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mordre aux tempes, aux paupières, au cou, à la nuque, principalement dans les ophtalmies, violentes et opiniâtres : ont-ils seulement comparé les effets de cette application à ceux qui résultent des, morsures des sangsues aux cuisses? Non, certes! ils ne se sont jamais écartés de la route tracée leurs devanciers; quelques succès par éphémères leur font bientôt oublier les maux qu'ils causent journellement par l'application inconsidérée des sangsues aux paupières, aux tempes et au cou, et même à la veine jugulaire externe. Plusieurs ont poussé l'extravagance jusqu'à proposer de les faire mordre au globe de l'œil; mais je crois qu'aucun d'eux ne l'a exécuté sans faire repentir le patient de leur avoir donné sa confiancé.

L'ophtalmie teigneuse est peut-être la seule espèce d'ophthalmie où les sangsues appliquées à la nuque, sur le cuir chevelu, entre les épaules, aux bras, sont quelquefois utiles. L'ophtalmie scrofuleuse, l'ophtalmie dartreuse en sont très rarement soulagées : préférez toujours de faire mordre les sangsues aux cuisses avant que d'appliquer sur l'un et l'autre bras un emplâtre vésicatoire.

3° Toutes les espèces d'inflammations d'oreilles

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internes, connues de notre temps, obligent le praticien de mettre les sangsues aux cuisses les premiers jours de la maladie; tandis qu'appliquées à la tête ou au cou, les sangsues rendent ordinairement la douleur et la chaleur plus vives; si le cerveau est disposé à s'enflammer par communication, elles augme ntent alors cettedisposition, ou elles font naître l'inflammation; et si l'inflammation de l'oreille interne est prête à se terminer par suppuration, terminaison très fréquente, elles accélèrent le temps de la suppuration, sans diminuer les vives douleurs et le danger.. L'abcès vient-il à s'ouvrir, le pus sort communément en abondance et de mauvaise qualité, et l'ulcère est plus long à se déterger : cette espèce d'inflammation indique, dès le premier jour, un très grand nombre de sangsues à la cuisse; réitérez leur application le même jour et le lendemain, jusqu'à ce que le pouls devienne petit et foible, et la douleur beaucoup moins vive. Lorsque l'inflammation dépend d'un virus teigneux, n'appliquez sur l'un et l'autre bras un emplâtre vésicatoire qu'après les premières. morsures des sangsues aux cuisses.

4° L'inflammation de la gorge, quelle qu'en

soit l'espèce, exige l'application des sangsues aux cuisses, et non au cou; si les empiriques emploient journellement cette dernière méthode, c'est qu'ils agissent toujours en aveugles, et ne veulent point reconnoître leurs fautes. Il faut donc leur répéter que les sangsues au cou calment très rarement, et souvent accroissent l'inflammation; qu'au contraire les sangsues aux cuisses la diminuent toujours, éloignent le danger, favorisent la résolution, et lorsque l'inflammation se termine par suppuration (ce qu'on observe fréquemment) elle rend celle-ci beaucoup moins désavantageuse, et l'abcès s'ouvre sans exposer le malade à des accidents graves. Appliquez les sangsues le premier jour en plus grand nombre que le second et le troisième jour; en même temps couvrez les jambes et les pieds d'un cataplasme de riz où l'on aura délayé plus ou moins de moutarde en poudre; ne préférez pas de le mettre autour du cou, parcequ'il aura quelquefois produit de bons effets. L'inflammation de la gorge est-elle légère, contentez-vous d'employer seulement, le second jour, les sangsues aux cuisses, et le cataplasme de riz et de moutarde autour des pieds,

5. L'inflammation des gencives par dentition difficile passe pour cesser d'être dangereuse en appliquant des sangsues à la nuque ou derrière les oreilles. J'ai constamment observé de meilleurs effets des morsures des sangsues aux cuis

des cataplasmes de riz et de moutarde autour des pieds et des jambes, des demi-bains et des lavements.

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6° L'inflammation de la trachée-artère présente un péril si éminent le troisième, quatrième, cinquième et sixième jour, qu'il ne faut pas perdre un seul instant le premier jour pour saigner au bras, ensuite au pied par la lancette, et tirer une grande quantité de sang; cependant il vaut mieux réitérer souvent les saignées dans les premières vingt-quatre heures, que d'évacuer trop de sang à la fois le second et le troisième jour, mettez un grand nombre de sangsues aux cuisses, et laissez couler des morsures assez de sang pour abattre les forces, sans réduire la nature à l'impossibilité de résoudre l'inflammation. Agissez pour l'inflammation catarrheuse de la trachée - artère, et pour l'inflammation de la même partie par fièvre scarlatine, comme pour l'inflammation essentielle de la trachée-artère; seulement, dans

l'inflammation catarrheuse - trachéale, il faut tirer beaucoup moins de sang par la lancette, et davantage par les sangsues aux cuisses. N'imitez point ceux qui recommandent l'application des sangsues sur la trachée-artère et les environs le premier jour : en vain ils répètent plusieurs fois cette saignée le second et le troisième jour, ils n'obtiennent jamais un soulage, ment aussi sensible que par l'application des sangsues aux cuisses; car d'ordinaire le malade meurt le cinq ou le sept, ou le huit, ou bien l'inflammation se termine par suppuration, communément mortelle. L'espèce d'inflammation de la trachée-artère, nommée croup lorsqu'elle attaque les enfants, mise dans la classe des inflammations par plusieurs auteurs, exige dès le début l'application d'un grand nombre de sangsues aux cuisses, et selon quelques uns la décoction de la racine du poligale du Sénégal en boisson et en lavement.

7° La plupart des espèces d'inflammation de poitrine indiquent, les trois premiers jours, la saignée au bras avec la lancette : il est vrai qu'il faut tirer plus ou moins de sang, suivant l'espèce d'inflammation de poitrine, son degré d'intensité, l'âge, le tempérament, la constitu

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