Images de page
PDF
ePub

il sort moins de sang de leurs morsures, à causė que le sang est plus prompt à se coaguler. L'hiver est de toutes les saisons celle où les sangsues mordent avec plus de lenteur; souvent elles tombent avant de s'être gorgées d'une grande quantité de sang, et le caillot ne tarde pas à se former peu de temps après leur chute : plus le froid est considérable, plus on a de la peine à les faire mordre; alors elles sucent peu de sang, et le caillot se forme quelquefois avec tant d'e promptitude, qu'il est souvent très difficile de l'empêcher de prendre une forte consistance, et de le détacher, soit en lavant continuellement les morsures, soit même en frottant la plaie avec des linges imbibés d'eau très chaude.

Après la chute des sangsues, lorsqu'il faut accélérer le cours du sang qui est trop lent, ou qui s'arrête, approchez de l'endroit mordu par les sangsues des corps chauds au point de faire gonfler les vaisseaux de la peau, de causer de la rougeur, une vive chaleur, quelquefois même un sentiment douloureux d'ardeur. Les uns appliquent de l'eau très chaude en bain, en vapeur, en douche, en fomentation, ou en lotion; ils ont soin en même temps d'enlever avec un linge imbibé d'eau très chaude le caillot, à

mesure qu'il commence à se former; mais lorsque vous enlevez le caillot avec trop de force, vous causez une douleur plus ou moins vive: les autres tiennent près des morsurés des corps très chauds, tels qu'un fer rouge, ou des bou→ gies allumées, et en même temps lavent forte ment la morsure avec un linge imbibé d'eau chaude; le caillot se forme difficilement, la chaleur, la rougeur et la douleur deviennent plus grandes.

Toutes les fois qu'on est obligé d'employer un de ces moyens pour favoriser le cours du sang après la chute des sangsues, on est certain d'augmenter l'irritation et la sensibilité de la partie mordue et de tout le système nerveux déjà accrues par l'action des sangsues. Cette augmentation de sensibilité et d'irritation se soutient avec plus ou moins de force pendant douze, vingt-quatre, trente-six et quelquefois quarante-huit heures, particulièrement chez les bilieux et les personnes très irritables. D'ordinaire ces symptômes n'acquièrent beaucoup d'intensité douze heures après la suppres que sion entière du sang.

L'évacuation sanguine étant supprimée par la nature ou par l'art, il reste communément

une douleur légère et de plus ou moins longue durée; les bords de la morsure et les environs se tuméfient sensiblement; la chaleur, la rougeur et la tension augmentent; les artères voisines de l'endroit mordu continuent de battre avec plus de force que celles des parties éloignées; au bout de quinze, vingt-quatre, quarante-huit heures au plus, la plupart de ces symptômes diminuent; la portion des téguments qui environne la morsure acquiert, comme nous l'avons déjà dit, une couleur violette semblable à celle de l'enchymose, ensuite elle prend une couleur jaunâtre qui s'efface par degrés insensibles; quelquefois la peau reste ainsi colorée en jaune douze ou quinze jours. Le lendemain de la morsure, le caillot contenu dans la plaie est plus sec et plus noirâtre; il diminue chaque jour de volume et disparoît entièrement pour faire place à une cicatrice dont la forme est triangulaire; cette cicatrice, quelques mois après la morsure de la sangsue, présente plus de blancheur que le reste des téguments, et elle se maintient ainsi pendant un grand nombre d'années.

Le jour qui suit la morsure, il s'établit aux bords de la plaie une démangeaison, assez vive

:

pour provoquer le frottement, ordinairement suivie de rougeur, chaleur, douleur, tension et tuméfaction plus ou moins considérables. Cette espèce d'inflammation se termine communément par résolution quelquefois la chaleur, la douleur, la tension, la rougeur et la tuméfaction s'accroissent jusqu'à causer un érésipele très étendu et long à se résoudre; il est extraordinaire qu'il abcède, encore plus qu'il dégénère en gangrène. Il arrive plus fréquemment que les bords et les environs de la morsure sont attaqués d'une inflammation forte et douloureuse qui se termine en peu de temps par suppuration de plus ou moins longue durée.

Les praticiens ne sont point d'accord sur la cause de ces derniers symptômes les uns les attribuent aux mauvaises qualités des sangsues; les autres à un haut degré de sensibilité et d'ir ritabilité du sujet et de la partie mordue; ceuxlà à la disposition inflammatoire tendant à la suppuration ou à la gangrène; ceux-ci aux dents que la sangsue laisse dans la plaie. On observe souvent que parmi les sangsues appliquées en grand nombre et en même temps à la cuisse ou à la jambe, il s'en trouve plusieurs dont

que

les morsures après la suppression du sang s'en+ flamment et suppurent, tandis que les morsures des autres sangsues ne sont accompagnées d'inflammations légères, promptement terminées par résolution. On observe encore que les mêmes sangsues qui ont excité une vive inflammation, étant appliquées deux mois après sur le même sujet, font des morsures dont les bords s'enflamment à peine.

Ces différentes espèces d'inflammation dépendent plus de la grande sensibilité et irritabilité, et de la disposition inflammatoire du sujet, que des mauvaises qualités des humeurs de la sangsue et de la manière dont ses dents agissent sur les nerfs et sur le vaisseau sanguin; la disposition inflammatoire subsiste quelquefois des années entières, quoique le sujet jouisse d'une bonne santé : car on voit des hommes habitués chaque année à se faire appliquer par précaution des sangsues aux cuisses, éprouver constamment à l'endroit des morsures et aux environs un érésipèle ou des tumeurs inflammatoires qui dégénèrent en abcès. Ak m.) GJ.

Les dents de la sangsue ne restent jamais dans la plaie, soit qu'on arrache la sangsue au moment où elle mord avec le plus de force,

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »