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parties, donnent des résultats ou des produits qui, quoique provenant des mêmes organes, n'ont pas entre eux une identité parfaite.

Il pense que ces changemens s'expliqueraient peut-être en supposant que dans certains cas, les exhalans sont les uniques agens en exercice dans les organes sécréteurs; la peau peut tout à-la-fois sécréter, exhaler et absorber; mais dans beaucoup de circonstances cette série des fonctions présente des irrégularités. Pourquoi refuserait-on le même privilège aux membranes muqueuses qui présentent une grande similitude d'organisation et de fonction avec la peau.

L'auteur pense que ces réflexions peuvent jeter quelque jour sur l'histoire de cette maladie, et tendre à prouver que si les hydropisies des membranes muqueuses sont rares, si les collections séreuses ne s'y observent qu'en très-petit nombre, cela n'est dû qu'à leurs dispositions physiques qui en font une sorte de texture, et il croit qu'il n'y a pas de membranes plus séreuses que la peau et les membranes muqueuses...

M. Sauvé dit aussi qu'il ne connaît point d'autre exemple de collection séreuse dans le sinus maxillaire; cependant l'hydropisie ou plutôt la collection muqueuse de cette partie. est déja connue; on en trouve une description très-bien faite dans la dissertation de M. Deschamps fils, sur les maladies des fosses

nasales et de leurs sinus. Runge a donné une observation intéressante sur cette maladie; on la trouve dans le premier volume des dissertations chirugicales de Haller, et elle est citée par Bordenave dans son mémoire sur les maladies du sinus maxillaire: Fauchard nous en a transmis une autre; il l'a consignée dans le tome premier de son ouvrage et elle est également rapportée par Bordenave. M. le professeur Lallement m'a dit avoir donné des soins à une femme qui était affectée de cette maladic; ainsi cette espèce de collection humorale s'est présentée assez souvent, contre l'opinion de M. Sauvé, pour être classée depuis long-temps au nombre des maladies: cependant dans les observations que nous possédons, l'humeur avait le caractère muqueux, excepté dans l'observation de Fauchard: la matière sortit d'abord séreuse et jaune, ensuite sanguinolente, épaisse et noire, ce qui annonce qu'elle avait pris le caractère purulent; tandis que celle qui s'est présentée à M. Sauvé, lui a paru être entièrement séreuse. Mais était-elle séreuse, la matière limpide, inodore et incolore qui est sortie de la tumeur qu'il a opérée? Ne voit-on pas là plutôt les caractères principaux du muqueux nasal? En effet l'action du froid en augmentant la sécrétion de l'humeur nasale la fournit dans toute sa pureté; elle est alors sans odeur et devient claire, limpide

comme de l'eau distillée (1) Le contact du gaz acide muriatique oxigéné produit, sur la› membrane pituitaire, le même effet que l'action du froid; c'est le muqueux nasal secrété sous l'influence de ces deux causes, qui a servi à M. Vauquelin pour faire l'analyse de cette humeur, et ce professeur ne dit point que dans cet état de limpidité elle soit changée de nature.

Ainsi la maladie observée par M. Sauvé, dans laquelle le liquide était limpide, inodore et incolore, était véritablement muqueuse et avait une très-grande analogie avec les observations rapportées par Runge, Fauchard et M. le professeur Lallement; cette maladie ne paraît donc point être une hydropisie pure et simple, comme l'auteur l'a cru, mais bien une collection muqueuse.

Quant au mécanisme de la formation des hydropisies dans le systême général des membranes muqueuses, l'opinion de M. Sauvé serait peut-être admissible, si jamais on trouvait une collection séreuse dans ces membranes; mais jusqu'à ce jour aucune observation bien

(1) Les personnes qui voyagent dans le Nord, le mercure étant de dix-huit à vingt-cinq degrés au-dessous de zéro, ont un écoulement de cette humeur par le extrêmement abondant, qui les incommode beaucoup. Mais la nature en est-elle changée pour cela? I est probable qu'elle est toujours muqueuse.

nez,

constatée n'a prouvé l'existence de ces sortes. d'hydropisies, lesquelles n'aient été en même temps accompagnées d'un kyste particulier ou d'hydatides.

L'auteur a dit qu'on reconnaissait aisément une crevasse de la partie inférieure de la paroi externe du sinus; mais M. Sauvé ne s'en serait-il pas laisser imposer par les apparences; car on sait que dans cette maladie les parois. du sinus ramollies s'amincissent en se dilatant, deviennent cartilagineuses et prennent dans quelques points l'apect membraniforme. N'aurait-il pas pris ces changemens pour une crevasse de la paroi du sinus?

Cas d'angine de poitrine; par M. LOUYER VILLERM AY.

M. de B., âgé de soixante-six ans, fut doué d'une bonne constitution, et mena dans sa jeunesse une vie active et sur-tout fort dis-. sipée. A soixante ans, il contracte l'habitude du repos, ne fait qu'un repas copieux, et, reste souvent toute la soirée étendu sur son canapé. Le plus ordinairement il se levait fort tard et sortait en voiture. Vers la même époque, il devient sujet à des attaques de goutte qui cependant ne se reproduisaient qu'après, d'assez longs intervalles. En même temps il ressentit des douleurs qui partaient de la par-:

tie supérieure des deux bras, et sur-tout du bras gauche, et se terminèrent vers la partie gauche de la poitrine; c'est-à-dire, vers la région du cœur. Elles étaient plus vives après le repas, quand il montait vers un plan incliné, quand il marchait contre le vent, et particulièrement lorsque celui-ci était très-fort. Ces douleurs presque toujours se dissipaient aussitôt que le malade suspendait sa marche.

Il réclama les bons avis du docteur Jeanroy, qui lui conseilla un vésicatoire aux bras divers médicamens anti-spasmodiques, des frictions sur la poitrine avec l'éther acétique, et sur-tout de remplacer par un exercice soutenu ses habitudes sédentaires qui favorisaient une maladie naissante dont la terminaison est le plus souvent aussi brusque que fâcheuse.

M. de B. promit de suivre en tous points des conseils aussi éclairés, puis les négligea en grande partie. Le 28 janvier, je vis ce malade, qui avait encore l'apparence d'une bonne santé. Deux jours avant, il avait conduit lui-même son cabriolet; il se plaignait seulement de gêne dans la poitrine, et cependant sa respiration ne paraissait pas difficile; le pouls était peu fréquent, mais obscur; il n'éprouvait pas de palpitations..

Je lui recommandai une infusion de fleurs de tilleul et de violettes avec le sirop de gomme, une potion anti-spasmodique, et l'usage du sirop d'éther; en même temps, je lui fis appli

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