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et elles ne s'opposent point aux bons effets des remèdes propres à chasser le lait par la voie des urines et de la transpiration: les sangsues étant appliquées au bras, elles diminuent ou suspendent le cours des lochies, et en conséquence augmentent les symptômes qui caractérisent les différentes espèces de dépôt de lait: cependant lorsqu'ils attaquent les parties inférieures, telles que la cuisse ou la jambe, si vous appliquez premièrement un grand nombre de sangsues à la cuisse qui n'est pas malade, ensuite au bras, enfin à la cuisse malade, les lochies ne se suppriment pas; la tumeur devient moins douloureuse, elle présente moins de chaleur, et la nature travaille plus sûrement à la résolution.

Les premiers jours de la folie printanière par pléthore, faites mordre aux cuisses un grand nombre de sangsues; aussitôt après leur chute, faites prendre un demi-bain d'eau médiocrement chaude où le malade restera deux, trois ou quatre heures, suivant les forces, l'âge, la constitution, le tempérament du sujet, l'intensité de la maladie et le degré de pléthore; en même temps appliquez sur la tête des linges trempés dans l'eau fraîche ou l'eau à la glace, s'il

s'écoule beaucoup de sang des morsures pendant le demi-bain, les symptômes de la folie seront moins violents; le visage n'aura pas autant de couleur et les yeux autant de vivacité; les veines extérieures paroîtront plus petites, le pouls aura moins de plénitude et de force; l'inquiétude, l'agitation et le babil, ou la taciturnité, ne seront pas au même degré agissez : de même pour prévenir cette espèce de folie, dès que les symptômes avant-coureurs commencent à se montrer, tels que douleurs de tête, teint plus coloré, yeux souvent étincelants, extrême vivacité dans l'esprit, dans les manières et dans l'humeur, parfois taciturnité, mélancolie, bizarrerie, extravagance passagère, alors les sangsues, le demi-bain et l'eau froide sur la tête tranquillisent le corps et l'esprit, dissipent la douleur de tête, rendent le pouls plus souple, plus régulier et moins plein, les idées deviennent plus nettes, et le jugement se rectifie.

CHAPITRE VI.

RÉFLEXIONS SUR LA NATURE DU SANG HUMAIN TIRÉ PAR LES SANGSUES, ET SUR LEURS EFFETS COMPARÉS A CEUX DE LA SAIGNÉE AVEC LA LANCETTE, DES VENTOUSES, DES SINAPISMES, DES VESICATOIRES ET DU MOXA.

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Es praticiens qui ont réduit les effets de la saignée à l'évacuation, à la spoliation, à la dérivation et à la révulsion, auroient été plus fondés à les attribuer aux sangsues, s'ils avoient bien connu leurs effets particuliers sur le corps humain. L'évacuation du sang par les sangsues est évidente, ses effets ne sont pas moins sensibles.

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1° En enlevant par les sangsues la quantité surabondante du sang, on diminue la masse totale des fluides, les fonctions du corps et de l'esprit s'exécutent avec plus de facilité, le pouls se rapproche de l'état où il se trouve lorsque le corps jouit d'une parfaite santé.

L'évacuation du sang est-elle excessive, la

plupart des fonctions du corps et de l'esprit se font mal, le pouls est foible, petit et lent, quelquefois petit, foible et accéléré.

Dans l'une et l'autre circonstance les vaisseaux sanguins continuent toujours d'être pleins; un nombre plus ou moins grand de ces vaisseaux acquiert un plus petit diamètre ; la boisson ne remplace point sur-le-champ le sang évacué, il faut pour cela que l'art et la nature emploient beaucoup de temps, et toujours en raison de l'évacuation.

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2° La spoliation est selon quelques praticiens la perte, dans chaque évacuation de sang par les sangsues, d'une quantité plus ou moins grande de principes qui constituent essentiellement le sang; principes constitutifs que nature ne répare que lentement et avec effort, et que souvent elle ne rétablit pas : en suivant ce système, on ne confondra pas l'eau qui tient en solution les principes du sang avec l'eau principe constitutif : la première peut se renouveler promptement; mais la seconde espèce d'eau, ainsi que tous les autres principes constitutifs du sang, ne se réparent qu'avec peine et lenteur. La nature de ces principes est-elle counue? Résident-ils en plus grand nombre

dans la sérosité du sang ou dans sa partie rouge coagulée? Les principes qui sont attachés à la partie rouge sont-ils plus essentiels à la conservation de la vie que ceux que renferme la sérosité? Enlève-t-on, par l'évacuation du sang, des matières nuisibles et capables de causer ou d'entretenir une maladie? A toutes ces questions, l'analyse du sang que les chimistes ont faite jusqu'à nos jours n'a donné aucune réponse satisfaisante, et n'a servi qu'à leur démontrer l'impossibilité de décomposer et de recomposer ce fluide : ils ne connoissent point les principes essentiels du sang, et par conséquent leur proportion et la manière dont ils s'unissent pour le former.

Les principes essentiels de la partie séreuse et de la partie rouge coagulée, séparées l'une de l'autre par le repos et par l'action de l'air, sont donc des mystères pour nos chimistes, et le seront encore long-temps. Ainsi on ignore si la partie séreuse est plus difficile à réparer et plus nécessaire à la vie que la partie rouge coagulée; on sait seulement que les substances nutritives réparent l'une et l'autre avec d'autant plus de promptitude qu'elles sont bien digérées, et que les efforts de la nature tendants à les chan

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