Le bailliage établi par cet édit était composé d'un bailly, d'un lieutenant - général, d'un avocat du roi, d'un greffier et de plusieurs notaires et procureurs. On y jugeait jusques à vingt-cinq francs en dernier ressort, et cinquante par provision, d'ailleurs les sentences étaient à la charge de l'appel au parlement de Metz. CharlesFrançois de Joyeuse, fut le premier bailly et Jacques de Glèves le premier lieutenant civil et criminel. par 1671. Les fortifications de Mouzon sont démolies ordre du roi (1). Cette démolition fit d'abord beaucoup de peine aux habitans. Avec le temps ils s'en consolèrent, et en recueillirent divers avantages. L'industrie s'accrut dedans et hors de la ville; des jardins se formèrent sur les lieux occupés auparavant par les fortifications; on planta plus de vignes, on cultiva les terrains recouvrés au moyen des démolitions. Mouzon au reste ne fut pas la seule ville que le roi fit demanteler. Damvillers, Marville, Donchery, les châteaux de Jametz, de Linchant, Château-Renaud et autres lieux, éprouvèrent le même sort. 1677. Le prince Charles de Lorraine, étant sur le point de faire irruption dans ces quartiers, les Français emportèrent de Mouzon tout ce qu'ils purent, et abandonnèrent cette ville. Le dernier juillet le généralissime de l'empire parut sur les hauteurs et s'en empara, sans résistance: ce poste lui ouvrait le passage dans la Champagne; mais M. de Créqui, qui était campé à Ino et Martaincourt avec une armée d'observation, l'empêcha de profiter de cet avantage (2). Il envoya toutà-coup son bagage à Stenay, passa brusquement la Meuse (1) Abr. Chr. de l'Hist. de Mouz. ms. (2) Dom Calmet, Hist. de Lor., t. 111, col. 823. sur les ponts et aux gués et alla se poster de l'autre côté, vers la rivière de Bar. Le prince se voyant en tête un pareil ennemi, n'osa avancer; il se retira de Mouzon le 14 août, après avoir mis le feu à cette ville, saccagé tous les lieux d'alentour, et levé de grosses contributions. Deux exemples qui eurent lieu dans ces circonstances, méritent d'être remarqués, parce qu'ils prouvent que quelques honnêtetés faites à des ennemis, contribuent souvent à adoucir ou à diminuer les maux de la guerre. A peine les troupes du prince de Lorraine se retiraient de Mouzon livrée aux flammes, que dom IrénéeRichard, procureur de l'abbaye, lui envoya la charge d'un cheval du plus beau fruit qu'il put trouver. Son présent fut accepté et le prince aussitôt fit partir un détachement de ses troupes, avec ordre d'aller éteindre l'incendie. Ceque ce sage et bon religieux fit pour l'intérêt commun, une dame de Mouzon l'avait fait quelques jours auparavant pour son propre intérêt, Son nom était Elisabeth Durban, d'une famille considérée à Mouzon; elle avait épousé Hubert de L'hostel, écuyer, seigneur de Sarre. Avant l'arrivée de l'armée impériale, elle s'était retirée avec ses troupeaux au village de Viviers, près d'Artaise et de-là à Sedan, où elle demanda au commandant la permission d'écrire au comte de Curin, campé au Sarre, sur le domaine de son mari; l'ayant obtenue, elle accompagna sa lettre d'un présent de vin de Champagne. La mesure prise par cette nouvelle Abigail (1), ne fut point sans effet. Non-seulement le comte préserva le château du Sarre de toute insulte mais encore, en répondant à la dame pour la remercier de son présent, il l'invita à revenir chez elle, où il lui (1) 1. des rois, xxv, 18. promit qu'elle n'aurait à éprouver que des marques de respect et d'obligeance (1). 1680. -Mouzon et Beaumont avaient alors pour gouverneurs Charles-François de Joyeuse, comte de GrandPré, chevalier des ordres du roi et lieutenant-général de ses armées. 1681.- Jusqu'alors la ville de Mouzon avait été régie par ses usages locaux; mais un arrêt du parlement de Metz, du 24 janvier de cette année, commença d'y substituer la coutume de Paris. 1692.