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même la mort en est la triste suite. Combien d'exemples n'avons - nous pas de la morsure de la veine jugulaire, suivie des accidents les plus funestes à cause de la difficulté d'arrêter le sang.

7° Les bandages compressifs et les topiques astringents mis en usage pour supprimer le sang qui s'écoule en trop grande abondance de la morsure des sangsues nuisent souvent à leurs bons effets. Plus le bandage comprime et l'astringent agit avec force, plus le cours du sang se trouve gêné dans le vaisseau ouvert et dans les vaisseaux voisins, soit artériels, soit veineux; les muscles et les nerfs compris dans le bandage, étant trop serrés, font mal leurs fonctions: la dérivation et la révulsion sont imparfaites. Par exemple, le bandage employé pour arrêter l'hémorragie de la veine jugulaire externe rend toujours la circulation du sang dans le cerveau difficile, et nuit en conséquence aux effets avantageux qu'on est en droit d'attendre des sangsues qui auroient mordu de petites veines voisines de la veine jugulaire, sur-tout lorsque la plus légère compression suffit pour arrêter le sang qui vient de ces veines. 8° La quantité de sang sucé par les sangsues,

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sang

ne sauroit être

Pour connoître la quantité de sang sucé par les sangsues, il faudroit les avoir pesées avant la morsure du vaisseau sanguin, et les peser après la succion du sang. Quant au sang qui sort des morsures, il est très difficile de le recevoir dans des vases; d'ailleurs, il se perd beaucoup de dans les linges, les compresses et les bandages : il arrive encore très souvent qu'après avoir appliqué les bandages nécessaires pour arrêter le sang, il s'en évacue une grande quantité sans que le malade ni les assistants s'en aperçoivent; ce n'est que lorsqu'il se sent comme inondé de sang et prêt à tomber en défaillance qu'il demande du secours. Com→ bien de temps et de moyens ne faut-il pas mettre en usage pour remédier aux mauvais effets de cette hémorragie!

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9° Le malade est obligé de garder le repos

au moins pendant vingt-quatre heures après la suppression du sang qui s'écoule des morsures des sangsues, sur-tout si elles ont été appliquées aux hémorroïdes, aux cuisses, aux jambes et aux pieds; autrement il s'expose, 1° à déranger le bandage et à faire renaître l'hé

morragie; 2° à faire mouvoir le sang avec trop de force dans le vaisseau mordu; 3° à rendre les bords de la plaie et les environs douloureux, à les enflammer et à y faire naître une suppuration quelquefois de longue durée. Les ventouses scarifiées, la saignée avec la lancette ne présentent pas ces inconvénients.

10° Après la suppression du sang venant des morsures par les sangsues, les bords de la plaie et les environs souvent s'enflamment; alors, ou l'inflammation se borne aux bords de chaque morsure et se détermine au bout de quelques jours par résolution; ou elle est accompagnée de démangeaison, de douleur, de chaleur, de rougeur très vives, de gonflement et de dureté considérables, symptômes bientôt suivis de suppuration ordinairement de la durée de sept, neuf, douze ou quatorze jours; ou bien l'inflammation s'étend sur les parties environnantes et prend la forme d'un érysipele avec vive douleur, chaleur forte, dureté et grande rougeur ; rarement cet érysipele se termine par suppuration, plus rarement par gangrène, d'ordinaire par résolution. Ces accidents imprévus dérangent quelquefois les efforts de la nature, et, durent, en certaines circonstances, plus de

temps que la maladie; mais quelquefois ils contribuent à en accélérer la guérison.

11o Dans toutes les espèces de maladies où il faut tirer promptement et en grande abondance une quantité de sang déterminée, les sangsues ne peuvent pas être employées, parcequ'il se passeroit trop de temps pour la morsure, la succion et l'évacuation du sang après leur chute; d'ailleurs on n'est jamais certain d'obtenir une abondante évacuation de sang, ni de pouvoir déterminer à volonté, et d'une manière fixe, la quantité de sang à évacuer. Ainsi les premières heures ou le premier jour de plusieurs espèces de maladies inflammatoires', de fièvres éruptives inflammatoires, de maladies soporeuses, de blessures avec forte commotion et grande contusion, de suppression subite d'évacuation sanguine habituelle, suivie de symptômes très graves, etc., les sangsues feroient perdre un temps précieux, et la nature seroit opprimée par la surabondance du sang et par les obstacles à sa circulation, avant de pouvoir triompher.

12° La douleur que la morsure et la succion de la sangsue font éprouver est quelquefois si grande,qu'on est forcé de faire tomber la sangsue,

crainte de voir naître des défaillances ou des mouvements convulsifs, ce qui arrive souvent quand on s'opiniâtre à ne pas la détacher. Après la chute de la sangsue il s'écoule ordinairement très peu de sang, et après la suppression du sang la sensibilité et l'irritation parviennent à un très haut degré : cette douleur laisse encore dans l'esprit du malade une horreur pour les sangsues telle qu'il en refuse l'application dans d'autres maladies où elle est indiquée; et lorsqu'on veut l'effectuer par la force, il survient des accidents qui font regretter de n'avoir pas préféré la saignée avec la lancette ou les ventouses scarifiées.

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13° Les sangsues augmentent beaucoup la sensibilité et l'irritation générales: principalement chez les sujets d'un tempérament bilieux, ou bilieux sanguin, ou mélancolique, d'une constitution très irritable, soit robuste, soit délicate: cet accroissement de sensibilité et d'irritation s'observe d'ordinaire six, huit, dix heures après l'application des sangsues; il dure souvent vingt-quatre, trente-six heures, quelquefois plus alors le pouls est concentré,

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pe

tit, les forces musculaires beaucoup moins diminuées qu'après la saignée avec la lancette.

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