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aux personnes d'un tempérament pituiteux, d'une constitution lâche, habitant un pays marécageux médiocrement chaud, accablées sous le poids du travail, et prenant des aliments incapables de réparer leurs forces. Seulement lorsque le cerveau ou un viscère essentiel à la vie est attaqué par le principe de la fièvre intermittente, les sangsues mises aux cuisses peuvent être avantageuses; encore faut-il avoir attention, après la chute des sangsues, de ne pas laisser couler le sang des morsures: ainsi l'on peut appliquer un très grand nombre de sangsues, sans évacuer beaucoup de sang.

Les sangsues ordinairement ne produisent pas de bons effets dans les fièvres intermittentes printanières bénignes, quoiqu'au printemps le sang paroisse être plus abondant, circuler avec plus de rapidité et se porter davantage au cerveau: cependant, pour peu que vous redoutiez une affection du cerveau ou de la poitrine par trop de sang ou par difficile circulation, n'hésitez pas le premier jour d'intermittence à faire mordre aux cuisses des sangsues.

Les fièvres intermittentes automnales, qui présentent communément plus de disposition à l'inflammation ou à l'engorgement du cerveau,

du foie, de la rate, de l'estomac ou des poumons', exigent souvent l'application des sangsues; ne vous en laissez pas imposer par l'abattement excessif des forces musculaires, si fréquent dès les premiers jours des fièvres intermittentes pernicieuses; les sangsues n'affoiblissent pas le malade; pour l'ordinaire à mesure que le 'sang sort, le pouls, de petit et concentré qu'il étoit, se développe, les forces musculaires. se réveillent, la sensibilité s'accroît, et le quinquina domte la fièvre plus promptement et plus sûrement. Néanmoins, si l'évacuation du sang étoit trop abondante, la fièvre seroit plus difficile à combattre, les forces se répareroient difficilement, il faudroit administrer une plus forte dose de quinquina, et la fièvre auroit plus de disposition à reparoître ou à se terminer par hydropisie l'excès, contraire offre moins de danger, et il laisse plus de facilité pour la gué rison; j'ai encore observé que les saignées trop

copieuses par les sangsues ainsi que par la lan

cette font beaucoup plus de mal dans les fièvres intermittentes pernicieuses automnales, quedans les fièvres intermittentes pernicieuses printanières, et que dans les fièvres quartes elles sont plus nuisibles que dans les fièvres tierces ou double tierces.

10° Les fièvres éruptives exigent dès les premiers jours l'application des sangsues, particulièrement lorsqu'on a observé dès leur invasion, 1° les symptômes qui annoncent une forte inflammation; 2° le délire ou l'assoupissement; 3° une grande difficulté de respirer; 4° une prostration considérable des forces, avec pouls petit, dur et concentré; enfin lorsque le sujet est sanguin, jeune ou adulte, robuste et naturellement disposé à l'inflammation.

11° Les premiers jours de la petite vérole la douleur de tête est-elle vive, l'anxiété grande, le vomissement considérable; les forces muscuculaires sont-elles anéanties, et le sujet se trouve-t-il sanguin et robuste; n'hésitez pas à appliquer des sangsues à la cuisse, et ne laissez couler après leur chute qu'une médiocre quantité de sang; une hémorragie trop abondante dérangeroit les efforts de la nature au point de retarder l'entière éruption, de faire prendre aux boutons varioliques un mauvais caractère, et d'établir une suppuration intérieure toujours accompagnée d'un danger imminent. Les vésicatoires au gras de jambe, si utiles dès les premiers instants de la petite vérole discrète pernicieuse, et de la petite vérole confluente nicieuse, sont ordinairement incapables, après

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une grande hémorragie, de favoriser les efforts de la nature.

A-t-on négligé l'application des sangsues les premiers jours de la petite vérole pernicieuse ; cette maladie attaque-t-elle un jeune homme ou un adulte sanguin; y a-t-il délire violent, ou forte oppression, ou assoupissement; les sangsues aux cuisses sont indiquées, en même temps que les sinapismes et les vésicatoires aux jambes.

Les symptômes qui précèdent l'éruption de la petite vérole se montrent-ils avec violence, affectent-ils un enfant, un jeune homme, ou un adulté qui ne soit pas sanguin; dans l'incertitude où l'on est si la petite vérole sera pernicieuse ou bénigne, discrète ou confluente, contentez-vous d'appliquer sur l'un et l'autre bras un emplâtre vésicatoire; agissez comme j'ai toujours fait au moment où j'inocule le virus variolique (appliquez au-dessous des piqûres faites à chaque bras un emplâtre vésicatoire); attendez ensuite l'éruption : si la petite vérole est discrète, ne prescrivez point les sangsues. Mais avez-vous reconnu dès les premiers jours de l'éruption que la petite vérole est confluente, et que l'inflammation doit être forte, parceque

le pouls est très accéléré, que la respiration est difficile, que la chaleur et la rougeur sont vives, et que le sujet robuste et sanguin se trouve inquiet et agité; faites mordre quelques sangsues aux cuisses, ensuite appliquez le vésicatoire au gras de la jambe ; la dérivation et la révulsion du sang et de l'humeur variolique n'en seront que plus assurées dans ce cas tenez-vous en garde contre l'action des mouches cantharides sur la vessie et sur le genre nerveux. Le sujet est-il délicat, très irritable, et non sanguin; les sangsues appliquées avant ou après l'éruption produisent rarement de bons effets, quel que soit son âge : les ventouses scarifiées sont alors préférables; il faut agir de même lorsque des symptômes à peu près semblables se présentent chez les jeunes gens vaccinés.

12° La rougeole présente les mêmes indications pour l'usage des sangsues, particulièrement lorsqu'elle est épidémique et d'un mauvais caractère; qu'elle arrive au printemps ou pendant l'été; que le sujet est sanguin, jeune, robuste; que la respiration s'opère difficilement et que les poumons sont menacés d'inflammation: en pareilles circonstances, la veille de l'éruption, ou le jour même de l'éruption,

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