- Un édit du mois d'août, crée à Mouzon des maires perpétuels et des assesseurs d'hôtel de ville. Réné - Louis Durban, finança la charge de maire, et quatre bourgeois de Mouzon, les charges d'assesseurs, un cinquième finança celle de contrôleur des deniers patrimoniaux et des octrois de cette ville (2). 1713. Les habitans de Mouzon, sommés par un parti de quinze cents impériaux de contribuer et de livrer passage, ne firent d'autre réponse sinon qu'ils attendaient l'ennemi de pied ferme ; ce qui l'obligea de repasser la Chierre le même jour, sans autre exploit que de mettre le feu à Moulin et à Sailly. 1719. Le roi ayant donné des ordres pour qu'il fut établi des corps de casernes dans toutes les villes sus-ceptibles de garnisons, des ingénieurs viennent à Mouzon, de la part du gouvernement, pour y mettre cette mesure à exécution (3). Ces ingénieurs n'ayant point trouvé pour cet établissement de lieu plus convenable que l'emplacement du château, et cet édifice ayant été acheté par (1) Abr. de l'Hist. Chr. de Mouz. ms. (2) Ibid. 3) Ibid. le sieur de Fumeron, la ville présenta un placet au roi, aux fins d'obtenir ce local et ses dépendances pour la construction de deux corps de casernes, l'un pour l'infanterie et l'autre pour la cavalerie. 1730. Arrêt de Conseil du 17 janvier, qui permet à la ville de Mouzon de couper ses bois de reserve, pour servir à la construction des casernes et écuries, pour loger les troupes et chevaux soit des garnisons qui sont envoyées dans la ville, soit des régimens qui y passeraient. Le prix de l'adjudication de ces bois de reserve monta à 13,000 francs (1). 1732. En creusant à l'entrée de la petite rue de Saint-Denis, vis-à-vis le terrain où était le cimetière et la chapelle de ce nom, on découvrit deux grands sépulcres de pierres pleins d'ossemens qui furent transportés au cimetière de Saint-Martin 1735.-Le 29 janvier, il intervint encore un arrêt du parlement conforme à la coutume de Paris. Il ne reste plus rien de celle qui avait autrefois lieu à Mouzon, que la prescription que l'on peut acquérir par la seule possession sans titre. 1739. On commença à construire les écuries des casernes, de manière à pouvoir y loger cent cinquante chevaux. Ce ne fut qu'en 1741 qu'on accommoda les chambres. Elles peuvent loger plusieurs escadrons (2). 1753. -Les administrateurs de l'Hôtel - Dieu de Mouzon , y font bâtir un collége. Cette construction couta dix mille francs. Cette même année sur la représentation des maires, et échevins de la ville, le roi ayant permis qu'on démolît (1) Abr. Chr. de l'Hist, de Mouz, ins. (a) Ibid. les parties de l'ancienne porte de Bourgogne, qui menaçaient ruine, on procéde à cette démolition (1). Les déblais furent transportés aux deux côtés du pont Embli ou deuxième pont à la sortie de la ville du côté de Stenay, pour soutenir les terrasses de la porte. On reconstruisit les gros murs en chaux et sable; on élargit les deux ponts qui sont à la suite de la porte de Bourgogne, et on garnit le premier de garde-foux. Cette porte était la meilleure pièce qu'il y eut dans les fortification de cette place, elle avait été épargnée en 1671, lorsqu'il y eut ordre de démolir les ouvrages,qui faisaient de Mouzon, une ville de guerre. Il n'est pas inutile de remarquer qu'on trouva dans les ruines de cette porte beaucoup de médailles antiques au coin des empereurs romains, entre autres une de Lucilla-Augusta, femme de Lucius Verus avec une Junon au revers. 1758. Il s'établit à Mouzon une manufacture de savon, mais elle ne réussit point, faute de fonds (2). 1761. Le doyenné de Mouzon qui était unique, fut partagé en deux, dont l'un porta le nom de MouzonMeuse, et l'autre de Mouzon-Bar à chacun furent attachées vingt-deux cures (3). : 1765. Un édit du roi supprimant les officiers municipaux, créés en titre dans toutes les villes et bourgs du royaume et ordonnant qu'ils seront remplacés par d'autres, que les habitans éliront librement (4), la ville de Mouzon fit le 25 octobre de cette année, l'élection de deux échevins; mais le brevet du maire royal n'eut lieu (1) Abr. de l'Hist. Chr. de Mouz. ms. (2) Ibid. (3) Ibid. (4) Ibid. |