Images de page
PDF
ePub

Maladies d'esprit.

Il est peu d'espèces de maladies d'esprit où les sangsues conviennent; cependant elles sont utiles lorsque ces maladies ont pour principe. une suppression subite d'évacuation sanguine habituelle, une pléthore générale ou une pléthore particulière au cerveau, le transport subit d'une matière morbifique mobile ou sur le cervean ou sur un autre viscère essentiel à la vie avec pléthore générale ou particulière. Il faut alors faire mordre aux extrémités inférieures les sangsues plutôt qu'à la tête ou aux bras, parcequ'elles détournent du cerveau le sang qui s'y porte en trop grande quantité ; en même temps elles le font circuler avec plus de force et d'abondance dans les vaisseaux sanguins du ventre et des extrémités inférieures; quelquefois elles tendent à y favoriser le transport de l'humeur morbifique. Au contraire, les sangsues appliquées sur les bras, et particulièrement sur la tête et sur le cou, ne servent qu'à augmenter la vélocité et la quantité du sang dans les artères carotides, et à fixer le principe morbifique au cerveau; d'ailleurs elles accroissent

la sensibilité et l'irritabilité de la plupart des organes de la tête, et conséquemment elles rendent l'espèce de maladie d'esprit plus grave.

Les praticiens, qui de nos jours emploient dans ces maladies les sangsues sans connoître leurs effets, les mettent constamment à la tête, et par préférence au cou: l'accroissement sensible de la maladie ne les corrige pas, parcequ'ils croient que plus les sangsues agissent près de l'endroit affecté, plus elles doivent en détourner le sang qui s'y dirige en trop grande quantité; ils se comportent comme ceux qui, ne faisant aucun cas des sangsues pour évacuer ne veulent employer que la lancette, et qui préfèrent toujours la saignée à la veine jugulaire, à la saignée au bras et à celle du pied.

le

sang,

1° La folie est le genre de maladie où les empiriques sont le plus disposés à tirer dès les premiers jours une très grande quantité de sang: afin d'obtenir promptement cet effet, ils saignent avec la lancette à la veine jugulaire plutôt qu'aux pieds, et ils ne recourent à cette dernière saignée qu'après avoir inutilement pratiqué celle à la jugulaire et aux bras, ou après avoir vu le délire en devenir plus long ou plus furieux: enfin ils font mordre des sangsues aux

tempes et au cou, lorsque les premières saignées avec la lancette ont été infructueuses. S'il arrive que les sangsues ouvrent la veine jugulaire, l'hémorragie abondante qui en résulte ordinairement ne les fait repentir de leur procédé qu'autant qu'ils ne peuvent pas arrêter le sang, ou que le malade tombe dans une forte syncope.

La folie par pléthore, la folie printanière, et celle par dépôt de lait, sont les espèces de folie où les sangsues réussissent le mieux, après la saignée au pied avec la lancette. Il faut tirer une médiocre quantité de sang du vaisseau piqué par la lancette, et n'appliquer jamais les sangsues ni aux tempes, ni au cou, ni au bras.

Réitérez leur application sur les cuisses, jusqu'à ce que le pouls devienne souple, petit, égal, et que les vaisseaux sanguins du visage soient tels qu'on les remarque en parfaite santé. Dans la folie par pléthore, et dans la folie printanière, administrez, après la chute des sangsues, des douches d'eau froide sur la tête, tandis que le corps est plongé dans l'eau tiède jusqu'à la région de l'estomac ; ces douches augmentent ordinairement les bons effets des sangsues. La première saignée par les sangsues doit

être plus abondante que les autres saignées; vous affoiblirez moins les forces vitales et mus culaires, et la dérivation et révulsion seront plus grandes. Dans la folie par dépôt de lait, ne saignez point au pied avec la lancette, mais appliquez beaucoup de sangsues aux cuisses; pour la deuxième et troisième saignée, employez autant de sangsues : il vaut mieux, pour dégager le cerveau, affoiblir que le laisser embar

rassé.

La folie héréditaire, lorsqu'il y a pléthore, indique les sangsues aux cuisses, pour diminuer la violence et la longueur des accès.

Dans la folie par fièvre intermittente, où il est nécessaire de faire prendre le quinquina à haute dose dès le second ou le troisième jour, appliquez des sangsues sur les cuisses.

Dans la folie par mercure,

par mercure, faites aussi mordre sur-le-champ un grand nombre de sangsues aux cuisses et prescrivez ensuite les demi-bains et des lavements purgatifs.

Dans la folie pár vive passion et avec pléthore, la saignée au pied avec la lancette est ordinairement préférable à la saignée par les

sangsues.

2o La mélancolie par suppression d'évacua

tion sanguine habituelle ou des hémorroïdes, ou bien avec pléthore générale, exige des sangsues aux cuisses ou à l'anus en nombre médiocre; demi-heure ou une heure après la chute des sangsues, un demi-bain d'une douce chaleur et de trois quarts d'heure au plus, au sortir duquel on arrêtera le sang qui s'écoule des morsures réitérez plutôt l'application des sangsues que de tirer le premier jour trop de sang, et d'exciter une trop grande irritation.

:

3o Pour la clitorimanie par pléthore ou par diminution du flux menstruel avec inflammation ou disposition à l'inflammation des parties naturelles, au lieu de mettre les sangsues aux cuisses, appliquez-les sur les bras, et dès que le sang s'est écoulé en quantité suffisante, faites prendre un bain entier d'une douce fraîcheur.

4° L'ivresse par boissons spiritueuses faitelle craindre chez l'homme sanguin l'apoplexie; ordonnez sur-le-champ une saignée au pied avec la lancette, ensuite un très grand nombre de sangsues aux cuisses, et, après leur chute, des cataplasmes de moutarde sur les pieds et sur les jambes.

5o La vue double et le vertige par pléthore, ou par blessure, cèdent ordinairement à l'ap

« PrécédentContinuer »