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l'extérieur, et déterger ainsi et cicatriser l'ulcère interne; 4o les maladies de foiblesse dépendant de l'affection du cerveau, de la moelle épinière ou des nerfs, par un principe anciennement mobile, dont la présence sur le cerveau tend à détruire la sensibilité et le mouvement d'une ou de plusieurs parties du corps; 5o les maladies chroniques, dont le principe inconnu attaque spécialement les os, telles que le rachitis. Ils appliquent le moxa sur la partie qui répond au siège de la maladie, ou aux environs; ils prétendent par-là qu'ils forcent la nature à faire une plus prompte révulsion et une plus forte dériva; tion de la matière morbifique vers la partie brûlée, que le feu détruit une partie de cette matière, et que la suppuration en entraîne le reste. L'expérience et l'observation nous apprennent qu'il est extraordinaire de voir le moxa opérer la guérison d'une de ces maladies, et qu'étant mis en usage dans semblable espèce d'affection morbifique où il paroît avoir réussi, il l'augmente, quelquefois même il contribue à la rendre incurable; jamais les sangsues ne produisent de pareils effets lorsque même on emploie ces insectes dans les maladies où leurs bons effets sont douteux.

CHAPITRE VII.

INCONVENIENTS DES SANGSUES.

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Les inconvénients des sangsues sont nombreux. 1o La sangsue ne mord pas toujours à la volonté du praticien le vaisseau sanguin qu'on lui présente. Si on l'approche trop près d'une veine considérable, telle que la veine jugulaire externe, la veine crurale externe, souvent elle les préfère à une petite veine; alors il survient une hémorragie très difficile à supprimer; et les moyens qu'on est obligé d'employer pour la suppression de l'hémorragie nuisent encore aux bons effets de la morsure de la sangsue.

2o La sangsue mord quelquefois une artériole où l'on ne pouvoit soupçonner qu'il en existât; le sang qui sort de la morsure ne s'arrête pas communément sans le secours de l'art, et avant qu'on ait suspendu le cours du sang, il s'en écoule souvent plus que la maladie ne l'exige :

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d'ailleurs les effets salutaires de la sangsue sont toujours contrariés par les forts astringents et la grande compression mis en usage pour arrêter le sang.

3o La sangsue refuse fréquemment de mordre, non seulement le vaisseau sanguin contre lequel on l'applique, mais encore les vaisseaux sanguins du voisinage; cela dépend autant de la sangsue que des téguments de l'homme; car il y a souvent des sangsues affoiblies ou malades par quelque cause que ce soit, ou trop gorgées de sang, qui ne peuvent ou ne veulent pas s'attacher aux vaisseaux sanguins de l'homme malade ou bien portant. Souvent encore il se rencontre des sangsues qui mordent avec avidité les vaisseaux sanguins de tel homme sain ou de tel malade, tandis que les mêmes sangsues refusent de mordre les vaisseaux sanguins d'une autre personne bien portante ou malade: cette volonté de la sangsue pour mordre ou pour refuser de mordre a vraisemblablement pour cause la différence du tissu des téguments de l'homme, et sur-tout celle des qualités de la transpiration insensible; aussi le refus que la sangsue fait de mordre est-il souvent cause qu'il faut avoir recours à la ventouse sca

rifiée pour obtenir des effets approchants de ceux de la sangsue.

4° La sangsue, au lieu de ne mordre qu'un vaisseau sanguin, quelquefois en mord plusieurs, ce qui multiplie la douleur pour lors

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la sangsue suce d'ordinaire peu de sang; elle ne tarde pas à se détacher; il se forme presque aussitôt un caillot dans les morsures; et quelque effort qu'on fasse pour rendre l'évacuation sanguine abondante, il ne sort communément qu'une très petite quantité de sang. On n'obtient donc dans ce cas qu'une saignée fort imparfaite, et avec plus d'irritation.

5° Les sangsues, quoique promptes à mordre et à sucer beaucoup de sang, laissent souvent après leur chute des plaies dont le sang ne s'écoule pas toujours abondamment; quelquefois même il n'en sort pas, à cause qu'il se coagule dans la plaie à l'instant où la sangsue est tombée, ou parceque la morsure a produit dans les bords de la plaie et les environs tant d'irritabilité, de constriction et de gonflement, que l'ouverture du vaisseau se trouve fermée peu de temps après la chute de la sangsue. Dans ces circonstances il arrive ordinairement que, malgré tous les efforts de l'art, on ne peut en

lever le caillot et faire couler le sang, ou dissiper l'irritabilité, la constriction et le gonflement de la plaie. Le praticien est donc par-là déchu de l'espérance qu'il avoit de faire couler des morsures des sangsues la quantité de sang que l'espèce de maladie demandoit.

6° Après la chute des sangsues il sort souvent de leurs morsures plus de sang que l'espèce de maladie ne l'exige, accident plus ordinaire chez les enfans et les jeunes gens que chez les adultes; ou le sang, au sortir de la veine, ne forme point de caillot; ou les moyens employés pour suspendre le sang peu disposé à se coaguler sont insuffisants; ou on les applique trop tard, ou bien ils agissent avec trop de lenteur; ou le sang s'écoule sans qu'on s'en aperçoive, après avoir appliqué les astringents et les bandages nécessaires.

S'est-il écoulé une quantité de sang beaucoup plus grande que la maladie ne le comporte, les forces vitales et musculaires sont considérablement affoiblies, la sensibilité et l'irritation augmentent, la nature se trouve souvent dans l'impossibilité d'opérer une crise heureuse, et l'art difficilement parvient à réparer tout le mal fait par de telles hémorragies; quelquefois

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