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fiance; d'autant plus que par là se trouvait brisée la grande chaîne que l'on supposait anciennement lier toutes les langues entre elles. Et pendant quelque temps le mouvement continua, de plus en plus divisant et démembrant, et par conséquent, selon toute apparence, toujours élargissant la brèche entre la science et l'histoire sacrée. En suivant le progrès, on commença à découvrir de nouvelles affinités où l'on en soupçonnait le moins, jusqu'à ce que par degrés plusieurs langages commencèrent à se grouper et à se classer en grandes familles auxquelles on reconnut une origine commune. Alors de nouvelles recherches diminuèrent graduellement le nombre des langues indépendantes, et étendirent, par conséquent, les limites du terrain des plus grandes masses. A la fin, quand ce champ paraissait presque épuisé, une nouvelle classe de recherches a réussi, autant qu'on l'a essayée, à prouver des affinités extraordinaires entre ces familles; affinités existant dans le caractère même et l'essence de chaque langue, tellement qu'aucune d'elles n'aurait jamais pu exister sans ces éléments, sur lesquels était fondée la ressemblance. Or, comme ceci exclut toute idée que l'une ait pu faire des emprunts à l'autre, comme ils ne peuvent pas avoir pris naissance dans chacune par un procédé indépendant, et comme les différences radicales parmi les langues défendent de les considérer comme des dialectes ou des rejetons l'une de l'autre, nous sommes amenés forcément à cette conclusion, que, d'un côté, ces langages doivent avoir été originairement réunis en un seul, d'où ils ont tiré ces éléments communs et essentiels à chacun d'eux; et d'un autre côté, que la séparation

entre eux qui a détruit d'autres éléments de ressemblance, non moins importants, ne peut pas avoir pour cause une séparation graduelle ou un développement individuel : car ces deux cas nous les avons exclus depuis longtemps; mais cette cause est une force active, violente, extraordinaire, suffisant seule pour concilier les apparences de conflit, et pour expliquer d'un même coup les ressemblances et les différences. Il serait difficile, il me semble, de dire quel degré de plus pourrait exiger le sceptique le plus insatiable ou le plus déraisonnable, pour amener les résultats de la science en accord intime avec le récit de l'Écriture (1). »

Nous sommes donc en droit de conclure que les objections tirées et de la variété des langues et de la diversité des races contre le dogme de l'unité de l'espèce humaine sont dénuées de toute valeur. La physiologie et la linguistique, bien loin d'infirmer ce dogme, en paraissent au contraire une éclatante confirmation.

Au reste comprend-on que le rationalisme, qui se fait gloire de proclamer avec nous, et parfois même plus haut que nous, la fraternité universelle des peuples, cherche à lui enlever sa base naturelle en combattant la doctrine qui nous montre tous les hommes issus du même père et de la même mère? N'est-ce pas là vouloir renverser d'une main ce qu'on élève de l'autre? « Arrière donc, nous écrierons-nons avec le P. Lacordaire, ces tentatives honteuses d'une science fratricide! Arrière les voix qui ne respectent pas l'inviolable unité du genre humain ! Saluons

(1) Discours, etc., IIe disc.

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plutôt, chrétiens, saluons de loin, la face tournée vers tous les vents du ciel, nos frères dispersés par la tempête sur des rivages si divers. Nous qui avons le mieux conservé l'incarnat primitif de notre création, qui avons reçu avec une plus douce infiuence de la lumière naturelle un 'meilleur partage de la lumière incréée; nous, les aînés de la vérité et de la civilisation, saluons nos frères que nous n'avons précédés que pour les conduire, que nous n'avons surpassés que pour qu'ils nous égalent un jour. Saluons en eux notre unité passée et notre unité future, l'unité que nous avions en Adam et celle qui nous attend en Dieu. Touchons la main du Malais et du Mongol; touchons la main du nègre; touchons la main du pauvre et du lépreux. Tous ensemble, unissant nos biens et nos maux dans une immense et sincère fraternité, allons à Dieu, notre premier père. Allons à Dieu qui nous a préparés du même limon, qui nous a vivifiés du même souffle, qui nous a pénétrés du même esprit, qui nous a donné la même parole (1). »

(1) Loc. cit.

FIN DU PREMIER VOLUME.

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CHAPITRE I. Doctrine catholique. Ses adversaires.
Athées et panthéistes.

CHAP. II. Preuves de l'existence de Dieu.

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CHAP. III. De la nature et des attributs de Dieu.

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CHAP. IV. De l'unité de Dieu.

De l'existence et de la nature de Dieu.

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CHAP. 1. · Doctrine catholique sur la Trinité.
CHAP. 11. - Origine du dogme de la Trinité. Il est
révélé de Dieu et il a toujours été cru dans l'Église
chrétienne.

§ I.

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66

De la connaissance de ce dogme avant

ib.

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