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ment chez les sujets très irritables, quelquefois défaillance, très rarement mouvements

convulsifs.

Aussitôt que les lèvres et la bouche de lá sangsue discontinuent d'adhérer à l'endroit où elle a mordu, on voit le sang sortir d'une ouverture qui, étant examinée sur-le-champ avec attention, représenté trois angles égaux dont les sommets aboutissent au point le plus considérable de l'ouverture; ensuite elle prend la forme d'un triangle.

La quantité de sang qui découle de la morsure de la sangsue est proportionnée à l'espèce, à la grandeur, à la situation du vaisseau sanguin, à la vigueur de la sangsue, 'l à l'étendue de l'ouverture du vaisseau, à la disposition du sang à se coaguler, au degré de sensibilité et d'irritabilité du sujet et de la partie mordue, à l'âge, à la saison, et au degré de chaleur.

L'espèce de vaisseau sanguin que la sangsue mord le plus communément est la veine; après la chute de la sangsue, le sang sort sans jet, en plus ou moins grande abondance, jusqu'à ce qu'il s'arrête naturellement ou par le secours de l'art : l'artère est la seconde espèce de vaisseau sanguín que la sangsue ouvre; elle n'at

taque que les artérioles superficielles, encore s'y attache-t-elle rarement; alors le sang sort par jets qui répondent à chaque pulsation du cœur; le sang qui s'écoule de l'artériole n'est pas plus vermeil que celui de la veine; il ne se coagule pas ordinairement dans la plaie, à moins qu'on n'y applique un remède astringent et qu'on ne la comprime ; et si l'art ne parvient à suspendre l'hémorragie artérielle, elle peut devenir mortelle.

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L'ouverture d'un grand vaisseau veineux par une sangsue fournit toujours plus de sang que celle d'un petit vaisseau ; aussi une morsure à la veine jugulaire externe donne-t-elle beaucoup plus de sang qu'aucune veine des extrémités : il en est de même des artérioles ; plus elles sont grandes, plus elles doivent fournir de sang et présenter de difficultés pour l'arrêter. Les veines et les artérioles mordues laissent d'autant plus écouler de sang qu'elles sont plus superficielles; faites mordre des sangsues aux bords de l'anus à l'endroit où les veines se présentent à la surface de la peau, il sortira plus de sang que des morsures faites aux veines des extrémités supérieures et inférieures, quelque superficielles qu'elles paroissent; cependant il

découle ordinairement beaucoup de sang des morsures faites aux veines superficielles des jambes et des bras, plus particulièrement des veines qui rampent sur le pli du bras, sur la face interne de la cuisse, sur le tibia, sur les malléoles et le dessus du pied, que des veines situées sur le bras et les parties externes, des cuisses et des jambes. ⠀⠀

Appliquez sur la face interne de la cuisse un grand nombre de sangsues retirées le même jour d'un étang; les unes s'attacheront aussitôt aux téguments, mordront avec force le vaisséau sanguin, causeront une vive douleur, feront une grande ouverture et suceront avec promptitude beaucoup de sang; les autres resteront long-temps sans vouloir mordre, malgré les soins pris pour les y engager; la morsure sera lente, quelquefois peu douloureuse; elles suceront lentement peu de sang, et souvent elles se détacheront plus tôt que les premières. La grosseur et la vivacité des sangsues ne sont pas des signes qui annoncent d'une manière certaine qu'elles doivent mordre et sucer avec force et rapidité; les grosses sangsues sont ordinairement gorgées de sang; les moyennes fortes et vives doivent toujours être préférées

aux grosses et aux petites: les sangsues moyennes font pour l'ordinaire des morsures plus considérables que les petites sangsues, le sang s'écoule avec facilité et promptitude, et les caillots se forment plus difficilement que dans les petites

morsures.

Le cours du sang provenant des morsures des sangsues diminue au moment où un caillot de sang commence à se former dans l'ouverture du vaisseau et dans la plaie faite aux téguments; l'évacuation sanguine se trouve entièrement supprimée, dés que le caillot bouche entièrement l'ouverture du vaisseau; enlevez ce caillot, vous renouvellerez aussitôt le cours du sang, et si vous agissez ainsi à mesure que le

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caillot tend à se former vous entretiendrez l'hémorragie. En détachant le caillot extérieur, vous n'ôtez pas toujours le caillot interne, je veux dire celui qui ferme immédiatement l'ouverture du vaisseau; si ce caillot interne reste, le sang ne reparoît pas. Lavez continuellement la plaie avec de l'eau chaude, vous retarderez la formation du caillot, ou vous le détacherez à mesure qu'il se forme : nonobstant cette précaution, souvent le caillot s'établit et bouche exactement l'ouverture du vaisseau. Plus le

vaisseau sanguin mordu est grand, superficiel

et dilaté, tel que la veine jugulaire externe, plus le caillot est difficile à se former : aussi eston obligé, pour qu'il ait lieu, d'employer les topiques astringents et la compression : ce n'est pas le même principe qui empêche la formation du caillot à l'ouverture de l'artériole mordue par la sangsue, il faut l'attribuer à la forte impulsion du sang que le mouvement du cœur produit dans les artères; si vous n'avez pas recours aux astringents et à la compression pour suspendre l'hémorragie, artérielle, vous exposez le sujet aux accidents les plus funestes, et même à la mort lorsque le caillot ne peut se former,

La disposition qu'a le sang à se coaguler au sortir d'une veine mordue varie à l'infini. La disposition du sang à se coaguler est - elle grande; à l'instant le caillot se forme, et d'ordinaire, malgré tous les moyens que l'art a imaginés pour s'y opposer, le sang s'arrête; tandis que si le sang n'est pas disposé à se coaguler, les topiques astringents les plus forts et les compressions les mieux dirigées peuvent à peine supprimer son écoulement; ainsi ne vous étonnez pas en ôtant les topiques et les bandages trois ou quatre heures, quelquefois douze

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