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LÉ LIE.

Ton jargon allemand eft fuperflu, te dis-je,
Car nous fommes d'accord, & fa bonté m'oblige.
J'ai tout ce que mes voeux lui peuvent demander,
Et tu n'as pas fujet de rien appréhender.

MASCAR ILLË.

Si vous êtes d'accord par un bonheur extrême, Je me défuiffe donc, & redeviens moi-même. ANDRÉS.

Ce valet vous fervoit avec beaucoup de feu: Mais je reviens à vous, demeurez quelque peu.

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Tu feignois à fortir de ton déguisement,
Et ne pouvois me croire en cet événement

MASCARILLE.

Comme je vous connois, j'étois dans l'épouvante, Et trouve l'aventure auffi fort furprenante.

LÉLIE.

Mais confeffe qu'enfin c'eft avoir fait beaucoup.
Au moins j'ai réparé mes fautes à ce coup,
Et j'aurai cet honneur d'avoir fini l'ouvrage.

MASCARILLE.

Soit; vous aurez été bien plus heureux que fage.

SCÈNE IX.

CÉLIE, ANDRÉS, LÉLIE, MASCARILLE. ANDRÉS.

N'EST-CE pas là l'objet dont vous m'avez parlé ?

LÉLIE.

Ah, quel bonheur au mien pourroit être égalé!
ANDRÉS.

Il est vrai, d'un bienfait je vous fuis redevable;
Si je ne l'avouois, je ferois condamnable:
Mais enfin ce bienfait auroit trop de rigueur,
S'il falloit le payer aux dépens de mon cœur.
Jugez dans le transport où fa beauté me jette,
Si je dois à ce prix vous acquitter ma dette;
Vous êtes généreux, vous ne le voudriez pas :
Adieu. Pour quelques jours retournons fur nos pas.

SCENE X.

LÉLIE, MASCARILLE.
MASCARILLE après avoir chanté,

FE chante, & toutefois je n'en ai guère envie. Vous voilà bien d'accord, il vous donne Célie; Hem, vous m'entendez bien.

LÉLIE.

C'est trop, je ne veux plus Te demander pour moi des fecours fuperflus. Je fuis un chien, un traître, un bourreaudéteftable, Indigne d'aucun foin, de rien faire incapable. Va, ceffe tes efforts pour un malencontreux, Qui ne fauroit fouffrir que l'on le rende heureux. Après tant de malheur, après mon imprudence, Le trépas me doit feul prêter fon affistance.

SCÈNE XI.

MASCARILLE feul

VOILA le vrai moyen d'achever fon destin
Il ne lui manque plus que de mourir, enfin,
Pour le couronnement de toutes les fottifes.
Mais en vain fon dépit pour les fautes commifes

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Lui fait licentier mes foins & mon appui,
Je veux, quoi qu'il en foit, le fervir malgré lui,
Et deffus fon lutin obtenir la victoire.

Plus l'obftacle eft puffant, plus on reçoit de gloire;
Et les difficultés dont on eft combattu,

Sont les dames d'atour qui parent la vertu.

SCÈNE XII

CÉLIE, MASCARILLE.

CÉLIE à Mafcarille qui lui a parlé bas.

QUOIQUE tu veuilles dire, & que l'on fe propofe,
De ce retardement j'attends fort peu de chofe 3.
Ce qu'on voit de fuccès peut bien perfuader
Qu'ils ne font pas encor fort près de s'accorder.
Et je t'ai déjà dit qu'un coeur comme le nôtre
Ne voudroit pas pour l'un faire injuftice à l'autre
que très-fortement par de différends nœuds,
Je me trouve attachée au parti de tous deux.
Si Lélie a pour lui l'amour & fa puiffance,
Andrés pour fon partage a la reconnoiffance,
Qui ne fouffrira point que mes penfers fecrets
Confultent jamais rien contre fes intérêts:

Et

Oui, s'il ne peut avoir plus de place en mon ame,
Si le don de mon cœur ne couronne fa flamme,

Au moins dois-je le prix à ce qu'il fait pour moi
De n'en choifir point d'autre au mépris de sa foi,
Et de faire à mes yeux autant de violence,
Que j'en fais aux defirs qu'il met en évidence.
Sur ces difficultés qu'oppose mon devoir,
Juge ce que tu peux te permettre d'efpoir.

MASCARILLE.

Ce font, à dire vrai, de très-fâcheux obftacles;
Et je ne fais point l'art de faire des miracles;
Mais je veux employer mes efforts plus puiffans,
Remuer terre & ciel, m'y prendre de tous fens
Pour tâcher de trouver un biais falutaire,
Et vous dirai bientôt ce qui fe pourra faire.

SCÈNE XIII

HIPPOLYTE, CÉLIE.

DEPUIS

HIPPOLYTE.

EPUIS votre féjour, les dames de ces lieux Se plaignent justement des larcins de vos yeux, Si vous leur dérobez leurs conquêtes plus belles, Et de tous leurs amans faites des infidèles: Il n'eft guère de coeurs qui puiffent échapper Aux traits, dont à l'abord vous favez les frapper; Et mille libertés, à vos chaînes offertes, Semblent vous enrichir chaque jour de nos pertes..

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