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Brialmont, dans son Étude sur la situation militaire de la Belgique. Travaux de la Meuse. Elle donna lieu, en 1887, à des propositions positives, développées au sein des Chambres par MM. Beernaert, chef du Cabinet, et le général Pontus, Ministre de la Guerre, et adoptées par la Législature. L'honorable Ministre de la Guerre a résumé comme suit, à la Chambre des Représentants, le caractère et la portée de ces propositions :

Le Gouvernement propose aujourd'hui de doter Liége et Namur de défenses qui, tout en répondant aux besoins de la situation, soient à hauteur des exigences tactiques et des progrès techniques les plus récents.

Ces propositions consistent :

A construire en ces deux points de véritables têtes de pont, assez vastes pour permettre éventuellement à nos troupes de campagne de manoeuvrer sur les deux rives; assez profondes pour mettre les villes qu'elles enceignent à l'abri du feu ennemi;

A choisir, à cet effet, comme emplacement des ouvrages, des points dominants ayant des vues étendues et une action efficace sur les lignes ferrées et autres voies importantes qui aboutissent au fleuve;

A adapter enfin à ce dispositif général des types nouveaux, mettant à l'abri des plus puissants projectiles le matériel, les défenseurs et les magasins; types consistant en forts ou batteries à coupoles, très puissants comme. effet, quoique de dimensions réduites, et dont l'ensemble n'exige pour sa défense qu'un matériel restreint et un effectif équivalent à celui que réclamerait la défense des citadelles existantes.

Lorsque ces têtes de pont seront constituées, le rôle de l'armée de campagne se trouvera singulièrement facilité et agrandi.

Aujourd'hui, avec notre unique pivot stratégique d'Anvers, l'armée pourrait être paralysée dans ses mouvements.

Avec de bonnes têtes de pont sur la Meuse, au contraire, notre échiquier stratégique se développe; nous affirmons, en outre, devant l'Europe notre volonté, ferme et résolue, de tenir closes les portes qui permettraient aux armées. voisines de faire passer leurs lignes d'opération par la Belgique et de transformer encore une fois nos riches et fertiles plaines en champs de bataille.

Les têtes de pont de Liége et de Namur se composent d'un certain nombre de forts (12 à Liége et 9 à Namur) élevés à une distance de 6,000 mètres environ des agglomérations. La ligne de défense, jalonnée par ces ouvrages, distants entre eux de 3,500 à 6,000 mètres pour quelques-uns, a un développement de 46 kilomètres (plus de 9 lieues) à Liége et de 36 kilomètres (plus de 7 lieues) à Namur. Chacun des forts constitue un point d'appui susceptible d'opposer à un coup de main une sérieuse résistance. Dans le choix des emplacements, on s'est principalement occupé de l'action aux grandes distances sur les principales voies de communication.

La Commission militaire a adopté, dans sa séance du 16 avril 1901, la résolution suivante : « Les places de Liége et de Namur répondent au rôle stratégique en vue duquel elles ont été créées. »>

VI. Les fortifications de la Meuse étaient à peine érigées qu'une sixième période de développement des plans de défense du pays, ouverte depuis longtemps, s'accentua assez vivement. Elle se caractérise, dans l'intention de ses initiateurs, par ce trait la complète appropriation de l'armée modifiée dans son mode de recrutement et étendue dans sa composition, aux exigences de notre échiquier stratégique définitif.

A la campagne entreprise dans cet ordre en faveur du

service personnel préconisé au point de vue militaire et au point de vue social, soit sous la forme de service généralisé, soit comme mesure d'application aux résultats de la conscription ou tirage au sort, a répondu une campagne en faveur du volontariat réorganisé, développé et rémunéré. La question de la diminution du temps de service actif est en même temps entrée dans la voie des solutions reconnues nécessaires.

Dans ces conditions, le Gouvernement a estimé qu'il y avait lieu, conformément à divers précédents, de soumettre à une Commission mixte, composée d'officiers de l'armée et de membres du Parlement, l'examen des questions relatives à la situation militaire du pays.

Constituée par arrêté royal du 10 novembre 1900, cette Commission termina ses débats le 30 avril 1901. A la suite de la publication de ses travaux et de diverses propositions émanées de l'initiative parlementaire, le Gouvernement a déposé un projet de loi, aujourd'hui adopté par la Législature, et dont nous allons indiquer les traits principaux.

