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Le lendemain, plusieurs blessures résultent de leur rendez-vous. Harassés, les témoins les arrêtent. A trois heures, on recommence le combat, et le temps intermédiaire est employé à les panser tous deux. A cette seconde rencontre, S. échange plusieurs blessures légères avec son adversaire; mais ce dernier détourne deux fois le fer avec la main. On arrête une première et une seconde fois pour lui en faire le reproche : Approchez, dit ce jeune homme à son » témoin; attachez cette main que je ne puis rete»nir. Perdant ainsi son avantage, bientôt il reçoit un coup d'épée dans la poitrine, et tombe.

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⚫ Monsieur, dit ce brave jeune homme d'une voix mourante, il m'est permis maintenant d'avouer mes torts, de vous demander pardon donnez, moi la main, je me meurs. Dois-je donner la

D main? reprit M. S. en se tournant vers ses témoins.

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Votre honneur est satisfait; donnez la main, disent les témoins. »

Le capitaine *** ayant insulté des femmes sans intention, appelé par l'homme qui leur donnait le bras, va le lendemain se mettre à ses ordres, en té

moignant ses regrets. « Ce n'est pas à moi que vous » les devez, reprit ce cavalier; » et il le conduisit à ces dames. Le capitaine, qui était des plus braves, répara ses torts par des excuses qui furent reçues avec grace. Tout fut ainsi réparé.

G., le maître d'armes, témoin d'un de ses élèves, saute sur son adversaire qui tenait l'épée de son homme et allait lui plonger la sienne dans la poitrine; il le jette à terre, le menace de sa canne, et arrête le duel.

C'est quelquefois un calcul bien lâche que font ceux qui demandent un duel à bout-portant, avec une seule arme chargée, car c'est souvent pour être refusés; c'est quelquefois aussi un acte de courage; mais, quoi qu'il en soit, c'est toujours une barbarie.

L'homme le plus opposé à ces sortes de jeux de dés où l'enjeu est la vie, rencontre sur le boulevart un beau jeune homme qui vint fièrement à lui et lui dit : « Je ne viens pas vous insulter, Monsieur ;

» mais je veux savoir si vous êtes réellement brave : je désire me battre avec vous à bout-portant, avec > une seule arme chargée. Cela s'accepte une

seule fois dans la vie, dit le comte D.; et peu d'heures après, le curieux, ayant eu la mauvaise chance, était mort.

« Vous savez tirer le sabre, vous êtes fameux à » l'épée, adroit au pistolet, disait un autre à celui qui » lui envoyait un cartel; moi, je me bats à brûle-pour» point; un corbillard sera commandé pour les funérailles. » Cet offre est refusée. Celui qui demandait le duel à bout-portant, insiste, accuse son adversaire de lâcheté; celui-ci, poussé à bout, accepte enfin; et celui quile traitait de lâche lui demande pardon, et de son injure, et de sa demande parce qu'elle est acceptée. Il comptait bien pourtant se bâtir une espèce de courage sur ce juste refus.

Un M. va trouver dans sa chambre un officier

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d'artillerie, le vicomte H., et lui présentant deux pistolets chargés, il lui demande une réparation.

H. fut assez fou pour accepter. Ils tirent presque à bout portant. Il n'y avait rien de mortel dans les canons la poudre fit une détonation affreuse, et la seule blessure fut un coup de pied dans le ventre que H. donna à son homme en le jetant à la porte; il le trouva doux, facile, et n'ayant rien à lui demander le lendemain.... que le secret.

Je viens vous demander de vous battre avec moi. , à brûle - bourre, disait un certain monsieur à › M. de C. J'accepte, dit ce dernier; il ne me ⚫ reste plus qu'à trouver des témoins qui me le per Le demandeur témoigna bientôt ses

› mettent.

regrets.

M. se battait avec un jeune homme : le duel à marcher jusqu'à une ligne intermédiaire était celui dont l'adversaire avait fait choix. Le jeune homme

marche, tire et manque. M. *** arrive jusqu'à la

ligne, et lui fait sauter la cervelle, après l'avoir fait languir en le visant.

Enfin, on a vu des hommes se chasser comme des bêtes fauves dans un champ de blé. On a vu des combattans blessés et mourans se faire porter en face l'un de l'autre pour s'achever, comme le feraient des boule-dogues. D'autres, armés chacun d'un pistolet chargé, se viser, à bout portant, dans unc fosse creusée pour eux; d'autres encore, s'égorger dans un cuvier, avec des rasoirs. Et tout cela par la sottise on l'ignorance des témoins, ou par le manque de témoins. Leur absence, ou le mauvais choix qu'on en fait, peuvent amener également les plus atroces conséquences.

Au moment de mettre sous presse cette seconde édition, un membre de la chambre des députés me disait qu'une loi sur le duel allait être présentée; qu'il avait trouvé un moyen efficace de l'empêcher, et ce moyen efficace est de poursuivre à toute outrance les témoins, de leur infliger des peines sévères, etc., etc.

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