LUCILE. Oui vraiment; quoi, n'en est-ce Et vous voyez cela d'un esprit fatisfait? LUCILE. Comme vous. É RASTE. Comme moi? LUCILE. Sans doute. C'eft foibleffè De faire voir aux gens que leur perte nous blesse. Mais, cruelle, c'est vous qui l'avez bien voulu. Moi? point du tout; c'est vous qui l'avez réfolu. Moi? Je vous ai cru-là faire un plaifir extrême. LUCILE. Point, vous avez voulu vous contenter vous-même. ÉRASTE. ΙΟ Mais fi mon coeur encor revouloit fa prifon 10; LUCILE. Non, non, n'en faites rien; ma foibleffe eft trop grande, d'accorder trop tôt votre demande. Tome I. Y ÉRASTE. Ah! vous ne pouvez pas trop tôt me l'accorder, LUCILE. Remenez-moi chez nous. SCÈNE I V. " MARINETTE, GROS-RENÉ. MARINETTE. O, la lâche perfonne! GROS RENÉ. Ah, le foible courage! MARINETTE. J'en rougis de dépit. GROS-RENÉ. J'en fuis gonflé de rage. Ne t'imagine pas que je me rende ainfi. MARINETTE. Et ne penfe pas, toi, trouver ta dupe auffi, GROS RENÉ. Viens, viens frotter ton nez auprès de ma colère. MARINETTE. Tunous prends pour une autre; & tu n'as pas affaire A ma fotte maîtreffe. Ardez le beau museau, Pour nous donner envie encore de fa peau! Moi, j'aurois de l'amour pour ta chienne de face, Moi, je te chercherois ? Ma foi, l'on t'en fricaffe Des filles comme nous. Oui, tu le prends par-là, Tiens, tiens, fans y chercher tant de façon, voilà Ton beau galant de neige 12, avec ta nompareille, Il n'aura plus l'honneur d'être fur mon oreille. MARINETTE. Et toi, pour te montrer que tu m'es à mépris, Tiens encor ton couteau, la pièce eft riche & rare; MARINETTE. Tiens tes cifeaux avec ta chaîne de léton, GROS RENÉ. J'oubliois d'avant-hier ton morceau de fromage, Tiens. Je voudrois pouvoir rejeter le potage Que tu me fis manger, pour n'avoir rien à toi. MARINETTE. Je n'ai point maintenant de tes lettres fur moi. Et des tiennes tu fais ce que j'en faurai faire. MARINETTE. Prends garde à ne venir jamais me reprier. Pour couper tout chemin à nous rapatrier, MARINETTE. Ne me lorgne point, toi, j'ai l'efprit trop touché. Romps; voilà le moyen de ne s'en plus dédire ; MARINETTE. Oui, car tu me fais rire. GROS-RENÉ. La pefte foit ton ris; voilà tout mon courroux |