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actes réputés crimes ou délits chez tous les peuples, et si l'on croyait absolument indispensable de donner des secours à de tels hommes, du moins devaient-ils être transitoires et affectés sur les fonds secrets!

Quoiqu'il n'y eût point là de proposition formelle faite à la Chambre, le ministre de l'intérieur crut devoir faire observer que les secours ou pensions en question avaient été votés depuis six ans, comme ceux donnés à d'anciens pensionnaires de la liste civile qui avaient pris part dans les troubles de l'Ouest; que le Gouvernement n'entendait pas donner par-là d'adhésion à la révolte, mais seulement venir au secours des infortunes, et que quant à l'idée d'affecter ces sortes de dépenses sur les fonds secrets, ce serait en changer l'application spéciale et faire l'aveu implicite que le ministère avait demandé aux Chambres beaucoup plus que les besoins du service n'exigeaient.

Là se bornèrent les observations critiques, et les deux lois qui composaient le budget de 1358 furent votées successivement dans la même séance; celle des dépenses, par 97 voix sur 104 votans; celle des recettes, par 95 voix sur 102 votans, contre une minorité de 7 voix, dans les deux scrutins.

Dès le lendemain 13 juillet une proclamation royale, portée aux deux Chambres par les ministres, leur notifiait la clôture de la session de 1837.

Arrivé à la fin de cette longue et laborieuse session, il faut en reconnaître, en apprécier les résultats.

De tous les projets de lois présentés dans le premier mois de la session par le ministère du 6 septembre, projets d'intérêt politique ou matériel, général ou privé, permanent ou transitoire, si nombreux d'ailleurs que plusieurs sessions, dans la température politique la plus calme, n'auraient pu suffre à les mener à bonne fin, quelques-uns seulement avaient subi l'épreuve complète de la discussion législative; et la plupart

étaient restés dans les cartons des commissions; quelquesuns, discutés ou même votés dans une Chambre, étaient allés mourir dans l'autre, comme les projets sur la compétence de la Cour des pairs, sur la responsabilité ministérielle, sur les attributions des conseils de départemens et d'arrondissemens, sur les écoles secondaires, sur les aliénés, etc., etc. La loi sur les justices de paix, ayant subi les deux épreuves, n'avait plus qu'à reparaître à la Chambre élective, pour y recevoir l'approbation des amendemens que l'autre Chambre y avait introduits. Il est difficile de croire que le temps seul ait manqué aux ministres du 13 avril pour poursuivre l'accomplissement de l'œuvre de leurs prédécesseurs. Il faut en chercher la cause ailleurs.

Une crise ministérielle, sans exemple dans nos annales parlementaires, pour ses complications et sa durée, a coupé la session en deux parties bien distinctes. C'est le mauvais côté de cette mémorable session. Dans ce combat livré souvent pardessus la tête des ministres en fonctions, suivant la spirituelle expression de M. Odilon Barrot, les embarras du cabinet, les tourmens, les soucis, les misères de la vie ministérielle ont été mis à nu, livrés à la risée des ennemis du Gouvernement et de l'opposition. Quelque estime qu'on ait pour de si hauts talens, il était difficile que, dans ces questions de prééminence individuelle, les personnages engagés ne perdissent pas de leur considération; et, après cette querelle, où il s'était fait tant de révélations imprudentes, il y a lieu de croire que la question n'a été, ni suffisamment éclaircie, ni complétement résolue. On ne s'est pas tout dit; mais on s'en est dit assez pour rendre l'administration plus difficile que jamais, et pour ébranler la confiance, premier besoin de gouvernement.

Aussi le nouveau ministère, porté aux affaires après bien des combinaisons manquées, n'était un ministère, ni de parti, ni de coalition, mais de transaction ou de transition. Il arrivait avec défiance de ses moyens et de son crédit, ayant besoin Ann. hist. pour 1837.

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de ménager tous les partis, se laissant aller aux événé mens, au lieu de les diriger; ne sachant que faire des lois d'intérêt politique ou dynastique, ne pouvant, ni les désavouer, ni les soutenir, il les a laissé tomber. L'embarras de sa situation s'est révélé jusque dans des questions d'intéret matériel, comme ceux des sucres et des chemins de fer, où on l'a vu changer tout à coup de face, et donner ou subir des solutions tout-à-fait imprévues.

