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et des extrémités inférieures, faites mordre des
sangsues à la partie antérieure du bras, à la
face externe ou interne de l'avant-bras, au dos
de la main; ne les placez point sous l'aisselle,
elles
y exciteroient beaucoup de douleur, de
chaleur, de rougeur, et même de dureté, de
gonflement, et quelquefois la suppuration : ne
les mettez point sur la face interne du bras le
long du trajet de l'artère humérale, elles pour-
roient s'attacher à de petites artérioles; ne les
approchez pas du pli du bras, elles seroient
capables d'y ouvrir de grandes veines ou des
artérioles, et d'y mordre de petites branches
nerveuses cutanées.

Dans les espèces de maladies de la poitrine, où il faut absolument faire dériver vers les parties extérieures de la poitrine une portion du sang qui se porte en trop grande quantité dans les poumons, fixez les sangsues sur les parties les plus douloureuses de la poitrine; quel que soit l'endroit où on les applique, elles ne peuvent attaquer ni des vaisseaux sanguins considérables, ni de grosses ramifications nerveuses cutanées.

Il en est de même pour les maladies des vis

cères du ventre, du diaphragme, des muscles

du dos et des lombes, des organes renfermés dans le conduit de la moelle épinière, quand il s'agit d'attirer à l'extérieur une partie du sang qui se porte dans l'intérieur : sur quelque partie du ventre, du dos ou des lombes qu'on applique les sangsues, on ne doit point craindre qu'elles s'attachent à des vaisseaux et à des nerfs dont la blessure puisse être accompagnée d'aucun accident fâcheux; car les vaisseaux sanguins et les nerfs qui se ramifient dans les téguments du ventre et du dos sont la plupart petits.

Les bords de l'anus sont la partie du corps où l'on applique le plus souvent les sangsues; cette saignée qui se pratique dans le dessein. d'obtenir une abondante évacuation de sang, ou de rappeler les hémorroïdes, ou de remplacer le flux hémorroïdal, offre fréquemment des inconvénients si graves, que, dans la plupart des cas ou elle est indiquée, il ne faut pas hésiter à mettre les sangsues à quelque distance, de l'anus ou vers la partie supérieure et interne des cuisses, à moins qu'on ne soit assuré qu'elles ne causeront point d'inflammation et de suppuration aux bords de l'anus et dans le tissu cellulaire du rectum, ce qui est très difficile à reconnoître ; car souvent les sangsues ne pro

duisent point d'inflammation aux bords de l'anus chez les personnes qui sont disposées à l'inflammation, tandis que, chez les sujets pituiteux ou doués de peu de sensibilité et d'irritabilité, elles font naître autour de l'anus inflammation et suppuration. Appliquez-les rarement sur les hémorroïdes engorgées et douloureuses, pour éviter leur inflammation; préférez d'ouvrir les hémorroïdes avec la lancette; ou faites mordre les sangsues, comme nous l'avons déjà dit, à un ou deux travers de doigt de l'anus, préférablement vers la partie supérieure et interne de la cuisse : lorsque vous êtes obligé de poser les sangsues sur les bords de l'anus, placez-les de manière qu'elles ne puissent pas entrer dans le rectum; car ce n'est pas un phénomène extraordinaire que de voir les sangsues entrer dans le rectum malgré la constriction de l'anus, et leur répugnance à l'odeur de la matière fécale; pour lors injectez de l'eau tenant en solution nitre purifié ou sel marin, depuis demi-once jusqu'à une once dans une livre d'eau pure; ou bien faites passer dans? le rectum la vapeur du tabac (comme il est rapporté à l'article des remèdes à mettre en usage pour combattre les accidents qui proviennent des sangsues.)

Ceux qui recommandent de faire mordre des sangsues sur le périnée, sur le scrotum lorsque le scrotum ou les testicules sont enflammés, ou le long du canal de l'urètre, sur les parois internes de la vulve, sur les bords de l'orifice extrême de l'urètre ou sur le prépuce enflammés par quelque cause que ce soit, ou malades sans être enflammés, ignorent que les morsures de ces insectes rendent ces organes plus malades, ou en augmentent l'inflammation souvent jusqu'à y déterminer la suppuration et quelquefois la gangrène : au lieu de les appliquer sur ces parties, il faut placer les sangsues aux bras. Si le praticien s'opiniâtre à mettre les sangsues à la vulve ou aux bords de l'orifice externe de l'urètre, qu'il les fixe contre une de ces parties le moyen d'un cylindre creux pendant la morsure et la succion; il s'opposera de cette manière à leur entrée dans le vagin, dans le canal de l'urètre ou dans l'anus.

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L'application des sangsues aux extrémités inférieures est celle que les praticiens observateurs mettent le plus souvent en usage ; ils la prescrivent ordinairement à la face interne et supérieure de la cuisse; les téguments y sont minces, souples, les veines petites, nombreuses

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et superficielles : quelquefois les sangsues refusent d'y mordre, lorsque l'espèce d'humeur transpiratoire qui s'exhale continuellement proche du scrotum ou des grandes lèvres a beaucoup d'acrimonie et une odeur forte; alors il faut appliquer les sangsues indifféremment le long de la face interne de la cuisse : éloignezles de l'aine ou des environs, crainte qu'elles n'y entament la veine crurale externe, de petites artérioles, ou des rameaux nerveux, et qu'elles ne causent par-là une inflammation plus ou moins susceptible de s'étendre sur la cuisse : ne les placez sur la face antérieure externe ou postérieure de la cuisse, dont les téguments sont épais et les vaisseaux veineux, petits et profonds, que lorsque l'humeur rhumatismale affecte depuis long-temps le muscle et l'aponévrose du fascia lata, les muscles antérieurs, externes ou postérieurs de la cuisse; lorsqu'il est nécessaire d'augmenter la sensibilité et l'îrritabilité de ces parties; lorsqu'il importe d'y rappeler une humeur dartreuse ou une autre espèce d'humeur morbifique, enfin lorsque les vaisseaux veineux de l'intérieur de la cuisse sont variqueux ou qu'ils donnent trop de sang.

Les praticiens qui font mordre des sangsues

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