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иль

1858

BRUNSVIC: IMPRIMERIE DE GEORGE WESTERMANN.

G.L.

Dis.

Aims Amat,

8.23.55

94477

A LA MEMOIRE

DE

M. HIPPOLYTE FORTOUL.

AVERTISSEMENT.

Lorsque je publiai pour la première fois ces deux grammaires, 1) je n'en connaissais pas tous les manuscrits, je n'avais à ma disposition qu'une copie défectueuse de deux d'entre eux, et je n'en pouvais voir de mes yeux qu'un seul, celui de Paris, qui est moderne et détestable. Aussi mon édition, j'en avais dès lors la conscience et le regret, laissait elle beaucoup trop à désirer. Malgré ses imperfections, elle a été favorablement accueillie par cinq ou six personnes en Europe. C'était plus qu'il n'en fallait pour m'imposer l'obligation de l'améliorer et de la rendre moins indigne du public choisi auquel elle s'adresse. J'ai longtemps désiré de m'acquitter de ce devoir; je m'estime heureux de pouvoir le remplir aujourd'hui.

Cette fois, tous les manuscrits connus des deux ouvrages ont passé sous mes yeux, et j'en ai extrait, par une collation patiente et minutieuse, les leçons

1) Dans la Bibliothèque de l'école des chartes, Iere Série, T. I, (1839 1840), avec tirage à part de 100 exemplaires.

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qui m'ont paru les meilleures, les variantes que j'ai jugées de quelque intérêt. Je pourrais dire le temps que m'a demandé cette révision, car ici on ne saurait penser que le temps ne fait rien à l'affaire; mais j'aurais peur de m'attirer la compassion des grands esprits qui prennent en pitié ces modestes travaux de l'érudition. S'ils savaient ce que peut coûter de soins la publication d'un aussi mince volume, avec quel dédain cruel ils en souriraient. De quoi s'agit-il, en effet? de deux petites grammaires, et provençales encore, et du XIe siècle par dessus le marché. A quoi bon s'en aller à Milan? à quoi bon courir à Florence, de la bibliothèque Ambrosienne à la bibliothèque Riccardi et de celle-ci à la Laurentienne, pour revoir, pour épurer un texte que personne ne lira ou peu s'en faut? Voilà le compliment auquel je m'exposerais si j'avais l'indiscrétion de parler de mon temps et de ma peine. Et comment me justifier? En soutenant que ces deux grammaires sont fort dignes d'intérêt, qu'aucune des langues romanes n'en possède d'aussi anciennes, à deux siècles près, pour le moins? Je n'y gagnerais rien que de passer pour un de ces curieux desœuvrés qui vont se perdre dans les catacombes de l'histoire ou de la littérature, sous prétexte d'y étudier des questions d'origines. Belles questions, vraiment, et bien dignes de nous! C'est aux étrangers qu'il faut laisser le souci de les débrouiller et de les éclaircir. C'est aux Allemands que revient de droit cette tâche pénible et fastidieuse. Pendant qu'ils ont la sim

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