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En signalant les services qu'ont rendus les partis, aussi bien que leurs fréquentes erreurs, l'histoire contemporaine, abordée avec sincérité, doit contribuer à rapprocher les esprits et produire un apaisement en modifiant des impressions résultant d'une connaissance imparfaite ou inexacte des faits.

Il serait fastidieux d'énumérer ici les sources où nous avons puisé nos renseignements; on les trouvera citées au fur et à mesure par des renvois en note. Nous tenons cependant à mentionner parmi les travaux qui nous ont été le plus utiles, les Politische Jahrbücher du savant professeur Hilty, les mémoires inédits du Landammann Monod, que son arrière-petit-fils, M. Monod-d'Albis, a eu l'extrême obligeance de nous communiquer, et les ouvrages de MM. de Tillier, Monnard, Snell, J. Cart et de Goltz. Nous avons consulté, outre les documents officiels, d'anciens journaux et des collections de brochures conservées soit dans les bibliothèques publiques, soit dans celle de feu l'historien Vulliemin.

Nous ne nous dissimulous pas les imperfections

Le quatrième tome des Politische Jahrbücher des Schweizerischen Eidgenossenschaft (1889) contient trois chapitres d'un haut intérêt, intitulés der Pariser Kongress, der Turiner Vertrag et das Ende der Revolutionszeit. Malheureusement la partie de notre ouvrage consacrée à ces sujets était déjà imprimée, lorsque le dernier volume de M. Hilty a paru.

que présentent nos Essais historiques. A première vue, l'on trouvera peut-être que la narration a été chargée d'un excès de citations et de notes donnant à l'œuvre l'apparence d'une mosaïque; elles peuvent, du reste, être laissées de côté sans que pour cela le lecteur perde le fil du récit. Si, au lieu de les résumer sommairement, ce qui eût été préférable au point de vue de l'unité du style, nous avons tenu à insérer dans leur teneur exacte un grand nombre de documents officiels et d'appréciations formulées par des auteurs contemporains des événements que nous avions à raconter, c'est afin de laisser le lecteur se pénétrer mieux luimême de l'esprit de l'époque. Malgré ses défauts, nous osons espérer que notre ouvrage, en condensant des faits dont la réunion exige de longues recherches, rendra pourtant quelques services.

D'autres viendront après nous et sauront sans doute présenter les mêmes sujets sous une forme moins aride.

Lausanne, décembre 1889.

B. VAN MUYDEN,

avocat.

LA SUISSE

SOUS LE PACTE DE 1815

I

ENTRÉE DES ALLIES EN SUISSE

La Suisse sous l'Acte de Médiation.

L'Acte de médiation, donné en 1803 par le premier Consul, avait procuré à la Suisse dix années de tranquillité et de bonheur relatif. Tandis que, autour d'elle, sévissait la guerre, elle jouissait d'une existence paisible. Toutefois, elle avait perdu son indépendance politique; la France en avait fait son alliée, mais en échange Bonaparte avait exigé la signature d'une capitulation militaire par laquelle elle s'engageait à lui fournir un corps de 16,000 hommes toujours au complet et à ne conclure de capitulation avec aucune autre puissance. Etant données les guerres de l'empire qui décimaient continuellement les régiments capitulés, cette charge mettait presque la Suisse dans l'impossibilité de se constituer une armée nationale. La Confé

dération avait été contrainte aussi d'adhérer au système commercial de la France, toutes les marchandises et les denrées coloniales de provenance anglaise étaient prohibées, de sorte que son existence matérielle et politique dépendait du bon plaisir de sa puissante voisine.

Napoléon avait cependant rendu un service en interposant son autorité entre les partis unitaire et fédéraliste qui divisaient la Suisse. En présence du mécontentement général qu'avait suscité l'établissement de la république une et indivisible, il avait renoncé à lui imposer une organisation calquée sur celle de la France et s'était rendu compte que la forme fédérative était celle qui convenait le mieux à un pays où la langue, la religion et les mœurs variaient d'une contrée à l'autre. Par contre, il avait senti la nécessité de donner satisfaction aux voux des unitaires en assurant l'égalité des droits et en faisant résider la souveraineté nationale dans l'universalité des citoyens, sans distinction de famille. C'était une transaction entre les idées de l'ancien régime suisse et celles de la révolution française, que, dans l'état des esprits, une main étrangère pouvait seule imposer.

Après la proclamation de l'Acte de médiation, les petits cantons avaient repris leurs landsgemeindes et les grands cantons se trouvaient régis suivant les formes du gouvernement représentatif. La Confédération était composée de dix-neuf Etats, auxquels il était interdit soit de se faire la guerre, soit de s'allier entre eux, soit de s'allier avec des puissances étrangères. Le pouvoir central de la Confédération était confié tour à tour à l'un des six cantons directeurs (Fribourg, Berne, Soleure, Bale, Zurich et Lucerne). La Diète

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