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dire les emprunts aux enfants et tout jeunes gens. L'un et l'autre ont été lus une seconde fois les 23 février et 19 mars.

Le 26 janvier, le comte de la Wari a appelé l'attention de la Chambre sur un accident de chemin de fer arrivé le 24 décembre à Wortley. D'après le noble lord, il aurait été dû à ce fait, que des agents travaillaient depuis plus de 18 heures consécutives. Il a demandé que le rapport présenté au Board of Trade sur ce fait fut présenté aux Chambres.

Le bill sur les usines a passé très rapidement à la Chambre des lords. Discuté et voté en 2 lecture le 19 février, il a été examiné le 26 février en comité et accepté avec quelques modifications le 17 mars.

Le 19 février, lord Dunraven a proposé à la Chambre de décider qu'il était désirable que les gouvernements coloniaux fussent invités à envoyer des représentants à une conférence qui serait tenue à Londres pour rechercher les moyens d'améliorer les rapports de la métropole avec les colonies et de rechercher les moyens de former un fonds pour la défense impériale. D'après l'auteur de la motion, il s'agirait d'élaborer ainsi toute une législation anglo-coloniale relative aux faillites, aux successions, aux moyens de sauver la vie aux gens de mer, aux communications télégraphiques, à la défense de l'empire colonial. Lord Salisbury a opposé un dilemme ou la conférence légifèrera et alors elle empiètera sur les attributions du Parlement, ou elle émettra des avis qui peuvent rester lettre morte. Alors à quoi bon la réunir? La motion a été retirée par son auteur. Un autre débat relatif aux colonies anglaises, particulièrement intéressant pour la France, s'est ouvert le 6 mars. Lord Knutsford a déposé à la Chambre des lords un bill ayant pour but d'établir à Terre-Neuve, pendant l'année 1891, un modus vivendi en ce qui concerne la pêche du homard, objet de négociations depuis si longtemps pendantes avec la France. Lord Salisbury a soutenu le bill, rendu nécessaire par la mauvaise volonté et l'intransigeance des autorités de Terre-Neuve, sans la résistance desquelles la question serait tranchée depuis plusieurs années. Il a rendu un juste hommage à l'attitude des officiers des marines anglaise et française, grâce auxquels toute collision a pu être jusqu'ici évitée. Le bill a été voté en première lecture et la suite de la discussion renvoyée à une date ultérieure pour permettre l'audition des délégués de TerreNeuve.

Un bill sur la discipline du clergé a été présenté le 5 mars par l'archevêque de Canterbury. Il vise la situation des ecclésiastiques condamnés par les tribunaux de droit commun pour des crimes ou des délits. Le 20 mars, ce bill a été voté en 3o lecture.

Outre ces différentes lois, la Chambre des lords a encore voté. en 2 lecture: un bill sur les tramways irlandais, deux bills sur les usines et boutiques. Un bill relatif aux conditions que doivent réunir les candidats aux postes de juges de paix a été repoussé.

A cause des vacances de Pâques, les deux Chambres du Parlement se sont ajournées jusqu'au 6 avril. L. GUERIN.

REICHSTAG ALLEMAND.

Les élections du Reichstag. Le 20 février 1890, les électeurs étaient convoqués pour procéder au vote des nouveaux députés de l'Empire au Reichstag. L'intérêt qui s'attache toujours au renouvellement d'un Parlement quand il s'agit d'un grand pays comme l'Allemagne était encore accru par les circonstances dans lesquelles se trouvait la politique intérieure.

