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a cessé de couler des morsures, appliquez sur la même partie ou aux environs un emplâtre vésicatoire.

Les sangsues mises sur la dartre même passent, suivant quelques auteurs, pour la dissiper, ou diminuer son humeur âcre; mais l'expérience prouve qu'elles ne servent qu'à accroître la dartre.

21° Le scorbut n'indique point la saignée au bras avec les sangsues ou avec la lancette, lorsqu'il n'existe ni pléthore ni vive inflammation. Si ces symptômes surviennent, ne tirez du bras qu'une médiocre quantité de sang, crainte de trop abattre les forces vitales et musculaires.

22° Le charbon, par contact immédiat d'un bœuf ou d'un cochon attaqué du charbon, exige, le premier jour, la saignée au bras plutôt avec la lancette qu'avec les sangsues; l'abattement des forces musculaires et la petitesse du pouls ne doivent pas en imposer au praticien et l'empêcher d'appliquer, le second jour des sangsues sur la partie du corps la plus éloignée de la tumeur, à la cuisse, si le charbon affecte la tête ou les extrémités supérieures ; aux bras, lorsqu'il a son siège aux extrémi

tés inférieures. Aussitôt après la première saignée, employez intérieurement et extérieurement le quinquina à très haute dose, et, dès le second ou le troisième jour, extirpez la tumeur avec l'instrument tranchant.

Nous ne parlerons pas de la fièvre pestilentielle charbonneuse, heureusement inconnue à ce moment en Europe; mais si des médecins étoient forcés de voyager dans les pays où elle règne, nous leur conseillerions de tenter la méthode ci-dessus.

Maladies douloureuses.

Les sangsues sont, de nos jours, employées dans toutes les espèces de maladies douloureuses qu'on soupçonne produites par la surabondance ou par l'impétuosité du sang, ou par une humeur âcre, susceptible d'être déplacée.

Pour diminuer la surabondance et l'impétuosité du sang vers l'endroit douloureux, les uns appliquent les sangsues sur cet endroit même ou aux environs; les autres les font mordre aux parties du corps les plus éloignées du siège de la douleur, par exemple, dans les douleurs de tête, des bras, de la poitrine, aux extrémi

tés inférieures; dans les douleurs des extrémités inférieures, des parties génitales, du ventre, aux bras. Les premiers rendent la douleur ordinairement plus forte, sur-tout si elle est extérieure, parceque les sangsues, en y établissant une inflammation, quelque légère qu'elle soit, y déterminent une plus grande affluence de sang que dans les extrémités du corps opposées à l'endroit douloureux. Quelquefois les douleurs internes de la tête, de la poitrine ou du ventre sont calmées pour un certain temps à la suite de l'application des sangsues sur la portion des téguments qui répond à la partie douloureuse interne il est vraisemblable qu'on doit ce calme momentané à l'espèce d'inflammation et à l'irritation extérieures produites par les sangsues; mais dès que cet état est dissipé, attendez-vous à voir renaître la douleur intérieure, à cause du transport rapide du sang dans la partie douloureuse interne, et par l'effet même de l'inflammation et de l'irritation extérieures qui obligent la nature à faire circuler avec force le sang dans les grands vaisseaux de l'intérieur et proche des morsures, afin de résoudre leur inflammation; tandis que les sangsues étant appliquées sur les extrémités inférieures, lors

que la tête est douloureuse, la quantité du sang et sa vélocité deviennent plus considérables dans les artères crurales que dans les artères carotidés, et cette dérivation se soutient longtemps avec un calme sensible des symptômes. L'expérience journalière confirme cette théorie.

Néanmoins avez-vous appliqué sans succès les sangsues aux cuisses dans les douleurs intérieures de la tête, des bras et de la poitrine, et les sangsues aux bras dans les douleurs intérieures du ventre; tentez alors de les fairé mordre à la portion des téguments correspondante à la douleur interne, avec la précaution d'arrêter le sang après la chute des sangsues, si les saignées précédentes ont été copieuses, et si le malade s'en trouve affoibli.

Toutes les fois qu'une humeur âcre s'est fixée dans une partie du corps et y produit de la douleur, avec crainte d'une vive inflammation ou d'autres accidents graves, on doit s'efforcer de combattre la douleur avec les remèdes qui sont reconnus les plus avantageux pour la détourner et la dissiper, tels que les sangsues, les frictions, les rubéfiants, les vésicatoires, les sétons, les cautères, les ventouses, le moxa, le cautère actuel, les incisions et les topiques répercus

sifs..... Lorsqu'on emploie les sangsues dans le dessein de détourner et évacuer l'humeur' âcre, faut-il les appliquer sur l'endroit douloureux ou aux environs, ou sur la portion des téguments la plus distante de la partie douloureuse? ou bien, lorsque l'humeur s'est transportée plusieurs fois d'un endroit à l'autre, doiton les appliquer sur la partie qui a été la première attaquée de cette humeur sans danger?

Les praticiens routiniers font presque toujours mordre les sangsues à l'endroit douloureux, tellement ils sont persuadés qu'elles ont la faculté d'attirer et de sucer l'humeur âcre, et que plus elles agissent près du mal, plus elles en détruisent promptement l'action et le principe: l'expérience cependant prouve tous les jours l'absurdité de cette méthode et les avantages de la méthode contraire. En effet, mettez les sangsues sur la portion des téguments la plus éloignée du point douloureux, souvent elles procureront du calme, et constamment elles s'opposeront au danger qui pourroit résulter d'une douleur aiguëet de longue durée. On ne doit donc se résoudre à appliquer des sangsues sur l'endroit douloureux par humeur âcre et avec danger, qu'autant que leur application n'a produit au

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