qu'on devrait regarder comme un pronostic de fanté les efforts paffagers & convulfifs que la fièvre occafionne, & qui font les avant-coureurs d'une faibleffe prochaine.

TOUTES les fois que l'intérêt de l'argent 'diminue, il s'enfuit une multitude d'inconvéniens que j'expliquerai plus amplement ciaprès, & dont le réfultat fera une diminution dans la confommation de tous les objets de néceffité, ce qui attaque à la fois la Population & la profpérité futures.

C'EST donc un principe effentiel dans la Finance, d'éviter tout ce qui peut contribuer à faire hauffer les intérêts, & de maintenir autant qu'il eft poffible, la circulation naturelle de l'argent, ainfi que fa qualité productive, qui feules peuvent directement le faire baiffer.

IL fuit également de ces principes, que la circulation de l'argent dans un Etat, doit être entretenue dans une activité continuelle à travers les canaux que forment le Commerce & l'Industrie, & que, permettre d'en accumuler une partie dans le Tréfor de la Nation, c'est annoncer & dire au Gouvernement mal inftruit que cette portion mérite le nom de fonds morts que naturellement on lui donne.

ON

ON doit reconnaître encore comme faux principe, d'accélérer la circulation dans une partie & de la retarder dans une autre ; & finalement les foins de tout Gouvernement doivent tendre à lui procurer un cours régulier dans toutes les parties du corps politique, afin d'établir une jufte proportion dans l'effet de fon influence falutaire.

J'AI déjà dit que la circulation de l'argent augmentait la profpérité d'un Etat, en augmentant fon Industrie avec fa consommation & fa Population; mais, comme on pourrait craindre qu'il ne réfultât même de mauvais effets de cette circonftance, fans un accroiffement proportionnel dans les Signes représentatifs, il eft néceffaire d'obferver que la balance du commerce étranger, eft non-feulement l'aiguillon principal qui donne un accroiffement à l'Induftrie, mais qu'elle produit encore les moïens de le maintenir.

LES Gouvernemens éclairés ajouteront à ces moïens l'exploitation des mines & l'introduction du Papier-monnoïe. .

CETTE dernière ressource eft fans doute fort ingénieufe, mais la ftabilité de fon emploi

D

dépend de la folidité de fes principes; fa fûreté s'affaiblit en proportion de fon étendue, & elle fe détruit bientôt comme la matière phifique dont l'argent eft compofé.

LA France, dans le temps du Sistême, & l'Amérique, pendant la dernière révolution, ont éprouvé les funeftes effets de fon ufage immodéré,

SANS vouloir fixer les limites jufqu'où chaque Etat peut étendre avec fûreté la circulation du Papier-monnoïe, je me contenterai d'obferver que celles de la Grande-Bretagne font, par la nature de fon Gouvernement, de la plus grande étendue.

'APRÈS avoir expliqué l'origine, l'avantage & les effets de la circulation réglée de l'argent, je dois examiner avec foin la nature des Taxes & l'effet de leur action dans les Signes repréfentatifs.

CINQUIEME SECTION.

Des Contributions annuelles, ou des

Taxes.

LES Contributions annuelles doivent être confidérées collectivement ou féparément.

Sous le premier point de vue, l'on peut les définir un moïen par lequel le Gouvernement fait contribuer chaque individu aux dépenfes d'un Etat, en impofant un droit fur chaque production & fur chaque article de confommation.

DANS le fens particulier du mot, les contributions font des fommes fpécifiques, levées fur des objets particuliers.

La dénomination de Taxes a été adoptée dans la Grande-Bretagne, comme une indication de l'acte qui réfide dans le pouvoir du fouverain.

CETTE manière de faire contribuer chaque individu aux befoins de l'Etat, remonte à l'Etabliffement primitif de la fociété parmi les hommes : elle est un droit naturel des Chefs,

à caufe des dépenfes auxquelles les oblige la protection qu'ils doivent à leurs fujets ; & ces Taxes, dans l'origine, ont dû fe lever en Nature.

LE principe de cette levée était alors fimple & jufte, il était en même temps fondé en raison & falutaire dans les effets.

CETTE claufe du contrat focial paffé entre les hommes, aurait mérité la dénomination de Support durable pour toutes les Nations, s'il ne s'était gliffé dans tout le Siftême un abus qui corrompt les Etabliffemens les plus fages, & fi l'on n'avait pas converti cette reffource falutaire en un poifon le plus corrofif & le plus violent pour l'Etat & pour les Individus.

JE ferai voir plus bas par quelle chaîne d'évènemens ce changement a eu lieu, & comment ce moïen a été privé de l'avantage, qui lui était devenu naturel, d'être la bafe du fupport, en le faifant fervir de fupport luimême.

CETTE malheureufe erreur s'eft propagée jufqu'à ce jour, parce que les hommes ont