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baron de Thugut, pour lui annoncer le commencement et le progrès du tumulte. Il a vu s'écouler, sans recevoir aucune réponse, tout le temps du danger, et ce n'est que sur les trois heures du matin qu'il a enfin reçu une note bien peu faite pour remplir son attente. Une conduite aussi extraordinaire met l'ambassadeur de la république française dans le cas d'engager S. M. I. à se faire représenter les diverses notes qu'il a fait parvenir à son ministre des affaires étrangères. C'est à regret qu'il prie S. M. d'observer qu'au nombre de ses réclamations se trouve la demande des passe-ports, dont il est forcé de faire usage pour aller prendre les ordres du gouvernement auquel il a l'honneur d'appartenir.

En s'éloignant de cette résidence, il emportera la certitude consolante de n'avoir rien négligé pour convaincre S. M. I. des dispositions pacifiques et amicales que le gouvernement français entretient à son égard. Un autre motif de satisfaction existe pour lui dans la persuasion que S. M. est profondément affligée de l'attentat dirigé contre le représentant d'un gouvernement ami, et que toutes les mesures que les convenances exigeaient auraient été prises sur-le-champ si les intentions de S. M. avaient été fidèlement remplies. L'ambassadeur espère que l'avenir confirmera cette opinion d'une manière éclatante, et qu'une juste réparation prouvera au directoire exécutif de la république française, que S. M. I. forme des vœux aussi sincères que lui, pour le maintien de la bonne intelligence entre les deux nations.

Vienne, le 25 germinal an 6.

BERNADOTTE.

VIII.

Mémoire simulé adressé par l'ambassadeur de S. M. le roi de... à S. M. le roi de..., au sujet de la violation commise contre son caractère public.

Sire,

Le soussigné, ambassadeur extraordinaire de S. M. le roi de..., ayant reçu l'ordre de communiquer à V. M. les sentimens du roi son maître, au sujet de l'arrestation du comte de...,

refugié à l'hôtel du soussigné, et ayant à la fois reçu la copie de la lettre que M. le duc de..., ministre des affaires étrangères, a eu l'ordre d'écrire à M. le comte de..., ambassadeur de V. M. à la cour de..., et dans laquelle les sentimens du roi sont amplement exprimés sur cette affaire, ne croit pouvoir mieux s'acquitter de sa commission, qu'en transmettant à V. M., comme il a l'honneur de le faire par la présente, la copie de la susdite lettre, comme contenant littéralement tout ce qui lui a été ordonné de représenter en cette occasion, sans rien y ajouter de son chef.

Le soussigné, en se promettant de la haute sagesse de V. M., non moins que de sa justice, d'obtenir une réparation proportionnée à l'insulte faite au caractère public dont il a l'honneur d'être revêtu, ose la supplier de vouloir bien le plus tôt possible lui faire connaître la résolution qu'elle aura jugé à propos de prendre dans cette affaire, afin qu'il puisse en rendre compte au roi son maître.

N.

IX.

Lettre du ministre de France accrédité près du Saint-Siége, adressée au souverain Pontife; du 18 juillet 1806.

Très-Saint-Père,

Je remplis le plus honorable et le plus consolant de mes devoirs, en portant à V. S. les voeux que forme l'empereur et roi, mon auguste souverain, pour que les difficultés qui se sont élevées entre S. M. et la cour de Rome soient enfin aplanies. L'empereur regarde comme un des priviléges les plus précieux attachés à sa dignité, celui de protéger l'Église, dont personne ne respecte plus que lui l'heureuse et auguste influence. Mais S. M. a vu avec peine que le Saint-Siége, constamment opposé aux mesures d'une sage et salutaire condescendance, cherchait à contrarier, par d'inutiles refus, des intérêts sur lesquels l'empereur ne peut pas se refroidir, et qu'il n'abandonnera jamais. Quelque désobligeante qu'ait été pour S. M. l'affectation qu'on a mise à ne pas accéder à ses demandes, l'empereur n'a écouté que le désir dont il est animé, de donner au chef de

l'Église un témoignage de sa piété filiale, et une nouvelle preuve de son affection personnelle pour V. S.

Je suis expressément chargé, Très-Saint-Père, d'assurer V. S. qu'elle conservera l'intégrité de ses états si elle veut adopter les mesures que la position de son territoire et la sûreté de l'Italie rendent indispensables.

S. M. demande que V. S. déclare, par un traité ou dans toute autre forme dont on conviendrait premièrement, que tous les ports de l'état pontifical seront fermés à l'Angleterre, toutes les fois que celle-ci sera en guerre avec la France.

Secondement, que les forteresses de l'état romain seront occupées par les troupes françaises, toutes les fois qu'une armée de terre aura débarqué ou aura menacé de débarquer sur un des points de l'Italie.

