciens, qui prétendent que les sangsues peuvent tenir lieu de baromètre.

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CHAPITRE IV.

EFFETS SENSIBLES DES SANGSUES
SUR L'HOMME SAIN.

APPLIQUEZ sur les téguments d'un homme sain une sangsúe, elle s'arrête, elle fixe l'extrémité de sa queue à l'épiderme ou aux corps solides environnants, tandis que ses lèvres adhèrent fortement à la peau; alors ses dents pénètrent dans le tissu des téguments et y causent une douleur rongeante, lancinante et plus ou moins vive suivant l'espèce de vaisseau sanguin et de nerf qu'elles blessent, la grandeur et la profondeur de la blessure, le degré de sensibilité, la répugnance pour cet insecte et la crainte de ses effets. Les dents continuent d'agir, elles ouvrent un vaisseau sanguin veineux ou artériel; aussitôt que le vaisseau est ouvert, la sangsue suce le sang qui s'écoule du vaisseau. Cette succion de plus ou moins longue durée, d'ordinaire peu douloureuse, quelque

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fois sans douleur, détermine aux environs de la blessure une rougeur et une tuméfaction à peine sensibles dans le premier temps de la succion, mais très visibles vers la fin de cette succion. Lorsque la morsure dure long-temps et avec douleur, et que la succion est longue et douloureuse, la rougeur et la tuméfaction sont plus grandes, et les petits vaisseaux sanguins environnants plus dilatés.

Dès que la sangsue s'est gorgée d'une certaine quantité de sang, pour l'ordinaire l'extrémité postérieure de la queue ou le disque cesse d'adhérer aux téguments; alors la douleur que la sangsue cause en suçant, quelquefois augmente à mesure qu'elle devient plus grosse; ses lèvres se fixent avec plus de force contre les téguments, elle implante souvent ses dents contre les bords de la plaie; car la douleur est souvent aiguë: appuyez le corps et la queue de la sangsue sur un coussinet, de manière qu'ils ne pèsent plus sur la bouche; la douleur diminuera, la succion sera d'ordinaire plus longue, et la sangsue acquerra un volume plus considérable.

Souvent pendant la succion il s'échappe de la blessure une petite portion de sang ; alors il

n'est pas rare de voir la sangsue cesser un instant la succion, pour rendre par la bouche du sang et une quantité plus ou moins grande de matières limpides, visqueuses ou séreuses.

La succion dure communément trois quarts d'heure, une heure, une heure et demie, deux heures au plus : aussitôt que la sangsue a fini de sucer, elle détache ses lèvres, et tombe.

Il arrive souvent que la sangsue, après avoir sucé du sang pendant plusieurs minutes, quitte le vaisseau entamé pour en aller prendre un autre, causer de nouvelles douleurs et sucer le sang de ce dernier vaisseau; quelquefois elle réitère jusqu'à trois ou quatre morsures : rarement la sangsue qui a mordu plusieurs vaisseaux se gorge de sang jusqu'à devenir très grosse, et communément les vaisseaux qu'elle a ouverts donnent après sa chute peu de sang.

Peu de temps après que la sangsue s'est détachée, on voit les bords et les parties environnantes de la morsure tuméfiés, chauds, tendus, et les vaisseaux sanguins dilatés : à mesure qu'on s'éloigne du temps de la succion, la tuméfaction, la chaleur, la rougeur, la tension augmentent; cet accroissement dure ordinairement douze heures, souvent vingt-quatre

heures, quelquefois quarante-huit heures. Fréquemment au bout de huit ou douze heures les environs de la plaie présentent une couleur violette semblable à une enchymose récente.

La quantité de sang dont chaque sangsue se remplit, et le temps qu'elle emploie à cette opération varient à l'infini; elles sucent du sang depuis une drachme jusqu'à une once au plus il est extraordinaire qu'elles en avalent jusqu'à une once et demie; ou elles le vomissent en grande partie, ou elles périssent de réplétion.

Faites mordre plusieurs sangsues en même temps sur une portion de téguments; pendant la succion le pouls se concentre, souvent il devient petit, dur, et plus fréquent que dans l'état naturel; les muscles qui répondent aux morsures sont plus contractés, les artères voisines paroissent battre avec plus de force, les veines qui les accompagnent sont ordinairement plus dilatées: la succion cesse-t-elle d'être douloureuse et approche-t-elle de sa fin, le pouls commence à se développer. Au contraire la succion est-elle douloureuse, la concentration du pouls augmente; il survient souvent anxiété, malaise, inquiétude, agitation, particulière

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