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Le suicide n'est pas punissable par nos lois, mais la coopération active à l'acte même du suicide de la part d'un tiers est considérée comme un meurtre. En effet, les lois qui protègent la vie des individus sont d'ordre public, et aucune volonté particulière ne saurait rendre licite le fait que le législateur n'a pas expressément rangé parmi les faits excusables; donc, tout individu qui, pour obéir à la demande ou à l'ordre d'un insensé, lui prète son bras, commet un homicide. Ce n'est plus un complice de suicide, c'est un véritable meutrier.

Du suicide par submersion.

Lorsque l'on opère la levée

du corps d'un noyé, on doit se demander si la mort a été volontaire ou criminelle. Pour résoudre cette question, on doit examiner avec la plus scrupuleuse attention la surface du corps, afin de constater s'il y a ou s'il n'y a point de traces de sévices, car il est imposible qu'un individu soit immergé sans résistance et sans avoir été souvent affaibli par des coups violents.

Cependant, il ne faudrait pas conclure qu'il y a eu crime de ce que l'on reconnaîtrait des écorchures aux doigts d'un noyé ; ce phénoméne, que l'on rencontre quelquefois, est, le plus souvent, le résultat tout à fait accidentel, soit des mouvements opérés par l'individu au moment de la mort, soit du frottement des mains contre le sable ou contre la maçonnerie.

Il faut d'ailleurs décrire avec soin la situation du cadavre, l'état des vêtements et les circonstances locales. Lorsque le corps n'a pas été entraîné par le courant, on constate si le fond est en pente ou à pic et si le lieu où le repêchage a été opéré est plus ou moins éloigné du bord.

L'officier de police appelé à

Du suicide par suspension. constater la mort par suspension, doit examiner la position de chaque partie du corps; indiquer si la corde fait plusieurs tours, quelle est sa direction et sa longueur, à quoi elle est attachée ; s'il existe un nœud coulant, comment il est fait et à quel point du cou il correspond; s'il y a du désordre dans les vêtements et dans les meubles ou objets environnants; s'il se trouve près du pendu un meuble, une chaise ou quelque objet debout ou ren

versé ; si la face est pâle, bouffie ou gonflée; si la physionomie est calme ou si elle exprime la douleur ou la souffrance; s'il découle de la bouche une écume sanguinolente; s'il y a des traces spermatiques sur le linge.

Il examinera ensuite le lien et il décrira le nombre, la forme, la largeur, la profondeur et la direction des sillons qu'il aura produits autour du cou.

On croit encore généralement que la mort d'un pendu ne pourrait avoir lieu si la totalité du corps n'était pas élevée au-dessus du sol; il s'en faut bien qu'il en soit ainsi; les exemples de suicide dans lesquels la suspension était incomplète sont aussi nombreux que bien avérés.

On entend par strangula

Du suicide par strangulation. tion une pression mécanique du cou par une corde, une cravate, ou tout autre moyen capable d'empêcher le passage de l'air et de déterminer l'asphyxie. On distingue l'étranglement de la suspension parce que, dans le premier cas, la constriction est due à une cause active et volontaire, tandis que dans le second elle est opérée par le poids du corps.

Toutes les observations que nous avons faites sur la suspension s'appliquent également à la strangulation.

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Du suicide par arme à feu. Les suicides par arme à feu sont généralement assez faciles à reconnaître. La personne, qui a conçu le projet de se détruire par ce genre de mort, choisit d'abord une arme dont la qualité et les effets lui sont bien connus. Elle double ensuite ou triple mème la charge ordinairement employée, si ce n'est pas en poudre, au moins en balles. Elle dirige son arme sur un point du corps où elle sait que sont placés les organes les plus essentiels à la vie et tombe frappée de mort, par le mode d'emploi le plus meurtrier des armes à feu et par celui qui produit les désordres les plus considérables.

Les conséquences de toutes les précautions employées par les personnes qui se suicident par armes à feu font que l'on doit, dans la grande généralité des cas, trouver des mutilations nom

breuses au front, à la tempe, à la bouche, au voisinage du cœur, lieux d'élection dans ces circonstances.

Pour bien apprécier une blessure par arme à feu, il faut l'avoir sous les yeux, ce qui n'est pas toujours facile parce qu'un bandage a quelquefois été appliqué et que, souvent, il pourrait être dangereux de le lever.

