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minue de volume. Dans l'érysipèle essentiel de la tête, les sangsues étant mises en grand nombre sur la cuisse, la rougeur, le gonflement, la chaleur et la douleur de la tumeur diminuent; en même temps l'endroit où les sangsues mordent et sucent s'enflamme, et la dérivation du sang s'exécute.

Les médecins-mécaniciens, partisans de la dérivation et de la révulsion, quelque peine qu'ils se soient donnée pour démontrer que la révulsion est soumise aux lois de l'hydraulique, ont été forcés d'avouer que, sans les efforts de la nature, elle seroit nulle; bien plus, la nature seule détermine la révulsion et l'expulsion de l'humeur morbifique pour la faire porter dans, l'endroit mordu, sucé et irrité par les sangsues.

Comparez les effets de la saignée par les sangsues avec ceux de la saignée par la lancette, vous vous mettrez à même de juger en quoi elles diffèrent, et dans quelles circonstances la première espèce de saignée l'emporte sur la seconde.

Les sangsues établissent une évacuation sanguine dont on ne peut diriger et fixer à volonté la quantité; en ouvrant avec la lancette une grande ou une petite veine, on en tire au con

traire à volonté la quantité de sang qu'on croit nécessaire.

Dans les maladies où il faut évacuer sur-lechamp une grande quantité de sang, les sangsues ne peuvent ordinairement produire cet effet; la lancette seule a cet avantage.

Le sang qui sort des morsures des sangsues s'échappe lentement; cette évacuation n'abat pas d'une manière bien sensible les forces vitales et musculaires, à moins qu'elle ne soit excessive: au contraire, la saignée par la lancette procure en peu de temps une évacuation de sang abondante, et diminue toujours sensiblement les forces, souvent jusqu'à produire des défaillances; lorsqu'elle est trop copieuse, elle cause un relâchement considérable dans les solides, altère les humeurs récrémentielles, dérange le travail de la nature, nuit à la crise, et quelquefois donne lieu à l'hydropisie.

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Il s'opère toujours une dérivation dans les vaisseaux que la sangsue a mordus, et dans les vaisseaux sanguins proches de la morsure : dans la saignée du bras par la lancette, les effets de la dérivation ne sont point sensibles; la ligature faite au bras avant et après la saignée paroît évidemment s'opposer à la dérivation;

seulement dans la saignée du pied, l'eau chaude où l'on fait tremper la jambe favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, et y fait affluer, avant et après la saignée, une plus grande quantité de sang: aussi est-elle quelquefois ac compagnée des mêmes effets que la saignée aux cuisses par les sangsues.

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La révulsion faite par les sangsues s'opére dans les vaisseaux ordinairement les plus éloignés des morsures : l'application des sangsues la cuisse ou proche de l'anus, pour l'ophtalmie, pour l'angine-inflammatoire, pour l'inflammation des poumons par suppression du flux hémorroïdal, du flux menstruel, ou des lochies, produit quelquefois une révulsion avantageuse du sang et de l'humeur morbifique.

Jamais la morsure et la succion des sangsues n'engagent la nature à déplacer le sang ou la matière morbifique déposés à l'extérieur, pour les transporter et les fixer dans l'intérieur.; la saignée laite au bras par la lancette procure souvent ce déplacement.

Lorsqu'il faut arrêter une hémorragie utér rine, la saignée faite au bras par la lancette provoque quelquefois la nature à resserrer les vaisseaux sanguins, à diminuer la quantité et la vé

locité du sang, et à suspendre par cette constriction l'hémorragie: il en est de même de la saignée du pied pour supprimer le saignement de nez; elle détermine quelquefois la nature à diminuer le diamètre des vaisseaux du nez jusqu'à faire cesser l'hémorragie; alors le visage pâlit, les artères carotides et temporales battent avec moins de force, proportion gardée, que l'artère crurale. Les morsures des sangsues peuvent produire les mêmes effets que la saignée avec la lancette.

La saignée au bras avec la lancette est souvent cause, dans la goutte, dans le rhumatisme et autres espèces de maladie dont le foyer est extérieur, que l'humeur morbifique se répercute à l'intérieur ; tandis que les sangsues tendent toujours à rappeler l'humeur morbifique de l'intérieur à l'extérieur.

Lorsqu'il se présente, dans les maladies convulsives, une circonstance où la saignée est indispensable, si le sujet a une répugnance invincible pour les sangsues, si la durée et la

douleur de leurs morsures et de leur succion peuvent accroître la convulsion, s'il faut surle-champ évacuer une certaine quantité de

sang, il importe de préférer aux sangsues la saignée avec la lancette, quoiqu'elle affoiblisse beaucoup, et que cinq ou six heures après il sur vienne quelquefois une irritation d'aussi longue durée que celle qui est causée

sangsues.

par les Malgré plusieurs autres circonstances où la saignée avec la lancette l'emporte sur les sangsues, leurs morsures en général n'entraînent jamais autant d'inconvénients que la lancette, principalement si elle est dirigée par une main maladroite ou ignorante. Combien de fois n'arrive-t-il pas de piquer un nerf, un tendon, une aponevrose, d'ouvrir une artère, et de causer de vives douleurs sans tirer du sang | Souvent le chirurgien le plus adroit et le plus expert est dans l'impossibilité de pratiquer la saignée, les veines étant trop petites, profondes, ou situées de manière qu'en voulant les percer il s'exposeroit à léser un nerf, un tendon, une artère; plus les personnes sont replètes, plus il trouve d'obstacles, et s'il ne cause aucune blessure dangereuse, ordinairement il ne tire point ou très peu de sang.

Les effets de la ventouse scarifiée approchent beaucoup plus des effets de la sangsue que ceux de la saignée par la lancette; cependant les

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