Dans cette position, on ne pouvait plus songer qu'aux nécessités de l'administration publique; aussi la Chambre des députés, après y avoir pourvu, moins fatiguée de la longueur de la session que des incertitudes du système gouvernemental, se retirait découragée, mécontente d'elle-même, sans trop compter se revoir, laissant les affaires matérielles en état de prospérité, mais les croyances politiques fort ébranlées et la presse de l'opposition plus puissante que la tribune.

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COLONIES. Départ du général Denys de Danrémont, nommé gouverneur gé-
néral des possessions françaises en Afrique. — Du général Bugeaud pour
Oran. Dispositions contre Abd-el-Kader. Négociation de la Täfna.
-Entrevue de l'émir et du général Bugeaud. — Résultat du traité. —
Préparatifs pour l'expédition de Constantine. Camp de Ghelma. -
Négociations avec Achmet-Bey. Précautions prises contre la Turquie.
- Arrivée de M. le duc de Nemours au camp français. Départ de
l'armée expéditionnaire pour Constantine. - Affaires de Rass-el-Auba.
- Travaux préliminaires du siége. Etablissement des batteries.
Mort du général Danrémont. - Commandement déféré au général Valée.
Continuation du siége.
Propositions d'Achmet. Constantine
prise d'assaut. Mesures d'occupation. - Arrivée du prince de Joinville.
- Départ de l'armée. - Retour des princes.

-

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Récompenses décernées.

- Honneurs funèbres rendus au général Danrémont.

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FRANCE. Evénemens divers. Dissolution de la Chambre des députés.
Ouverture de la session législative de 1858.

-Elections.

Situation

du pays.

Nous avons quelquefois interrompu les débats de la session législative, pour rapporter des événemens qui s'y rattachent, ou qui étaient trop importans pour ne pas les mettre à leur date, tels que le procès de Strasbourg et celui de Meunier, l'amnistie, le mariage du prince royal, l'inauguration du Musée historique de Versailles. Peu d'autres faits passés dans le cours de la session méritent d'être recueillis pour l'histoire, si ce n'est peut-être la réouverture de l'église Saint-Germainl'Auxerrois, rendue au culte catholique par une décision royale du 12 mai 1837, sur le rapport de M. Barthe, comme ministre secrétaire d'Etat au département de la justice et des

cultes. On se souvient à quelle occasion cet édifice, l'un des plus anciens et des plus remarquables monumens de l'architecture gothique, du moins en quelques parties, avait été dévasté, ainsi que l'Archevêché, dans l'insurrection de février 1831. On avait long-temps hésité devant l'idée de la restaurer; il paraissait même avoir été résolu qu'elle serait démolie pour l'ouverture d'une rue qui devait se prolonger de la colonnade du Louvre à l'Hôtel-de-Ville; mais cette entreprise coûteuse abandonnée, et l'irritation populaire refroidie par le temps, on avait cru ne pas devoir laisser plus long-temps un arrondissement populeux de Paris, le quartier de la résidence du roi, privé de son église paroissiale. Cet acte de réparation tardive, accompli en même temps que l'amnistie, que l'alliance du prince royal avec une princesse luthérienne, que l'inauguration du Musée de Versailles, considéré avec la résistance opposée aux prétentions de l'archevêque de Paris, au sujet de son palais et de la destination nouvelle donnée au Panthéon, portait l'empreinte de la justice et de la tolérance religieuse. Tous les partis y ont applaudi.

Peu de jours après la clôture de la session législative, eut lieu la célébration des fêtes anniversaires des journées de juillet, pour lesquelles il avait été voté par les deux Chambres un crédit extraordinaire de 200,000 fr., fêtes célébrées par des distributions de secours aux indigens, par des services funèbres et par les divertissemens populaires accoutumés, mais où il n'y cut pas de revue de la garde nationale, sans doute à cause de sa convocation récente, lors de l'entrée du roi, au retour de Fontainebleau.

Ces fêtes terminées, le duc et la duchesse d'Orléans firent, à Rouen, au Havre, à Saint-Quentin, un voyage marqué par les félicitations, les hommages et des fêtes que les autorités et les populations de ces localités s'empressèrent de leur offrir, bien que leur industrie éprouvât alors quelque souffrance.

A cette époque aussi eut lieu le camp de Compiègne, dont

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