La reconnaissance de ces principes satisfera S. M. et lui tiendra lieu de toute autre déclaration.

Je viens, Très-Saint-Père, d'énoncer les dernières propositions de S. M., celles sur lesquelles repose la garantie de la puissance temporelle du Saint-Siége, et qui seraient vainement méconnues et rejetées.

Les intentions de S. M. ont évidemment pour objet d'assurer les communications entre la haute et la basse Italie, et j'oserai demander à V. S. : Quel est le souverain qui réunissant, dans cette partie de l'Europe, à d'aussi grands intérêts, une force aussi imposante, bornerait l'exercice de sa puissance à n'exiger comme mesure de prévoyance, pour le cas de guerre, que des conditions aussi simples que celles que je viens d'établir?

Je prie V. S. de permettre que je dépose à ses pieds l'hommage de mon profond respect, et que je lui demande sa bénédiction apostolique.

Rome, le 18 juillet 1806.

ALQUIER.

X.

Lettre simulée adressée par le ministre de l'empereur de... à S. M. le roi de..., au sujet de l'accueil qu'il reçut de ce souverain lors de son audience.

Sire,

J'éprouve le besoin d'exprimer à V. M. la douleur profonde que m'a causée l'accueil si extraordinaire que j'ai reçu d'elle dans ma dernière audience. J'ai le droit de penser, sire, que je n'ai point mérité de perdre l'estime, la bonté, et j'oserai même dire la confiance dont V. M. m'a donné si souvent des preuves qui m'honorent et qui sont la récompense la plus chère de ma conduite toujours franche et ouverte. J'ai pu juger assez de la sensibilité de votre cœur, sire, pour espérer que la froideur que V. M. m'a témoignée se dissipera bientôt, et que je ne serai plus privé des marques précieuses de cette bienveillance dont elle m'a comblé jusqu'à ce jour.

Ma confiance dans la haute sagesse de V. M. ne me laisse aucun doute sur la prudence qui dirigera les ordres relatifs au passage des troupes de..., annoncé pour demain. Cet événement, qui inquiète et afflige peut-être V. M., n'a rien d'alarmant; je prends sur moi de le garantir. J'oserais promettre plus encore.

Si, comme V. M. m'a paru le croire, les troupes de S. M. I. devaient rester pendant quelques jours à..., cette mesure ne serait que passagère; elle n'offrirait aucune apparence de danger, ni pour le présent ni pour l'avenir; elle ne rendrait une conciliation ni moins possible ni moins facile.

Je conjure V. M. d'ajouter foi à ce que j'ai l'honneur de lui dire. J'ai de nouvelles autorisations pour déclarer que S. M. I. souhaite vivement de déterminer, par des voies conciliantes, les discussions qui existent entre la... et la..., et qu'un arrangement si désirable, en resserrant plus étroitement que jamais les liens qui unissent depuis tant de siècles les deux puissances, serait une garantie nouvelle, et certes bien efficace, de la souveraineté de V. M., et de la conservation pleine et entière de ses possessions.

Je supplie V. M. de recevoir avec bonté l'hommage du profond respect avec lequel je suis,

de Votre Majesté,

le très-humble et

très-obéissant serviteur,

N.

XI.

Lettre simulée pour prendre congé, adressée à S. M. le roi de...

Sire,

L'empereur, mon auguste maître, ayant jugé à propos de m'appeler près de lui, et mes nouvelles fonctions s'opposant à ce que je puisse aller prendre congé de vive voix de V. M. et lui témoigner toute l'étendue de ma reconnaissance respectueuse pour les grâces dont elle a daigné mè combler, j'ai reçu l'ordre d'envoyer à V. M., ainsi que j'ai l'honneur de le faire par la présente, la lettre par laquelle il a plu à S. M. I. de me rappeler de sa cour. En transmettant à V. M. cette lettre de l'empereur, je suis chargé de lui renouveler les assurances de l'amitié inaltérable et de l'attachement sincère que S. M. I. lui porte ainsi qu'à sa royale famille.

Que V. M. me permette de mettre à ses pieds l'hommage de mon respect, et de lui exprimer toute la gratitude dont je suis pénétré pour les bontés qu'elle a daigné avoir pour moi pendant le séjour que j'ai fait à sa cour. Je ne saurais trop vous exprimer, sire, combien je m'estimerais heureux si V. M. avait daigné s'apercevoir du soin que j'ai constamment apporté à concilier mes devoirs avec le désir sincère de mériter sa haute approbation.

Puisse la Providence, sire, conserver à vos peuples pendant de longues années le roi éminemment sage et paternel qu'elle leur a donné dans la personne de V. M.

Je suis avec le plus profond respect,

Sire,

de Votre Majesté,

le très-humble

et très-soumis serviteur,

N.

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