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La loi du 21 mars 1902, élaborée par M. le généralmajor Cousebant d'Alkemade, Ministre de la Guerre, et par M. de Trooz, Ministre de l'Intérieur, consacre le régime suivant:

A la base du système de recrutement, établissement du volontariat rémunéré et favorisé au point de vue de la collation éventuelle de multiples emplois de l'État;

A titre supplétif, conscription, avec faculté de remplacement par l'État, sous la forme de volontariat avec

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primes, conservée à concurrence du contingent annuel (13,300 hommes), mais réductible jusqu'à élimination de ce mode de recrutement, suivant certains rendements du volontariat;

Terme du service militaire légalement fixé à 13 années, dont 8 ans dans l'armée active suivis de 5 ans dans la réserve;

Renforcement des cadres inférieurs par le volontariat et les rengagements rémunérés ;

Temps de présence des miliciens sous les drapeaux réduit à 20 mois pour l'infanterie, à 22 mois pour l'artillerie de forteresse et le génie, à 28 mois pour l'artillerie montée et le train, à 36 mois pour la cavalerie. Durée du service actif des volontaires: 5 à 3 ans, suivant l'âge d'engagement (de 16 à 35 ans et jusqu'à 40 ans pour ceux qui ont déjà servi);

Autorisation de soumettre les congédiés appartenant à l'armée active et à la réserve, à une revue par année, de rappeler les classes de l'armée active dans des circonstances spéciales et toutes autres classes en cas de guerre ou lorsque le territoire est menacé;

affectés

Compensation donnée aux effectifs de paix du chef de la réduction du service actif et posés comme devant être maintenus à leur chiffre actuel (42,800 hommes) à l'aide d'une adjonction de 1,800 volontaires au contingent de 13,300 hommes, sans décharge de ce dernier, et grâce à la substitution à concurrence de 1,800 hommes d'employés civils militarisés, aux nombreux militaires « embusqués » ;

Effectifs de guerre portés à environ 180,000 hommes, abstraction faite des forces disponibles de la garde civique réorganisée (plus de 40,000 hommes) et de la

gendarmerie (3,000 hommes), et sans tenir compte du droit de rappel extraordinaire des classes, dont nous avons parlé (1).

(1) Les résolutions adoptées par la Commission militaire étaient ainsi conçues :

1. Résolution votée dans la séance du 8 janvier 1901.

La neutralité de la Belgique, dans l'intérêt de la nation comme dans l'esprit des traités, doit être armée.

Le système militaire du pays doit être essentiellement défensif. La Belgique le règle dans sa pleine indépendance.

2. Résolution votée dans la séance du 16 avril 1901.

1o La position d'Anvers étant notre forteresse principale, il est urgent d'achever sa ligne de défense extérieure, tant sur la rive droite de l'Escaut que sur la rive gauche et au Bas-Escaut.

2o L'enceinte pourra être déclassée dès que cette ligne aura été achevée et que l'on aura organisé une deuxième ligne de défense à hauteur des forts de l'ancien camp retranché.

Cette deuxième ligne de défense sera continue, au moins sur la rive droite.

3o Les places de Liége et de Namur répondent au rôle stratégique en vue duquel elles ont été créées.

40 Il n'y a pas lieu d'incorporer Termonde dans la position d'Anvers, les dimensions de cette place, ainsi agrandie, n'étant pas en harmonie avec les moyens dont nous disposons.

5o Pour Termonde, il suffira de compléter la ligne des batteries existantes et de renforcer celles-ci; l'enceinte pourra alors être démolie.

6o Le fort de Diest n'est plus nécessaire pour la défense du pays. 3. Résolutions votées dans la séance du 30 avril 1901.

Vu les rapports et les conclusions de la sous-commission militaire, la Commission se prononce sur les résolutions suivantes :

I.

Le recrutement de l'armée a lieu par des engagements volon taires et, pour le surplus, par des appels annuels.

II.

Le Gouvernement prendra des mesures :

1o Pour favoriser le volontariat et les réengagements, de manière à alimenter le plus possible l'armée, et particulièrement les armes à service long, par ce mode de recrutement, et enfin de fortifier les cadres;

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