Première poésies, 1830-1845

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Charpentier, 1866 - 356 pages

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Page 123 - Sur lui son visage charmant. Pas de courtines festonnées Pour préserver l'enfant du froid. Rien que les toiles d'araignées Qui pendent des poutres du toit. Il tremble sur la paille fraîche, Ce cher petit enfant Jésus, Et pour l'échauffer dans sa crèche L'âne et le bœuf soufflent dessus.
Page 97 - Mais voile-toi, masque sans joues, Comédien que le ver mord, Depuis assez longtemps tu joues Le mélodrame de la Mort. Reviens, reviens, bel art antique, De ton paros étincelant Couvrir ce squelette gothique : Dévore-le, bûcher brûlant ! Si nous sommes une statue Sculptée à l'image de Dieu, Quand cette image est abattue, Jetons-en les débris au feu. Toi, forme immortelle, remonte Dans la flamme aux sources du beau, Sans que ton argile ait la honte Et les misères du tombeau!
Page 141 - D'une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, émail. Point de contraintes fausses! Mais que pour marcher droit Tu chausses, Muse, un cothurne étroit. Fi du rhythme commode, Comme un soulier trop grand, Du mode Que tout pied quitte et prend! Statuaire, repousse L'argile que pétrit Le pouce Quand flotte ailleurs l'esprit. Lutte avec le carrare, Avec le paros dur Et rare, Gardiens du contour pur...
Page 7 - Se refont dans des corps divers. Les ramiers de nouveau roucoulent Au cœur de deux jeunes amants, Et les perles en dents se moulent Pour l'écrin des rires charmants. De là naissent ces sympathies Aux impérieuses douceurs. Par qui les âmes averties Partout se reconnaissent sœurs. Docile à l'appel d'un arome, D'un rayon ou d'une couleur, L'atome vole vers l'atome -Comme l'abeille vers la fleur.
Page 27 - De leur col blanc courbant les lignes, On voit dans les contes du Nord, Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes Nager en chantant près du bord. Ou,, suspendant à quelque branche Le plumage qui les revêt, Faire luire leur peau plus blanche Que la neige de leur duvet. De ces femmes il en est une, Qui chez nous descend quelquefois, Blanche comme le clair de lune...
Page 36 - D'un œil qui n'a jamais pleuré ! PREMIER SOURIRE DU PRINTEMPS Tandis qu'à leurs œuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, II repasse des collerettes Et cisèle des boutons d'or. Dans le verger et dans la vigne, II s'en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l'amandier. La...
Page 33 - Tout amoureux, de sa maîtresse, Sur son cœur ou dans son tiroir, Possède un gage qu'il caresse Aux jours de regret ou d'espoir. L'un d'une chevelure noire, Par un sourire encouragé, A pris une boucle que moire Un reflet bleu d'aile de geai. L'autre a, sur un cou blanc qui ploie. Coupé par derrière un flocon Retors et fin comme la soie Que l'on dévide du cocon. Un troisième, au fond d'une boîte, Reliquaire du souvenir, Cache un gant blanc, de forme étroite, Où nulle main ne peut tenir.
Page 327 - L'ardente solfatare avec la pierre-ponce, Sont moins secs et moins morts aux végétations Que le roc de mon cœur ne l'est aux passions. Le soleil de midi, sur le sommet aride...
Page 345 - Comme du froc sinistre il allonge les plis ! Comme il sait lui donner les pâleurs du suaire, Si bien que l'on dirait des morts ensevelis! Qu'il vous peigne en extase au fond du sanctuaire , Du cadavre divin baisant les pieds sanglants...
Page 228 - L'ange qui l'emmena Ne voulut pas me prendre. Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour, s'en aller sur la mer ! La blanche créature Est couchée au cercueil.

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