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c'est-à-dire, bien paralleles à l'horizon, afin que les quatre faces fe coupent exactement à angle droit.

Si la piece n'a aucune courbure, on jette un coup de ligne fur les faces qui ont été parées en premier lieu, & l'on fait enforte qu'elles n'avivent pas trop la piece, mais qu'il paroisse des défournis & un peu d'aubier aux angles, pour faire voir au Marchand que la piece n'a pas été trop frappée sur ses quatre faces.

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Les lignes c, c (Fig. 2) étant jettées, & les entailles dd étant faites de diftance en diftance, on emporte les entre-deux ff, comme nous l'avons déja dit, en prenant foin que gnée n'entre point trop dans la piece, & que les faces foient bien perpendiculaires à l'horizon; car quand un mauvais Ouvrier ne conduit pas fes faces à plomb, les Charpentiers sont obligés d'ôter beaucoup de bois lorfqu'ils les travaillent pour les mettre en œuvre, ce qui les affoiblit. Au refte, il eft facile de s'appercevoir de ce défaut, en présentant une équerre sur les angles de la piece équarrie.

Il arrive quelquefois qu'on a befoin que certaines pieces foient beaucoup plus groffes par un bout que par l'autre ; par exemple, pour faire des meches de cabeftans (Fig. 3), des arbres tournants de moulin (Fig. 4. A), des jumelles de preffoir (Fig. 5), &c; dans ce cas, on fait enforte que les lignes c, c (Fig. 2) fe rapprochent vers le petit bout, ou bien on fait une retraite vers a ( Fig. 3), & l'on équarrit féparément la partie ba, & la partie c a.

D'autres fois on équarrit méplat une piece, comme on en peut voir la coupe ab cd (Pl. XXXIV. fig. 2): on verra dans la fuite qu'il y a des circonftances où cette façon d'équarrir est très-avantageuse; par exemple, pour les bordages & les précintes; comme il faut que ces pieces foient à vive-arrête, il faut que les plançons qui doivent fournir ces pieces n'aient point de défourni, ce qui fait qu'il eft fouvent avantageux de les débiter méplat. Il y a à la vérité un peu à perdre fur le cubage; car en fuppofant que la piece quarrée e f g h (Pl. XXXIV. fig. 1), ait 16 fur 16, la furface de fa coupe fera de 256; au

lieu que la piece méplate a b c d (Fig. 6), ayant 19 fur 13, la furface de fa coupe ne fera que de 247; ce qui fait 9 pouces de moins, qui fe multiplient dans toute la longueur; mais auffi on a moins de défournis, & les bordages font plus larges; d'ailleurs, on peut lever à la fcie, aux côtés en IK, deux bordages, & deux croûtes L M, qui payeront bien leur façon; enfin fi cette piece étoit chargée dans le fens LM, elle feroit plus forte, même que la piece e f g h (Fig. 1). Nous aurons occafion de parler ailleurs plus en détail de cette façon de dé

biter les bois.

ARTICLE. Façon d'équarrir les Bois courbes:

CES fortes d'arbres exigent plus d'attention de la part des Ouvriers que les bois droits; mais comme ils font très-précieux pour la Marine, ils méritent qu'on prenne à leur égard ces foins particuliers.

A moins que ces bois n'aient une courbure très - confidérable, on doit chercher à leur en donner plus qu'ils n'en ont naturellement, ayant cependant attention d'éviter de trop tran cher les fibres du bois.

Pour y parvenir, après avoir paré la piece (Pl. XXXIII. fig. 13) fur fon droit, & lui avoir formé deux faces oppofées, comme je le dirai bien-tôt, on trace fur cette piece un trait efg du côté qui eft convexe; on charge la ligne fur les bouts e & g, & l'on fait enforte que fon milieu fapproche le plus qu'il eft poffible de l'écorce, comme on le voit dans cette figure. Pour tracer réguliérement ce trait, on pique dans la piece en différents endroits, des pointes de fer fur lesquelles on couche le cordeau, ou, encore mieux, on fe fert d'une regle très-mince & flexible qu'on fait porter fur toutes ces pointes; puis on trace avec de la craie la ligne h fi, & l'on fait enforte de lui donner la courbure la plus réguliere qu'il eft poffible.

Lorfque la courbure extérieure & convexe eft bien formée, elle fert à tracer la courbure concave ou intérieure a db; on

a foin qu'il refte des défournis en a & en b, & que la piece foit plus frappée en d.

A l'égard du parage de ces pieces fur le plat, j'ai déja dit qu'il fe faifoit comme aux pieces droites; on les frappe feulement davantage comme quand on veut équarrir méplat, afin de leur donner plus de largeur pour que les Charpentiers puiffent y promener leurs gabaris, & augmenter ou diminuer la courbure fuivant que les circonftances l'exigent. Ainfi on peut donner comme un principe général de l'exploitation des bois courbes, qu'il faut beaucoup les frapper fur le plat, & ôter très-peu de bois aux furfaces courbes; c'eft pour cela qu'on eft dans l'ufage de commencer par travailler les deux furfaces droites ; les courbes en deviennent plus aifées à travailler, & l'on y emporte peu de bois : on laiffe, par exemple, tout le bois gb & ea (Fig. 13).

