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quatre

plâtre;mais ce peut être un prétexte pour employer la latte blanche qui leur coûte moins que l'autre. Dans la forêt d'Orléans, on fait des échalas avec cette tranche. Les lattes à ardoise fe fendent comme celles pour la tuile; elles ont de même pieds de longueur, environ deux lignes & demie d'épaiffeur; mais comme elles doivent avoir 3 pouces & demi ou 4 pouces de largeur, il faut que la tranche fgde (Fig. 3), ait 4 pouces d'épaiffeur, ce qui oblige de choisir des arbres plus gros, & fouvent on renonce à faire des échalas au- deffus de la tranche fg, & en ce cas la ligne ƒg; eft placée au bord de l'aubier, & l'on tire de la latte de la tranche de, ab: les bottes de lattes voliches ne font que de 25 lattes.

A l'égard du triangle hikl, (Fig. 3), on a coutume d'en faire des échalas: nous remarquerons en paffant, que les lattes qu'on emploie en échalas font peu eftimées, non-feulement parce qu'elles font d'un demi-pied plus courtes que les autres mais encore parce que celles qui font prifes dans la tranche acee (Fig. 2), ne font prefque entiérement que de l'aubier.

§. 9. Comment on fend le douvain, le merrain ou traverfin, c'est-à-dire, les douves ou douelles de fond, & celles de long pour les futailles.

LA maniere de fendre les douves ou douelles pour les futailles, differe peu de celle que nous avons expliqué pour les lattes.

Il faut choisir du bois de belle fente qui ne foit point trop gras il eft néceffaire que les rondines foient d'autant plus groffes, qu'on a à faire des douves pour de plus groffes pieces, parce que celles qui font deftinées pour de groffes futailles, font ordinairement plus larges que celles qu'on doit employer pour des barrils, & qu'on prend toujours la largeur des douves dans le même fens que les lattes de la Figure 3; il eft évident la largeur des lattes quarrées, étant de 15, 16 ou au plus 18 lignes, elles peuvent être prifes dans un arbre moins que les douves qui ont 4, 5 & même 6 & 7 pouces de largeur.

que

gros,

Les Tonneliers ne trouvent jamais le merrain trop large, parce qu'il avance d'autant plus leur ouvrage; néanmoins plus les douves de long font étroites, meilleures en font les futailles ; & j'en ai vu de très-belles dont les douves n'avoient que 2 pouces, 2 pouces & demi ou 3 pouces de largeur.

J'ai dit qu'il falloit choisir pour le merrain des arbres de belle fente on en fentira la néceffité, quand on fera attention que les futailles qui ne font affemblées qu'à plat-joint, doivent contenir des liqueurs précieufes, affez exactement pour ne point courir rifque qu'il s'en perde dans les tranfports or des nœuds qui donneroient aux douves des contours irréguliers, ou qui occafionneroient un défaut de bois, ne conviendroient point à un affemblage exact à plat-joint, furtout pour des planches qui n'ont qu'une petite épaiffeur.

Les futailles qui feroient faites avec du bois perméable aux liqueurs, occafionneroient un grand coulage; c'est pour cela qu'on n'y emploie aucuns bois blancs, tels que Saule, Tremble, Peuplier, Tilleul, &c : on n'emploie communément pour les futailles qui doivent contenir du vin ou de l'eau-de-vie, que

du Chêne.

Dans le Limoufin, l'Angoumois, &c, on fait de très-bonnes futailles avec le jeune Châtaigner; j'ai vu de groffes tonnes faites avec de l'Acacia; enfin dans les Provinces méridionales du Royaume, on fait du merrain avec le Mûrier blanc.

On rebute le Chêne qui eft trop gras, non-feulement parce que ce bois eft perméable aux liqueurs, mais encore parce que comme il eft fort caffant, quelque douve pourroit fe rompre, lorsqu'on roule des pieces pleines fur un terrein dur où elles pourroient rencontrer un caillou."

Le bois de Chêne extrêmement gras, prend une couleur rouffe bien différente du bon Chêne dont le bois eft prefque blanc; c'eff pourquoi il eft défendu par les Statuts des Tonneliers d'Orléans, d'employer pour les futailles où l'on renferme des liqueurs, aucunes douves de bois rouge ou vergeté, excepté la douve du bondon qu'il leur eft permis de mettre de

ce bois...

Cccc ij

Dans les Ports où l'on fait de groffes recettes de douvain, outre les marques extérieures qui font juger de la qualité du bois, on éprouve les douves en les frappant le plus fortement qu'il eft poffible fur l'angle d'une enclume ou d'une groffe pierre fort dure: alors fi elles réfiftent à ce coup, ou fi elles fe rompent, on juge de la qualité de leur bois par les éclats qu'elles forment: fi elles rompent net & fans éclats, c'est signe que le bois eft gras ; & quand il eft trop gras, on le rebute. Il eft bon que ceux qui font exploiter des bois, foient avertis des défauts qui pourroient empêcher les Tonneliers d'acheter leur merrain, afin qu'ils évitent de laiffer employer à cet usage certains bois qui n'y feroient pas propres.

