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ou vingt-quatre heures après qu'ils ont arrêté
le
sang,
de voir renaître l'hémorragie, il est
vrai avec beaucoup moins de force qu'aupa-

ravant.

La disposition du sang à se coaguler, ou à rester fluide en sortant de la morsure, peut encore varier dans le cours de l'année, chez le même sujet, quelque bien portant qu'il soit ; il arrive par exemple qu'au commencement du mois où l'on applique les sangsues, le sang se coagule à mesure qu'il s'échappe de la plaie ; et à la fin du même mois où l'on réitère leur application, la fluidité du sang est si grande qu'on est obligé, pour en arrêter le cours, de mettre en usage les topiques astringents et la compression : pourtant il ne faut pas regarder ce phénomène comme ordinaire.

Appliquez plusieurs sangsues au bras ou à la cuisse d'un homme pléthorique, doué d'une constitution robuste, peu irritable et médiocrement sensible; les sangsues ne tarderont pas à mordre, la douleur pendant les morsures et la succion du sang sera supportable; le pouls ne se concentrera pas d'une manière sensible, les sangsues suceront beaucoup de sang et avec aşsez de promptitude, elles acquerront aussi

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un grand volume. Il n'en est pas de même chez tous les sujets bilieux, d'une constitution délicate, très irritable et sensible; quelquefois l'irritabilité et la sensibilité s'accroissent jusqu'à leur faire éprouver des défaillances, des mouvements convulsifs; alors les sangsues tombent souvent peu de temps après leurs morsures, et le sang coule à peine des plaies. L'action des sangsues varie donc selon le degré de sensibilité et d'irritabilité du sujet. On voit encore des sangsues qui ne veulent ni saisir, ni mordre certaines personnes; ou si elles s'y fixent, elles ne font que des morsures légères dont il s'écoule très peu de sang: peut-être cela provient-il de la qualité particulière de la transpiration.

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A-t-on de l'horreur pour les sangsues, doute-t-on la douleur qu'elles causent, ne peuton voir sans effroi son sang couler; tout le corps s'agite, les muscles de la partie où elles mordent entrent dans une forte contraction; les téguments même participent de cet état; alors les sangsues mordent d'ordinaire avec peine; chaque morsure fait pousser des cris de douleur; le pouls se resserre beaucoup ; la succion est presque toujours de courte durée ; et

fréquemment le sang coule en petite quantité après la chute des sangsues ; souvent il survient défaillance, rarement mouvements convulsifs. Après la suppression, il reste pendant vingtquatre, et fréquemment trente-six heures, beaucoup de sensibilité et d'irritation.

La partie où la sangsue mord et suce peut jouir d'une si grande sensibilité que la morsure produise une douleur très aiguë et capable de causer des convulsions, ou de faire tomber en défaillance, symptômes qui, pour l'ordinaire, cessent aussitôt qu'on a détaché la sangsue, à l'aide du sel marin, ou du nitre ou du tabac ; y a lieu de croire que cette excessive douleur provient de l'entamure d'un nerf cutané, par les dents de la sangsue.

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Les sangsues n'agissent pas absolument de la même manière sur l'enfant, le jeune homme, l'adulte, et le vieillard, sur l'homme et la femme. Elles mordent les vaisseaux des enfants avec promptitude; elles causent une douleur vive, elles sucent en peu de temps beaucoup de sang, et après leur chute les plaies saignent abondamment; le caillot est ordinairement long à se former, et on est plus souvent obligé d'arrêter l'hémorragie avec les topiques astrin

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gents et la compression, que de laver les morsures avec l'eau chaude pour enlever les caillots et favoriser le cours du sang.

La sangsue n'est pas en général si prompte à mordre les jeunes gens, les adultes et sur-tout les vieillards: ces derniers ont le sang communément disposé à se coaguler en sortant de la veine entamée par la sangsue; elle fait des morsures plus petites et moins profondes que chez les jeunes gens, et quelquefois elle ne veut pas mordre.

Les sangsues mordent et sucent avec plus de promptitude les femmes que les hommes, et des morsures faites aux premières il sort ordinairement plus de sang, et il est plus difficile d'en arrêter le cours : elles mordent avec célérité aux cuisses et aux jambes de ceux qui viennent de faire un exercice violent à pied, et il s'écoule souvent des morsures beaucoup de sang; aussi les chasseurs qui entrent les jambes nues dans des marais les ont-ils aussitôt couvertes de sangsues. Les demi-bains d'eau chaude, les frictions sèches et de longue durée sur les extrémités inférieures tendent de même à les faire promptement mordre par les

sangsues et à faire couler de leurs morsures une plus grande quantité de sang.

Le laboureur et tous les ouvriers dont la peau est endurcie, dont la transpiration exhale une odeur forte par l'effet d'une nourriture grossière, d'un travail forcé, et qui s'exposent continuellement à toutes les intempéries de l'air, ne sont pas aussi facilement mordus et aussi long-temps sucés par les sangsues que le riche financier et la petite-maîtresse.

Les sangsues n'agissent pas également sur l'homme dans toutes les saisons, sous les climats tempérés, tels que celui de la France. Depuis le mois de mai jusqu'en août, elles mordent avec force et promptitude, elles sucent beaucoup de sang en peu de temps, et après leur chute il s'écoule plus de sang des morsures qu'en aucune autre saison. Pendant les grandes chaleurs de l'été, les sangsues paroissent aussi actives, mais souvent elles sucent moins de sang, elles tombent plus tôt, et d'ordinaire il découle moins de sang de leurs morsures: peut-être cela vientil de ce que, sur la fin de cette saison, le sang est plus disposé à se coaguler. Vers le dernier mois de l'automne, elles ne mordent pas avec autant d'activité qu'au printemps et en été, et

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