Les pieces qui ne peuvent s'aligner droites dans aucun fens ne font pas d'une grande utilité, ni pour la charpente, ni pour

la conftruction des vaiffeaux: on verra néanmoins que ces courbures fur deux fens, quand elles ne font pas considérables, ne doivent point faire rejetter les groffes pieces; qu'on les débite en plançons pour les bordages; & que cette courbure en deux fens devient très-précieufe, quand elle peut fervir à faire des barres d'arcaffe ou des liffes d'ourdi.

Quoique les Ouvriers qui débitent les bois dans les forêts, foient fuppofés favoir à peu-près quelle peut être la destination des pieces qu'ils travaillent; ce font cependant les Charpentiers qui affignent leur véritable destination; ainfi il ne faut regarder ce que nous allons dire fur les dimenfions des pieces que comme des à-peu-près.

CHAPITRE II.

Dimenfions des Pieces qu'on débite pour les Bâtiments civils.

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On doit ménager aux pieces toute la longueur qu'elles peuvent porter; cependant voici les longueurs qu'on a coutume dans les forêts, de donner aux pieces qu'on deftine à la charpente, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24, 27 & 30 pieds, & ainfi en augmentant de 3 en 3 pieds; rarement en fait-on au-deffus de 24; de même qu'on ne débite point de bois quarré au-deffous de 6 pieds.

A l'égard de leur équarriffage, ceux qui n'ont que 3 pouces & demi ou 4 pouces, font réfervés pour les chevrons de rempliffage, & jambeues ou aiffeliers; on fait auffi des jambettes & des aiffeliers de 4 & 6, ou de 5 & 7, pour les chevrons de ferme qui portent ce même équarriffage : ainfi que leurs contrefiches : on fait encore des coyaux & des empanons avec des bois de 4 pouces d'équarriffage. Les bois qui en ont 5 & 6, s'emploient pour les entraits, les fablieres des petits bâtiments & les cloifons.

Les plates-formes ont affez souvent 4 & 6 jusqu'à 4 & 12 pouces; les bois qui portent 7 & 8 pouces, font d'un grand ufage on les emploie pour les faîtes & fous-faîtes des grands bâtiments, chevrons de crouppe, leurs entraits, pannes & fablieres, arrêtieres, liens, jambettes, coyaux, liernes, &c.

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Suivant la grandeur des appartements, on emploie des folifoliveaux & chevêtres, tantôt de 4 & 6, tantôt de 5 & 7, ou même de 10 & 11 pouces, lorfqu'on y emploie de fortes folives & qu'on fupprime les poutres.

On donne aux poutres depuis 15 pouces jufqu'à 24, suivant leur portée & la charge qu'elles doivent foutenir.

A l'égard des limons d'efcaliers, leur force & leur longueur

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varient beaucoup : les Charpentiers les prennent dans les pieces qui approchent le plus des dimensions qu'ils jugent convenables.

Je ne parle point non plus des bois courbes qu'on emploie pour les ceintres, les plafonds, &c, parce que leur courbure varie beaucoup à l'égard des plafonds, on les forme prefque toujours de pieces prefque droites, que l'on taille felon les courbes requifes.

Il ne faut pas croire que les bois dont je viens de donner les dimenfions, foient toujours employés aux ufages indiqués: un chantier qu'on garniroit de pieces de chacune de ces dimensions, feroit réputé bien afforti pour les bâtiments civils. ARTICLE I. Des principales Pieces pour les Preffoirs.

DANS les bois qui fe trouvent à portée des vignobles, où des endroits où l'on fait du cidre, on fera bien de conferver les principales pieces qui peuvent fervir aux preffoirs.

Les anciens preffoirs étoient prefque tous à arbre ou à levier; mais comme il eft difficile de trouver des pieces de 42 ou 46 pouces d'équarriffage, & de 25 à 28 pieds de longueur, prefque tous les preffoirs qu'on fait maintenant, font à roue ou à étau; ainfi nous ne parlerons ici que de ceux-là. Voici quelles en font les pieces les plus précieuses; car les autres fe peuvent prendre dans les affortiments ordinaires de bois quarrés.

Les jumelles (Pl. XXXIII. fig. 5), doivent être de Chêne & pivotées, parce que le bas A doit avoir au moins deux pieds d'équarriffage : le corps B, dans une longueur de 10 pieds, porte 14 à 15 pouces d'équarriffage ; & au-deffus il doit y avoir une tête C, de 3 à 4 pieds de longueur, & de 18 à 19 pouces de groffeur. On n'équarrit pas cette partie à vive-arrête, non plus que la culafse A, afin de ménager la groffeur de la piece, & fouvent on profite d'un fourchet pour former cette tête : la longueur totale des jumelles doit être de 18 à 20 pieds.

Il faut des pieces de 13 à 14 pieds de longueur, & de 12 à

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