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tefois que le sang en sortant du vaisseau s'étend beaucoup sur le linge, le pénètre avec facilité et fait souvent croire aux assistants qu'il s'est écoulé beaucoup de sang, tandis qu'il n'en est sorti qu'une médiocre quantité.

Quantité de

sang à évacuer dans chaque espèce de maladie.

La quantité de sang à évacuer dans chaque espèce de maladie ne sauroit être estimée au juste; elle doit varier suivant les jours, l'intensité et les complications de la maladie, suivant le tempérament, la constitution, les habitudes, l'âge, le sexe et le régime du sujet, suivant enfin le climat, la constitution de l'air et le pays habité.

Les maladies où les sangsues conviennent, demandent une évacuation sanguine dont la quantité répond en général à chaque espèce de maladie; mais les divers degrés d'intensité des symptômes, et souvent la complication avec une autre maladie font ordinairement varier dès les premiers jours la quantité de sang à évacuer.

Ainsi, le premier jour d'une affection sopo

reuse, par blessure ou par répercussion d'une évacuation sanguine habituelle, ou par excès de pléthore chez un sujet robuste, âgé de vingt à vingt-cinq ans, faut-il établir une forte dérivation de sang vers les extrémités inférieures, on appliquerá dans les douze premières heures, de deux en deux heures, quinze, vingt ou trente sangsues; de cette manière on pourra employer depuis quatre-vingt-dix jusqu'à cent quatre-vingts sangsues, selon l'indication, et on tirera par ces saignées répétées depuis trois livres jusqu'à six livres de sang: le lendemain on fera mordre moins de sangsues, et on tirera moins de sang. L'affection soporeuse est-elle produite par le principe de la fièvre intermittente, il suffit d'appliquer aux cuisses, le premier jour, quinze à vingt sangsues et de laisser couler le sang depuis demi-livre jusqu'à une livre, pour que le quinquina domte sûrement et promptement l'affection soporeuse et la fièvre.

La saignée au bras a-t-elle été négligée pendant les trois premiers jours d'une inflammation de poitrine, quoique le sujet fût robuste, sanguin, et âgé de trente à quarante ans, appliquez dès le troisième jour sur l'endroit le

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plus douloureux de la poitrine douze, quinze ou trente sangsues; arrêtez le sang des morsures aussitôt que vous apercevrez que les forces vitales et musculaires commencent à diminuer au point d'empêcher la nature d'opérer une crise heureuse. N'êtes-vous appelé que le cinquième ou sixième jour de cette maladie, tentez ces deux jours l'application des sangsues comme ci-dessus, plutôt que de laisser evidemment périr le malade faute de saignée.

C'est ici qu'on doit se rappeler que vingt onces de sang tirées le même jour par des sangsues affoiblissent beaucoup moins que douze onces de sang évacué par une seule saignée avec la lancette, et qu'il faut toujours faire attention, 1o à appliquer les sangsues sur les extrémités du corps les plus éloignées du siège du mal; par exemple, lorsque le mal affecte la tête ou les bras, à faire mordre les sangsues aux extrémités inférieures ; et quand la maladie attaque les viscères du ventre ou les extrémités inférieures, à placer les sangsues aux bras; 2o à mettre plus ou moins d'intervalle entre chaque saignée par les sangsues, afin de laisser à la nature le temps de réparer les forces vitales et musculaires qu'une seule saignée très copieuse

auroit certainement abattues; 3o à faire mordre les sangsues dès le premier jour de la maladie, et pour les maladies inflammatoires le premier, le second et le troisième jour; attendre le quatrième et le cinquième jour, c'est exposer évidemment le malade, principalement si l'espèce de maladie inflammatoire est aiguë; la saignée avec les sangsues ne peut convenir ces jours-là qu'autant qu'on l'a oubliée le premier, le second et le troisième jour; 4° à appliquer un plus grand nombre de sangsnes et à tirer plus de sang à la première saignée qu'à la seconde, ainsi de suite, de manière que les dernières saignées soient toujours légères respectivement. aux premières comme il est très facile de se tromper le premier jour d'une maladie aiguë pour la quantité de sang à évacuer, parceque ce jour-là le pouls paroît souvent petit et peu accéléré et que les forces musculaires semblent aussi très abattues, il n'est pas étonnant de voir des praticiens ne prescrire que de petites saignées, et le lendemain être obligés d'appli quer un grand nombre de sangsues et de laisser évacuer beaucoup de sang, le pouls étant devenu plein, fort et accéléré, et l'inflammation considérable.

Nous répèterons encore qu'il faut pour la même espèce de maladie tirer plus de sang à l'aide des sangsues au sanguin qu'au bilieux; au bilieux qu'au mélancolique et au pituiteux; aux jeunes gens qu'aux adultes; à ceux-là qu'aux enfants et aux vieillards; aux femmes sanguines qu'aux hommes sanguins: c'est pourquoi nous pensons qu'on peut établir comme règle générale les proportions suivantes, en prenant le poids de douze onces pour la quantité de sang la plus grande à évacuer. Au sanguin douze onces de sang; au bilieux, dix onces; au mélancolique, huit onces; au pituiteux, sept onces; au jeune homme de vingt-cinq ans, douze onces; à l'adulte, onze onces; à l'enfant de six ans, cinq onces; au vieillard, huit onces; aux adultes qui travaillent beaucoup de corps et suent abondamment, neuf onces; aux adultes sédentaires, onze onces; aux adultes habitant des contrées méridionales, douze onces.

C'est encore ici qu'il est nécessaire de se ressouvenir qu'il y a plusieurs espèces de maladies où il importe de faire mordre et sucer une multitude de sangsues sans laisser couler le sang après leur chute : bien loin d'abattre les forces vitales et musculaires, elles les réveillent

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