Si la blessure peut être observée, on fera indiquer par le médecin dont on aura requis l'assistance, dans quelle situation on a trouvé le malade, s'il était assis ou couché, affaibli ou encore plein de force. On fera consigner avec soin dans le rapport la nature de la blessure, si c'est une plaie ou une fracture; la partie du corps qui en a été le siège, les diverses complications qui influent sur la gravité, telles que la présence d'un corps étranger, la lésion des nerfs, des vaisseaux ou des viscères.

On saisira les armes à feu et les munitions trouvées sur les lieux, et l'on décrira avec soin leur provenance, leurs apparence et leur état.

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Du suicide par charbon. Le suicide le plus ordinaire chez les femmes est celui qui s'opère par le gaz acide carbonique. Un fourneau de charbon, allumé dans une pièce où l'air ne peut se renouveler, vicie tellement ce fluide, en lui enlevant son oxygè. ne et en le mélant d'hydrogène carboné, qu'une personne qui le respire en est bientôt asphyxiée.

Les symptômes de cette asphyxie sont exactement connus: on éprouve d'abord une grande pesanteur de tète et une céphalalgie intense; il semble que l'on vous comprime les tempes; la congestion cérébrale qui augmente porte au sommeil ou produit des vertiges, des tintements d'oreilles, des éblouissements; les forces musculaires tombent et bientôt on est saisi d'un coma profond qui peut durer plusieurs heures, avant que la vie soit complètement éteinte.

La mort n'est certaine que lorsque la rigidité cadavérique est survenue; il ne faut donc pas hésiter à donner des secours à un asphyxié qui conserve encore de la chaleur.

Dans les cas d'asphyxie volontaire par le charbon, on trouve

presque toujours auprès du défunt des pièces établissant que sa mort ne peut être attribuée qu'à sa propre détermination.

A défaut de pièces de ce genre, il est facile d'ailleurs de constater qu'il n'y a eu ni crime ni délit; il suffit pour cela de tenir compte du soin avec lequel on a fermé intérieurement la chambre où se trouve le cadavre et de la présence dans cette chambre d'un vase contenant des cendres ou des charbons à demi consumés.

Du suicide par empoisonnement. Il est quelquefois difficile de décider immédiatement si la mort par empoisonnement est le résultat d'un suicide ou d'un crime.

En conséquence, il faut recueillir avec soin tous renseignements de nature à bien préciser les circonstances qui ont précé dé, accompagné ou suivi cette mort; on doit aussi s'emparer des substances vénéneuses qui peuvent se trouver sur les lieux et chercher à connaître par qui et pour quel usage elles ont été vendues.

On les place ensuite sous scellé avec tous autres objets suspects ou de nature à éclairer la justice. E. BLANCHET.

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Désinfection d'un cadavre

Avant d'approcher d'un cadavre en putréfaction, il faudra se procurer un baquet dans lequel on mettra 40 grammes d'acide phénique par litre d'eau, et l'on remuera pour le mélanger.

On déploiera ensuite un drap que l'on trempera dans l'eau du baquet, de manière à pouvoir attirer ce drap avec facilité et surtout à pouvoir l'étendre très promptement sur le cadavre.

A cet effet, deux personnes ouvrent le drap, le placent dans le liquide en tenant les bouts qui sont posés sur les bords du baquet; on porte celui-ci à côté du corps en putréfaction, et au même instant le drap mouillé est retiré du baquet et étendu sur le cadavre.

Bientôt après l'odeur putride cesse.

S'il s'est écoulé sur le sol du sang ou tout autre liquide provenant du cadavre, on versera sur ce liquide un ou deux verres d'acide phénique, on remuera avec un bâton, et l'odeur disparat

tra.

Cette opération, toutefois, ne devra pas être exécutée ainsi, dans le cas où les liquides répandus sur le sol pourraient devenir l'objet d'une analyse chimique: alors on en recueillera avec soin la plus grande quantité possible, et, ce ne sera qu'après, que l'on devra procéder à la désinfection du sol, ainsi qu'il a été dit plus haut.

Si l'infection s'est répandue dans les pièces voisines, dans les corridors, escaliers, on arrosera les lieux infectés avec un ou deux verres d'acide phénique et la fétidité cessera. On aura soin de faire arroser seulement avec le liquide contenu dans le baquet le drap qui couvre le cadavre; on empêchera ainsi l'odeur putride de se reproduire.

Aussitôt que le corps aura été enlevé, le drap qui aura servi à la désinfection devra être lavé à grande eau, séché et ployé.

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