On fait néanmoins à deffein du merrain & du traversin avec du Chêne rouge très-gras, avec du Hêtre, ou même avec des bois blancs; mais ces douves ne font propres qu'à faire des tonnes pour le fucre, des barrils pour renfermer de la clincaillerie ou d'autres marchandises feches; & pour ces objets, où l'exactitude n'eft pas auffi néceffaire que quand il s'agit de contenir des liqueurs, on tient les douves fort minces.

Enfin, quand on a choifi le bois convenable à l'usage qu'on veut faire des futailles, on coupe les billes plus ou moins longues, fuivant la grandeur des tonneaux qu'on fe propofe de conftruire. On fend d'abord les billes par quartiers, comme quand on veut faire de la latte; mais comme il arrive fouvent que les billes font trop courtes pour des échalas ou des lattes, dans les parties qu'on n'emploie pas en merrain, on fait enforte que le fegment qu'on fait au-deffus de fg, (Fig. 3), emporte tout l'aubier, parce qu'il eft important qu'il n'y en ait abfolument point dans les douves. On leve enfuite une tranche femblable fg de, à laquelle on donne la largeur que les douves doivent avoir; enfin on divife cette tranche, fuivant les lignes 1, 1, 2, 2, &c, en obfervant de donner aux douves une épaiffeur proportionnée à leur longueur.

A l'égard des tranches h,i, k, l, on peut les couper de longueur, & les fendre pour en faire des gournables ou chevilles, pour la conftruction des Vaiffeaux, fuppofé toutefois que ce

bois foit bien fain, & ne foit pas gras; car dans les recettes des gournables, les prépofés font très-difficiles fur la qualité du bois, & ils rebutent abfolument celui qui a quelque marque

de retour.

Comme l'induftrie du Fendeur confifte à employer utilement tout fon bois ; s'il ne peut pas trouver dans la tranche de ab, (Fig. 3), des douves pour de groffes futailles, il essayera d'en débiter pour des barrils, ou des lattes voliches qu'on emploie fur les jointures des batteaux, ou pour des ouvrages de moindre conféquence; car ces fortes de billes font trop cour tes pour les débiter en lattes propres aux Couvreurs.

Quand le douvain eft fendu, le Fendeur le dégauchit groffiérement avec le grand coutre à un bifeau: on le vend en cet état aux Tonneliers, qui le dreffent fur le plat avec la doloire, & fur le chant avec leur colombe; ces opérations font partie de l'art du Tonnelier dont il n'eft pas ici queftion.

§. 10. Tarif de la longueur, largeur & épaiffeur du traverfin & du merrain pour quelques futailles de différentes grandeurs.

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Demi-queue.

Merrain.

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30 pouces. 7 pouces.

à 6

pouces.

36 à 37 pouc.5 7 à 9 lignes. Traversin. 24 à 25 pouc.5 à 8 pouces. 17 à 9 lignes.

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Les Fendeurs ont foin de mettre de côté les pieces les plus courtes ou celles qui font échancrées par les bouts , parce

qu'elles peuvent être employées à faire des chanteaux ou accoinfons pour les fonds.

Comme les jauges varient felon les différentes Provinces, on doit proportionner la longueur des douves à celle des futailles, qui font le plus en ufage dans le pays où l'on en doit faire la confommation.

Quand les Tonneliers n'emploient que des douves étroites, leur ouvrage en eft bien meilleur; mais auffi leur prix doit être moindre que celui des plus larges, parce qu'il en entre beaucoup plus que de celles-ci dans la conftruction d'une futaille. A Orléans, les Tonneliers achetent ordinairement le merrain au millier, afforti & compofé de 1400 douelles ou douves de long, & 700 de douves de fond, propres à faire des maîtreffes pieces & des chanteaux.

Le merrain pour les demi- queues, jauge d'Orléans, a deux pieds 6 pouces de longueur, 5 à 6 pouces de largeur: le traversin a 2 pieds de longueur fur 6 à 7 pouces de largeur; l'épaiffeur de toutes ces douves, tant de long que de fond, eft de 5, 6 ou 7 lignes au fortir des mains du Fendeur.

Les Tonneliers ont grande attention de flairer les douves avant de les employer, pour s'affurer fi elles n'ont aucune mauvaise odeur; car comme ils répondent du vin qui contracteroit un goût de fût dans les futailles qu'ils vendent, il leur eft important d'éviter cette perte. Il m'eft arrivé d'avoir fait remplir de bon vin, des tierçons que j'avois fait faire avec des douves puantes que les Tonneliers avoient rebutées ; & ce vin n'y a pris aucun goût: il eft cependant certain qu'il y a des futailles qui gâtent le vin; mais je puis affurer que ni les Fendeurs ni les Tonneliers n'ont point de méthode fure pour les connoître parfaitement : ils rebutent abfolument les douves faites avec du bois du pied des arbres où il s'eft trouvé des fourmillieres, quoiqu'il ne foit pas certain qu'elles puiffent gâter le vin.

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