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bres les autres abandonnez à la mercy des opprobres, et de mespris et des-honneur : les autres accablez de pauvreté ; et Dieu n'a pas voulu que vous fussiez si miserable.

2. Considerez les dons,de l'esprit, combien y-a-t-il au monde de gens hebetez, enragez, insensez et pourquoy n'estes-vous pas du nombre? Dieu vous a favorisée : combien y en a t'il qui ont esté nourris rustiquement, et en une extresme ignorance; et la providence divine vous a fait eslever civilement et honorablement.

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3. Considerez les graces spirituelles, ô Philotée, vous estes des enfans de l'Eglise, Dieu vous a enseigné la cognoissance dès vostre jeunesse. Combien de fois vous at-il donné des sacremens? combien de fois des inspirations, des lumieres interieures, des reprehensions pour vostre amendement ? combien de fois vous a-t'il pardonné vos fautes? combien de fois delivrée des occasions de vous perdre où vous estież exposée ! Et ces années passées, n'estoient-ce pas un loisir et commodité de vous avancer au bien de vostre ame? Voyez un peu par le menu, combien * Dieu vous a esté doux et gracieux ·

Affections et resolutions.

Admirez la bonté de Dieu. O que mon Dieu est bon en mon endroit !ô qu'il est bon! que vostre cœur, Seigneur, est riche en misericorde, et liberal en debonnaireté ! 0 mon ame, racontons à jamais, combien de graces il nous fait.

2. Admirez vostre ingratitude. Mais que suis-je, Sei gneur, que vous ayez eu memoire de moy? O que`mon indignité est grande: Helas? j'ay foulé aux pieds vos benefices: j'ay des-honoré vos graces, les convertissant en abus et mespris de vostre souveraine bonté; j'ay op

posé l'abysme de mon ingratitude à l'abysme de vostre grace et faveur.

3. Excitez-vous à recognoissance. Sus donc, ô mọn cœur, ne veuille plus estre infidele, ingrat et desloyal à ce grand bien-faicteur. Et comment, mon ame ne serat'elle pas mes-huy subjette à Dieu, qui a fait tant de merveilles et de graces en moy et pour moy.

4. Ha! doncques Philotée, retirez vostre corps de telles et telles voluptez: rendez-le subjet au service de Dieu, qui a tant fait pour luy: appliquez vostre ame à le cognoistre, par tels et tels exercices qui sont requis pour cela. Employez soigneusement les moyens qui sont en l'Eglise, pour vous sauver et aimer Dieu; ouy, je frequenteray l'oraison et les sacremens, j'escouteray la saincte parole, je pretiqueray les inspirations et conseils.

Conclusion.

1

1. Remerciez Dieu de la cognoissance qu'il vous a donnée maintenant de vostre devoir et de tous les bien-faicts cy-devant receus.

2. Offrez luy vostre cœur avec toutes vos resolutions. 3. Priez-le qu'il vous fortifie, pour les practiquer fidelement, par le merite de la mort de son Fils; implorez l'intercession de la Vierge et des Saincts. Pater noster, etc. Faictes le petit bouquet spirituel.

CHAPITRE XII.

MEDITATION IV.

Des pechez.

Preparation.

1. Mettez-vous en la presence de Dieu. 2. Suppliez-le qu'il vous inspire.

Considerations.

Pensez combien il y a que vous commencez à pecher, et voyez combien dès ce premier commencement les pechez se sont multipliez en vostre cœur comme tous les jours vous les avez accreu contre Dieu, contre vous-mesme, contre le prochain, par œuvre, par parole, par desir et pensées. Considerez vos mauvaises inclinations, et combien vous les avez suivies. Et par ces deux poincts vous verrez que vos coulpes sont en plus grand nombre que les cheveux de vostre teste, voire que le sable de la mer.

2.

3. Considerez à part le peché d'ingratitude envers Dieu, qui est un peché general lequel s'espanche par tous les autres, les rend infiniment plus enormes voyez donc combien de benefices, Dieu vous a fait, et que de tous vous avez abusé contre le donateur: singulierement combien d'inspirations mesprisées, combien de bons mouvemens rendus inutiles. Et encore plus que tout combien de fois avez-vous receu les sacremens, et où en sont les fruicts? que sont devenus ces precieux joyaux, dont vostre cher espoux vous avoit ornée? tout cela a esté couvert sous vos iniquitez, avec quelle preparation les avez vous receus? Pensez à cette ingratitude, que Dieu vous ayant tant couru apres pour vous sauver, vous avez toujours fuy devant luy pour vous perdre.

Affections et resolutions.

1. Confondez-vous en vostre misere. O mon Dieu, comme ose-je comparoistre devant vos yeux? Helas! je ne suis qu'un Aposteme du monde, et un esgoust d'ingratitude et d'iniquité. Est-il possible que j'aye esté si desloyale, que je n'aye laissé pas un seul de mes sens, pas une des puissances de mon ame, que je n'aye gasté, violé et souillé et que pas un jour de ma vie ne soit escoulé, auquel je n'aye produit de si mauvais effets? Est-ce ainsi que je devois contrechanger les benefices de mon Createur, et le sang de mon Redempteur.

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2. Demandez pardon, et vous jettez aux pieds du Seigneur, comme un enfant prodigue, comme une Magdelaine, comme une femme qui auroit soüillé le lict de son mariage de toutes sortes d'adultere : O Seigneur, misericorde sur cette pecheresse: Helas ! ô source vive de compassion, ayez pitié de cette miserable.

3. Proposez de vivre mieux. O Seigneur, non jamais plus moyennant vostre grace: non jamais plus je ne m'abandonneray au peché.

Helas je ne l'ay que trop aymé, je le deteste et vous embrasse. O Pere de misericorde, je veux vivre et mourir

en vous.

4. Pour effacer les pechez passez, je m'en accuseray courageusement, et n'en laisseray pas un que je ne pousse dehors.

5. Je feray tout ce que je pourray pour en desraciner entierement les plantes de mon cœur, particulierement de tels, et de tels qui me sont plus ennuyeux.

6. Et pour ce faire j'embrasseray constamment les moyens qui me seront conseillez ne me semblant d'avoir jamais assez fait pour reparer de si grandes fautes.

Conclusion.

1. Remerciez Dieu qui vous a attendu jusques à cette heure, et vous a donné ces bonnes affections.

2. Faictes luy offrande de vostre cœur pour les effectuer.

3. Priez-le qu'il vous fortifie, etc.

CHAPITRE XIII.

MEDITATION V.

De la mort.

Preparation.

1. Mettez-vous en la presence de Dieu.

2. Demandez luy sa grace.

3. Imaginez-vous d'estre malade en extremité dans le lit de la mort, sans esperance aucune d'en eschapper.

Consideration.

Considerez l'incertitude du jour de vostre mort: O mon ame, vous sortirez un jour de ce corps. Quand sera-ce, en hyver ou en esté? en la ville ou au village? de jour ou de nuict? sera ce à l'impourveu, ou avec advertissement ? sera-ce de maladie ou d'accident? aurez-vous le loisir de vous confesser, ou non? serez-vous assistée de vostre confesseur et pere spirituel? Helas! de tout cela nous n'en scavons rien du tout seulement cela est asseuré, que nous mourrons, et tousjours plustost que nous ne pensons.

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2. Considerez qu'alors le monde finira, pour ce qui vous regarde, il n'y en aura plus pour vous: il renversera sens dessus-dessous devant vos yeux: ouy, car alors les

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