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leur nature symptomatique en acres, irritants, caustiques, narcotiques, narcotico-acres, anesthésiques, tétaniques ou convulsivants, septiques, hyposthéniques et hypersthéniques.

IX. Les lésions, nulles ou peu évidentes lorsque la mort est instantanée, sont, en général, en rapport avec la nature symptomatique des effets: avec les poisons âcres, caustiques, elles siégent dans le tube intestinal, sont de nature inflammatoire, et le sang est noir, gélatineux : avec les narcotiques, le cerveau, ses vaisseaux, ses membranes sont congestionnés avec les narcotico-acres, elles participent des deux genres de lésions précédentes: avec les anesthésiques, ce sont celles qu'on observe dans la syncope, l'asphyxie avec les tétaniques, la moëlle épinière, ses membranes sont congestionnées, enflammées et les poumons engoués; enfin les poisons septiques rendent le sang incoagulable, brun-verdâtre, très-putrescible, ainsi que les organes. Dans la plupart des cas, lorsque l'intoxication se prolonge, les poumons sont plus ou moins congestionnés. X.-Quel que soit l'effet des poisons, leur mode d'action est, en définitive, chimique ou dynamique.

XI.-La prophylaxie des empoisonnements se déduit de la connaissance des circonstances dans lesquelles ils peuvent se produire. Quant à la thérapeutique, il y a deux indications fondamentales: 1° s'opposer à l'absorption du poison; 2o en combattre les effets. On satisfait à la première par des lotions, la cautérisation, les ventouses, si le poison a été appliqué à l'extérieur; en secondant, provoquant les vomissements, les selles ou par la pompe gastrique, s'il a été donné à l'intérieur; par l'insufflation, à l'aide d'une sonde, ou en rappelant la respiration par les stimulants, la faradisation dans les cas d'intoxication par la voie pulmonaire; enfin, en donnant un contre-poison dont l'effet repose sur l'action chimique. Pour combattre les effets, on se dirige, d'après les indications les plus importantes, déduites de la nature symptomatique des effets, en combinant le traite

ment local et général, en secondant la nature pour l'élimination du poison, réparer les désordres organiques et fonctionnels qu'il a produits.

XII.-Le pronostic est d'autant plus grave que le poison est plus actif, l'estomac vide, les vomissements moins prompts, la surface où il est déposé plus absorbante; que les effets locaux sont de nature désorganisatrice, èt les effets généraux portent sur les organes les plus importants; que l'état hyposthénique, comatique, tétanique sont plus intenses; que le traitement a été moins bien administré.

XIII. La toxicologie est une science complexe, qui a surtout pour but la connaissance des effets des poisons, leur recherche dans les matières suspectes. Comme il est impossible d'établir une classification à la fois sur ces deux bases, il faut adopter une méthode d'exposition qui les concilie en quelque sorte. MM. Orfila, Devergie, Christison ont pris pour base les effets, d'autres toxicologistes, l'analogie naturelle ou chimique. Sous le rapport légal, cette dernière nous paraît préférable; les deux sont également bonnes, selon qu'on envisage les poisons sous le point de vue chimique ou médical.

XIV. Le diagnostic se déduit des circonstances dans lesquelles l'empoisonnement s'est effectué, en combinant les données fournies par les symptômes, les lésions, l'analyse chimique. Il importe, surtout dans un cas légal, d'éviter les causes d'erreur résultant des réactifs, des états morbides, des poisons normaux, accidentels, etc.

XV.- Les questions toxicologiques les plus importantes, les plus générales, concernent la terre des cimetières, les poisons normaux, accidentels, d'imbibition, la quantité, la valeur des expériences et observations sur les animaux.

XVI.- Les rapports toxicologiques concernent surtout la constatation des effets, la levée de corps, l'autopsie, les exhumations, la recherche des poisons dans les matières alimentaires, des déjections, la falsification des aliments,

des boissons, des condiments, les taches de sang, du sperme, etc., la coloration des cheveux, etc.

XVII.-L'expert toxicologiste doit être également versé dans les sciences physiques et médicales, avoir un jugement sûr, un cœur droit, un caractère ferme, être inacceseessible à cette vaine gloriole de renommée que peut donner une cause retentissante; il ne doit enfin que la vérité,

Il résulte des conclusions précédentes que la toxicologie peut se constituer comme science, former un enseignement doctrinal, car elle a :

1° Sa PHYSIOLOGIE: Les connaissances relatives à l'absorption, au séjour, à l'élimination des poisons.

2o Son ETIOLOGIE : Les moyens d'investigation, des méthodes analytiques pour déceler les plus petites traces de poison dans les organes.

3° Sa PATHOLOGIE : Les données relatives aux effets, aux lésions, au mode d'action des poisons, au pronostic.

4o Sa THÉRAPEUTIQUE : Les moyens de retarder l'absorption des poisons, de les neutraliser, d'en combattre les effets.

5° Sa CLASSIFICATION Qui ne paraît imparfaite que parce qu'elle ne peut être établie à la fois sur les deux objets de cette science, les effets, l'analogie chimique ou naturelle des poisons.

6o Son DIAGNOSTIC : Les données pour distinguer l'empoisonnement de tout autre état morbide, éviter les causes d'erreur relatives au poison.

7° Parce qu'enfin la toxicologie possède les données suffisantes pour la solution des questions qui peuvent se présenter dans les débats et les rapports, résoudre, sous le point de vue chimique et médical, une question d'empoisonnement, éclairer, sous le point de vue légal, le magistrat, le jury sur les circonstances relatives au crime, au délit.

FIN DE LA TOXICOLOGIE GÉNÉRALE.

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