Les questions ouvrières et sociales ont aujourd'hui en Allemagne, comme du reste partout en Europe, une importance toute particulière. Le jeune empereur Guillaume II a pris position dans le débat et il semble que l'orientation de sa politique ne concorde pas absolument avec celle du chancelier. Au moment même où les partis s'agitent, il est question du départ de ce dernier, en même temps que d'une conférence internationale entre les représentants de divers Etats d'Europe et d'une réforme de la législation du travail en Allemagne. Le Reichstag qui vient de disparaître a refusé de proroger les mesures d'exception édictées contre les socialistes et il semble que dans l'avenir il ne doit plus être question d'y revenir. Dans les sphères gouvernementales on affecte de montrer aux ouvriers qu'on s'intéresse à leur sort plus que dans le passé et qu'on est disposé à améliorer leur situation par des moyens légaux. Ce n'est là, si l'on veut, que la suite de l'exécution du programme impérial de 1881, mais sans arrière-pensée apparente de lutte contre certains éléments de la classe ouvrière.

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Voilà la posture que prend le gouvernement pendant la période électorale. C'est ce qui donne aux élections de 1890 leur caractère propre et détermine la platform sur laquelle elles doivent se faire. Cela ne va pas sans jeter un certain désarroi dans les anciens partis, surtout dans ceux que le cartel avait unis d'un lien un peu factice quelques années auparavant. Aussi voit-on dans la plupart des grands centres les candidats de l'ordre se multiplier et, par antipathie politique entre eux, faire le jeu de leurs adversaires.

Des programmes généraux, il n'y a guère lieu de parler; la plupart sont d'une très grande insuffisance et d'une sécheresse peu suggestive. On ne saurait y voir le programme des travaux du futur Reichstag; le plus précis est peut-être celui du centre, sans parler bien entendu du programme des socialistes, qui forme un corps de doctrines assez bien définies. Mais tout le monde s'accorde à reconnaître l'importance nouvelle de la question sociale, et l'agitation est grande dans les milieux ouvriers, notamment dans les districts miniers de la Westphalie et du Rhin.

Le 20 février, les Allemands sont allés aux urnes. Aucun incident particulier n'a marqué ce jour, sinon à Berlin, la prise d'armes ordonnée soudain à toute la garnison par l'Empereur; y avait-il là une fantaisie ou

un calcul? Dès les premières dépêches un résultat considérable a frappé les yeux des moins clairvoyants: l'augmentation du nombre des voix données aux socialistes.

Dans les pays où l'état de siège a été prononcé en vertu de la loi sur les socialistes, ceux-ci ont obtenu, en somme, 341,667 voix en 1890, contre 142,318 qu'ils recueillaient en 1884; ce résultat permet de juger la politique intérieure du chancelier de fer. Veut-on se faire une idée plus précise du progrès de ce parti dans les principales villes d'Allemagne, qu'on jette un coup d'œil sur le tableau suivant, emprunté à l'Allgemeine Zeitung et indiquant les voix obtenues par lui le 20 février :

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Dans cette journée mémorable, les voix se sont réparties de la façon suivante entre les diverses fractions, d'après le bureau de statistique de l'Empire:

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Lorsqu'on compare ce résultat à celui de 1887, on voit que les na

tionaux-libéraux et les conservateurs ont considérablement décliné, tandis que les progressistes ont gagné environ 200,000 voix et les socialistes près de 600,000. C'est contre le cartel que se sont faites évidemment les élections de 1890. Les chefs du parti socialiste ont bien su le comprendre et exploiter à leur profit la situation aux scrutins de ballottage. Leur comité central adressa aux électeurs un manifeste ainsi conçu :

< Compagnons, le 20 février a été un jour d'honneur pour le socialisme. Nous avons gagné 21 mandats. Dans plus de 50 circonscriptions nous sommes en ballottages dans de bonnes conditions. Il faut donc recommencer la lutte afin d'obtenir le plus possible de mandats législatifs.

Les circonscriptions qui ne sont plus directement intéressées devront envoyer des orateurs ainsi que des fonds dans les circonscriptions où il y a des ballottages.

