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effets de la ventouse et ceux de la sangsue diffèrent entre eux.

1° La douleur produite par les scarifications faites avant l'application de la ventouse n'est pas de si longue durée que la douleur par les morsures des sangsues;

2o La tuméfaction des téguments est plus considérable et plus douloureuse pendant l'action de la ventouse que durant la succion de la

sangsue;

3o Tant que la ventouse agit, la ventouse agit, le sang sort ordinairement en plus grande abondance des plaies que des morsures pendant la succion des sangsues; mais aussitôt que la ventouse est enlevée, le sang coule ordinairement en plus petite quantité des plaies que des morsures des sangsues après leur chute; à moins que les lancettes à scarification n'aient entamé des veines considérables;

que

4° Dès la ventouse est séparée des téguments, la portion ventousée perd de sa chaleur, de sa rougeur, et principalement de son gonflement; au contraire, après la chute des sangsues, la tuméfaction, la chaleur et la rougeur des bords des morsures et des environs. s'accroissent;

50 Pendant action de la ventouse', 'ses bords compriment avec force la partie des téguments à laquelle la ventouse adhère, au lieu que les sangsues, en mordant ou en suçant, n'exercent sur les téguments aucune espèce de compression par leur queue, et n'empêchent point le sang de se porter en grande quantité et avec vélocité dans les vaisseaux qui avoisinent les

morsures;

6o L'irritation causée par les sangsues se soutient beaucoup plus long-temps après leur chute que l'irritation produite par les scarifications et la ventouse;

7° La quantité de sang tiré par les ventouses peut être fixée : la quantité de sang tiré par les sangsues n'est pas toujours soumise à la volonté du praticien; souvent ces insectes sucent peu de sang; et après leur chute, il ne sort des morsures qu'une petite quantité de sang, lorsqu'il en faudroit une évacuation abondante.

et

Pour mieux juger des effets de la sangsue des ventouses, réunissez, aux différences qu'elles. offrent les observations suivantes :

On peut à volonté scarifier les vaisseaux sanguins propres à fournir plus ou moins de sang, et en faire cesser l'écoulement en ôtant la ven

touse; tandis que les sangsues ne mordent pas toujours où l'on veut; elles ne font pas communément sortir la quantité de sang qu'on désire; on a souvent plus de peine à arrêter le sang qui s'écoule des morsures que celui qui sort des scarifications.

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Dans les maladies où il faut établir sur-lechamp une évacuation sanguine avec forte dérivation et prompte révulsion, les ventouses scarifiées souvent l'emportent sur les sangsues: par exemple, le premier jour des affections soporeuses essentielles, ou par fièvre inflammatoire, ou par humeur morbifique, telle que l'humeur goutteuse, dartreuse, galeuse, rhumatismale, teigneuse, etc., les ventouses scarifiées mises aux cuisses opèrent plus rapidement et avec plus de succès que les sangsues en semblables circonstances, les ventouses appliquées sur les parties extérieures affectées les dernières de goutte, de rhumatisme, de dartre, d'abcès, d'ulcère, d'inflammation, etc., agissent quelquefois avec plus d'efficacité que les sangsues pour rappeler promptement à l'extérieur la matière morbifique, et pour dégager le viscère affecté. D'ailleurs on peut enflammer plus ou moins la partie où l'on se propose d'appliquer

la ventouse, en laissant brûler plus ou moins de temps des étoupes sur les téguments avant l'application de la ventouse en conséquence, on est maître d'établir une forte dérivation, lorsque le cas l'exige; au lieu qu'avec les sangsues on ne peut pas ainsi diriger les degrés d'irritation, d'inflammation et d'évacuation sanguine.

Les ventouses scarifiées, pendant tout le temps de leur action, raniment davantage les forces vitales et musculaires que les sangsues; mais après la morsure et la succion des sangles forces vitales et musculaires se soutiennent plus long-temps au degré qu'elles viennent d'acquérir qu'après l'éloignement des

sues,

ventouses.

L'usage des ventouses scarifiées est aussi négligé en France que celui des sangsues l'étoit il y a quarante ans. Mais l'expérience et l'observation forceront certainement avant peu de temps les praticiens à employer plus souvent les ventouses. C'est aux médecins de Lyon à donner l'exemple, puisqu'ils ont si bien réussi de mon temps à engager tous les médecins français à faire usage des sangsues dans la plupart des ma ladies où la saignée avec la lancette étoit si usitée et si répétée.

Les sangsues ressemblent encore, par quelques uns de leurs effets sur l'homme sain et sur l'homme malade, au sinapisme, au vésicatoire

et au moxa..

Les semences de moutarde, pulvérisées et délayées avec eau quantité suffisante pour un cataplasme, étant appliquées sur une portion des téguments, y produisent en très peu de temps 'une douleur cuisante, aiguë et brûlante, une rougeur érysipélateuse, une grande chaleur, un gonflement et une tension considérables. Lorsque l'application du sinapisme est de longue durée, l'inflammation est très forte, et souvent accompagnée de vessies remplies de sérosité: ces vessies se changent en ulcères superficiels dont la durée est proportionnée à l'action de la moutarde: pendant l'action de la moutarde les forces vitales et musculaires sont Tanimées et le pouls est accéléré. Les sangsues, de quelque manière qu'elles agissent, ne causent jamais autant d'inflammation, et ne réveillent jamais avec la même activité les forces vitales et musculaires, à moins que les morsures et les environs ne s'enflamment beaucouple second, le troisième et le quatrième jour, et qu'ensuite les morsures enflammées ne

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