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CHEZ JANET ET COTELLE, LIBRAIRES,

RUE NEUVE-DES-PETITS-CHAMPS,

1822.

Beer

N° 17.

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AVERTISSEMENT.

BALZAC, cet écrivain si remarquable à une époque où le mauvais goût dominoit en France, fut un des premiers qui apprécia dignement le mérite littéraire de Malherbe, son contemporain. Boileau, par les vers qu'il lui consacra dans l'Art poétique, mit le comble à son éloge, et caracté risa parfaitement son talent et les services qu'il a rendus à la poésie françoise. Ces vers sont dans la mémoire de tout le monde.

« Le nom de Malherbe, dit La Harpe, marque « la seconde époque de notre langue. Marot n'a« voit réussi que dans la poésie galante et légère : << Malherbe fut le premier modèle du style noble, « et le créateur de la poésie lyrique. Il en a l'en

thousiasme, les mouvements et les tournures.

« Né avec de l'oreille et du goût, il connut les

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effets du rhythme, créa une foule de construc«<tions poétiques, adaptées au génie de notre << langue. Il nous assigna l'espèce d'harmonie imi

a

<<tative qui lui convient, et montra comment on

« se sert de l'inversion avec art et avec réserve. «Tout ce qu'il nous apprit, il ne le dut qu'à lui« même; et au bout de deux cents ans, on cite « encore nombre de morceaux de lui, qui sont « d'une beauté à peu près irréprochable.

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Voltaire affectoit de ne considérer Malherbe que comme un habile versificateur : il est vrai qu'il se distingue moins par l'invention et la force de la pensée que par le tour heureux qu'il lui donne, par la grace et l'élégance de l'expression; et la perfection qu'il offre à cet égard n'en est que plus surprenante pour le siècle où il s'est formé sans modéle. Aucun poëte n'a mieux que lui consulté les délicatesses de l'oreille; aucun, sous ce rapport, ne peut être étudié avec plus de fruit.

La lecture de ses ouvrages avoit sans doute beaucoup contribué à former le talent de J. B. Rousseau. On peut juger de l'estime que ce grand lyrique en faisoit par son Ode à Malherbe, contre les détracteurs de l'antiquité.

Des diverses éditions qui existent des OEuvres

de Malherbe, la plupart sont très défectueuses. Celle qui parut en 1723 (3 vol. in-12), et qui comprend les observations de Ménage et de Chevreau, offre des fautes graves et une orthographe bizarre. L'édition que donna Lefebvre de Saint-Marc en 1757, in-8°, est également déparée par des fautes grossières; plusieurs vers n'y ont pas la mesure. L'édition de 1776 in-12 est, diton, recherchée des curieux; mais l'éditeur a eu le tort de donner un vernis moderne au style du poëte, qu'il falloit sur-tout respecter. Ces deux éditions ne contiennent pas les lettres de Malherbe.

Nous donnons ici le texte pur des poésies, accompagné de courtes notes historiques, tirées de l'édition de 1776, et suivi de variantes, au moyen desquelles on peut observer les progrès du goût de l'auteur. Nous avons choisi, parmi les lettres, celles qui peuvent intéresser par les sentiments et les pensées, ou par des détails sur les circonstances du temps où elles furent écrites; on y trouvera de l'originalité, et quelquefois plus de vraie philosophie qu'on ne l'attendroit d'un poëte de cette époque.

a.

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