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PARIS

IMPRIMERIE D. DUMOULIN ET Cie

5, rue des Grands-Augustins, 5.

SUR

CHRISTOPHE PLANTIN

RELIEUR A ANVERS (1514-1590)

PAR

M. LÉON GRUEL

RELIEUR LIBRAIRE

Extraite du Journal général de l'Imprimerie et de la Librairie

du 26 septembre 1891.

PARIS

CERCLE DE LA LIBRAIRIE, DE L'IMPRIMERIE

DE LA PAPETERIE, ETC.

117, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 117

M DCCC XCI

FA.785.2

HARVARD COLLEGE

MAR 16 1904

LIBRARY

Bright Sleed

CHRISTOPHE PLANTIN

RELIEUR

Il est d'un grand intérêt, pour ceux qui s'occupent de bibliographie, de retrouver, parmi les libraires et imprimeurs du temps passé, et il y en a un certain nombre, ceux qui, tout en ayant acquis une certaine notoriété dans leur profession, n'ont pas négligé de s'adonner aussi, d'une manière spéciale, au métier de relieur. Il est évident que presque tous avaient dans leurs ateliers de modestes ouvriers, restés inconnus, et auxquels était réservé le soin d'assembler, de coudre et de cartonner les livres qu'ils vendaient ou qu'ils produisaient. Nous en trouvons la preuve réelle sur certaines reliures anciennes auxquelles le temps n'a pas fait subir trop d'outrages; ce qui devient chaque jour de plus en plus rare, car elles étaient généralement en veau, peau dont la nature a toujours été plus sujette à se détériorer que celle de chèvre ou maroquin employée par la suite. Plusieurs libraires ou imprimeurs, et Plantin est de ce nombre, ont exercé personnellement la reliure proprement ditc, et surtout la dorure au fer, par goût, et avec la passion du praticien amoureux de son art. Lui et ses contemporains étaient assez fiers de leurs travaux pour signer leurs reliures, comme ils signaient leurs éditions; à cet effet ils faisaient fabriquer, pour estamper le cuir, des marques-matrices en cuivre, analogues à celles dont ils se servaient pour la typographie. On peut citer les plus importants qui sont, par ordre de dates: Philippe Pigouchet, Denis Roce, Robert Macé, les Gryphes à Lyon, les frères Angeliers, Jean Bogard, Madeleine Bourselle, veuve de François Regnault, Jacques Dupuis, les Elzéviers, etc., qui tous avaient

adopté comme signature de fabrication un motif, souvent parlant, et toujours pris dans leurs marques imprimées à l'intérieur des livres.

Christophe Plantin naquit à Saint-Avertin, près Tours, en 1514. Son premier métier fut celui de relieur, qu'il apprit à Caen dans l'atelier de Robert ou Robinet Macé deuxième du nom. Ce Robert Macé était parent de Robinet Macé, imprimeur à Rouen en 1498; il exerçait la reliure en même temps que l'imprimerie, de 1522 à 1551. Nous donnons ci-contre le fac-similé d'une reliure sortie de ses ateliers. Elle est en veau brun, estampée à froid et recouvre un recueil de dissertations sur la médecine1; au centre, la Vierge, agenouillée devant le Père éternel, est couronnée par un ange, et au bas de cette composition est gravé : R. MACE. Le tout est entouré par une légende religieuse, telle que les relieurs en employaient au quinzième siècle, en se plaçant généralement sous la protection d'un saint ou de la Vierge, comme l'indique celle de la reliure de Robert Macé et qui est TOTA PULCRA ES AMICA MEA ET MACULA NON EST

IN TE.

Comment se fait-il que Christophe Plantin, né et élevé en France, soit allé s'établir à l'étranger, et tout en y continuant son premier métier de relieur, y fonder une des plus importantes et des plus remarquables imprimeries du seizième siècle? Nous n'avons retrouvé aucun document qui nous en donne la raison, car les pièces authentiques concernant ce relieur-imprimeur, avant son installation à Anvers, et celles qui auraient pu donner quelques éclaircissements sur cette installation même et aussi sur les débuts de son métier d'imprimeur, c'est-à-dire de 1549 à 1555, sont excessivement rares. Les registres conservés au musée Plantin à Anvers, qui, postérieurement à cette époque, sont remplis de détails et fort bien tenus, sont très pauvres

1. 1 volume in-8 gothique, imprimé à Venise en 1507.

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