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tianisme; et plusieurs d'entr'eux ne croyent pas manquer à leur honneur, en manquant à se trouver dans nos armées, pour y maintenir par la justice de nos armes contre nos ennemis, la reputation de nôtre Couronne, et participer à cette seule veritable gloire, qui s'acquiert en servant son Prince et sa patrie, dans une guerre legitime. Il faut bien que le Demon les ait charmez, pour leur faire établir le plus haut point de la valeur en des combats de gladiateurs, qui n'étoient autrefois pratiquez, que par les plus miserables de tous les esclaves et que l'on void encore aujourd'huy l'estre souvent par ceux qui sont dans la plus basse de toutes les conditions serviles; au lieu que c'est en soutenant avec une constance invincible, les travaux et les perils de la guerre, que l'on témoigne la grandeur et la fermeté de son courage. Ce sont ces sages genereux que nous réputons veritablement vaillans, et veritablement dignes de nos bienfaits, et de nôtre estime; et non pas ces furieux qui, comme des victimes malheureuses, soüillant la terre d'un sang criminel, descendent dans l'abisme chargez des maledictions de Dieu, et des anathèmes de toute l'Eglise. Pour remedier à ce plus important de tous les desordres, le Roy Henry le Grand ayant assemblé les Princes de son Sang, les Officiers de sa Couronne, et les principaux de son Conseil, fit aprés plusieurs grandes déliberations, son Edit du mois de juin 1609 lequel

le feu Roy nôtre tres-honoré Seigneur et Pere, depuis son avenement à la Couronne, a fait renouveller et publier de temps en temps, et y a même fait ajoûter diverses clauses par ses Declarations des premier juillet 1611, dix-huit janvier et quatorziéme mars 1613, premier octobre 1614, quatorziéme juillet 1617, Edit du mois d'aoust 1623 et Declaration du 26 juin 1624. Mais d'autant que les peines qui y sont portées, quoy que tres-justes, sembloient un peu rudes à ceux qui ne consideroient pas assez attentivement quelle est l'énormité d'un tel crime, et que cela faisoit prendre la liberté aux personnes les plus considerables, et à celles qui avoient l'honneur de l'approcher, de le supplier en diverses occasions d'en moderer la rigueur : il resolut par son Edit du mois de février 1626, sans révoquer neanmoins les précedens, d'établir de nouvelles peines plus douces que les premieres, afin que ne restant aucun pretexte de l'importuner, son intention fût plus religieusement executée. Mais la violence d'un mal si opiniâtre s'aigrissant contre les remedes, il n'a pû estre arresté, ny par les exemples de la Justice, ny par les effets de sa clemence. L'experience neanmoins a fait voir, que pour le reprimer, la severité est beaucoup plus propre que la douceur; ainsi que le défunt Roy nôtre tres-honoré Seigneur et Pere le reconnut lorsque dans l'extresme joye qu'il plût à Dieu de luy donner, en exauçant les vœux de

toute la France, lorsque nous vînmes au monde, et dans le ressentiment des services que la pluspart de la noblesse luy rendoit dans ses armées avec tant de zele et de fidelité; il se relâcha d'accorder des abolitions à quelques uns de ceux qui avoient contrevenu à ses Edits, esperant par cette grace de les rendre tous désormais plus retenus dans leur devoir. Mais au contraire, comme si cette facilité du pardon pour le passé leur avoit donné l'esperance d'une impunité entiere pour l'avenir, ils s'emporterent, et continuerent de s'emporter avec tant de violence à ces combats impies, qu'il ne s'est jamais fait en autant de temps un plus grand nombre de Duels; il semble qu'ils ayent pris plaisir à fouler aux pieds plus hardiment que jamais nôtre autorité Souveraine, et que par un insolent mépris de la bonté de leurs Rois, ils ayent voulu triompher d'elle. Que s'ils ont oublié que Dieu s'estant reservé la vengeance, c'est à luy qu'ils sont obligez de la demander lors qu'ils se croyent offensez, ils devroient au moins se souvenir de s'adresser à Nous, comme à son image vivante, et a qui il luy a plû de donner, à l'égard des peuples qu'il nous a soumis, quelque participation de sa puissance. Mais ils veulent, en violant toutes les Loix divines et humaines, se faire justice à eux mêmes, et se rendre independans en la chose du monde où ils sont le plus obligez de se soumettre. Ce que ne pouvant souffrir, sans nous témoigner indignes de

porter le sceptre du premier Royaume de la Chrétienté; et n'ayant rien de plus cher que la conservation de nôtre noblesse, dont la valeur si celebre et redoutable par toute la terre, n'est ternie que par les déreglemens d'une si monstrueuse frenesie; aprés avoir demandé à Dieu, comme nous faisons, et fe rons toûjours de tout nôtre cœur, qu'il veüille luy ouvrir les yeux, pour dissiper ces damnables illusions qui la transportent de l'amour d'une fausse gloire. Nous nous sommes resolus, avec l'avis de la Reine Regente nôtre tres-honorée Dame et Mere, de nôtre tres-cher et tres-amé Oncle le duc d'Orleans, de nôtre tres-cher et tres-amé Cousin le Prince de Condé, autres Princes, Ducs, Pairs, Officiers de nôtre Couronne, et principaux de nôtre Conseil, de faire revoir exactement tous les susdits Edits et Declarations, afin d'en tirer ce que l'usage a fait juger le plus propre pour déraciner de nos Royaumes, avec l'assistance du Ciel, un mal si pernicieux et si detestable, et de former un nouvel Edit, en revoquant les precedens; afin que n'étant plus permis aux Juges d'y avoir recours, et de s'arrester chacun selon son sens particulier, à ce qu'il y avoit de plus doux ou de plus severe, ils soient obligez de suivre exactement celuy-cy, où toutes choses sont si clairement exprimées, qu'ils n'auront lieu quelconque de douter de nôtre volonté, pour un effet si juste et si salutaire. Mais d'autant que les meilleures Loix sont

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inutiles, si elles ne sont bien observées, et que nous ne sçaurions estre déchargez devant la Justice divine des malheurs qui arrivent par les Duels, qu'en employant tout notre pouvoir pour en arrester le cours, et en demeurant inflexible dans une resolution si sainte Nous défendons tres-expressement à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, et même à nôtre tres-cher et tres-amé Frere le Duc d'Anjou, lors qu'il sera en âge; à nôtre trescher et tres-amé Oncle le Duc d'Orleans; aux Princes de nôtre Sang; aux autres Princes, et autres Officiers de nôtre Couronne, et à nos principaux et plus speciaux Officiers et serviteurs de nous faire aucune priere contraire au présent Edit, sur peine de nous déplaire. Et afin qu'après le serment le plus solennel et le plus inviolable de tous, nul ne prenne la hardiesse de nous supplier d'y contrevenir; Nous jurons et protestons par le Dieu vivant, de n'accorder jamais aucune grace dérogeante au present Edit, et de ne dispenser jamais personne des peines qui y sont contenuës, en faveur de qui que ce soit, ny pour quelque considération, cause ou pretexte que ce puisse estre. A ces causes; sçavoir faisons: Qu'en revoquant, ainsi qu'il est dit cy-dessus, tous les precedens Edits et Declarations faits sur le sujet des Duels et Rencontres, Nous avons par le présent Edit perpetuel et irrevocable, dit, déclaré, statué et ordonné; disons, declarons, statuons et ordonhbas ce qui s'ensuit :

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