« Le parti socialiste est, en outre, dans plusieurs circonscriptions, l'arbitre de la situation. Le Congrès de Saint-Gall conseillait autrefois en pareil cas, l'abstention, mais étant donnée la situation faite par l'énorme majorité du cartel, ainsi que l'intention du gouvernement de perpétuer la loi contre les socialistes, nous croyons absolument nécessaire, dans l'intérêt de notre cause, d'empêcher, autant qu'il est en notre pouvoir, la reconstitution dans le nouveau Reichstag d'une majorité capable de voter des lois d'exception. Notre mot d'ordre sera donc : « A bas le cartel, << ennemi du peuple; à bas la loi contre les socialistes! »

< Dans ces conditions, nous recommandons aux électeurs, dans les circonscriptions où ils n'existe pas de candidat socialiste, de voter pour le candidat quelconque qui prendra l'engagement de voter contre toutes lois d'exception, contre l'aggravation du Code pénal et contre toute restriction apportée à l'exercice du suffrage universel égal pour tous, direct et secret. « Nous vous donnons cette consigne, non pas parce que nous attendons des services réciproques des autres partis, mais parce qu'en agissant ainsi nous sauvegardons nos intérêts et l'intérêt public.

Signe Bebel, Grillenberger, Liebknecht, Meister, Singer. >>

Le résultat final a répondu aux désirs des partis opposants et le Reichstag, élu en 1890, s'est composé à son origine de :

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Et la statistique confessionnelle des députés reconnaît, dit-on : 212 membres de l'Église évangélique, 3 de l'Église réformée, 147 catholiques, 5 israélites, 20 députés n'appartenant à aucune confession; nutile d'ajouter que ceux-ci sont tous socialistes.

Le Reichstag ainsi élu ne s'est réuni pour la première fois que le 6 mai suivant. Dans l'intervalle se sont passés deux événements dont il convient de dire quelques mots : la réunion de la Conférence internationale du travail à Berlin et la retraite de M. de Bismarck.

Conférence internationale du travail.

L'Empereur d'Allemagne

a pris résolument, au commencement de l'année 1890, l'initiative d'études importantes sur la situation des classes laborieuses. Le 4 février, il a adressé deux lettres : l'une au chancelier de l'Empire, par laquelle il le charge de convier la France, l'Angleterre, la Belgique et la Suisse à une Conférence dans laquelle les représentants de ces diverses puissances étudieraient certaines questions générales relatives à l'organisation du travail; l'autre au ministre du commerce, M. de Berlepsch, pour l'inviter à faire étudier les réformes qu'il serait possible d'introduire dans la législation allemande sur l'industrie.

Ces rescrits importants, que l'on ne peut guère comparer qu'au fameux message de Guillaume Ier, du 17 novembre 1881, ont été le point de départ, le premier de la conférence internationale du travail qui s'est ouverte à Berlin le 15 mars 1890, le second d'une réforme de la Gewerbe-ordnung et de la création de tribunaux industriels.

Les notes remises aux ministres des affaires étrangères des pays respectifs portaient que l'empereur proposait la convocation des représentants des gouvernements qui s'intéressent particulièrement à l'amélioration du sort des ouvriers des mines et de l'industrie, à l'effet de se concerter sur des questions d'une portée internationale. En vue de faciliter ses travaux ultérieurs, le gouvernement impérial avait joint à cette note un projet de programme, comprenant six sections principales :

1° Réglementation du travail dans les mines;

2° Réglementation internationale du travail du dimanche;

3o Réglementation du travail des enfants;

4 Réglementation du travail des jeunes gens;

5o Réglementation du travail des personnes du sexe féminin;

6o Exécution des dispositions adoptées.

On n'appela pas à cette conférence de délégués spéciaux de chacun des États confédérés, car on eût augmenté de la sorte outre mesure le nombre total des représentants de l'Allemagne. L'empereur nomma seulement : MM. de Berlepsch, ministre du commerce et de l'industrie; Magdeburg, sous-secrétaire d'État au même ministère; Reichardt, directeur au ministère des affaires étrangères; Lohmann, conseiller intime de gouvernement, rapporteur, au ministère de l'intérieur; Dr Kopp, archevêque de Breslau qui, peu auparavant, adressait un mandement à son clergé pour lui recommander de soutenir éventuellement de leur sollicitude les asso

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