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La pensée de ce jour terrible dominait S. Ephrem, il y revient sans cesse. Un de ses sermons représente ce moment suprême avec une précision si effrayante, qu'on croit voir dérouler devant ses yeux le drame qui termine les destinées humaines (1).

S. Martin.

S. Martin était persuadé, comme presque tous les Saints, dit Tillemont (2), que la fin du monde était proche. Ses moines l'interrogèrent sur la Fin du siècle. Le Saint leur dit qu'avant tout l'Antechrist devait venir, mais que déjà il était né, et ne tarderait pas à régner. Il y a huit ans, dit Sulpice Sévère, qu'il nous a fait cette réponse; voyez vers quel précipice nous marchons (3).

S. Jérôme,

S. Jérôme fut témoin de la chute de l'Empire. Lorsque la Ville Éternelle était la proie des Barbares, et que le monde romain était semé de ruines, qui n'aurait cru à la consommation des choses? (4) Cependant ce n'était pas sur ces malheurs que se fondait la croyance à la fin du monde; le signe le plus certain est celui que Jésus Christ lui-même a marqué quand l'Évangile aura été prêché à toutes les nations. S. Jérôme croit que ce temps est proche, car presque toutes les nations ont connaissance de l'Évangile (5).

S. Augustin.

S. Augustin croit comme S. Jérôme que la fin du monde avance, qu'elle s'approche de jour en jour (6). Cependant il s'exprime avec plus de réserve; il s'attache moins aux signes, qu'à la prédication de l'Évangile. Quand l'Évangile aura été prêché à toutes les nations, la fin du

(1) Id. T. II, p. 192, 212, 377. Villemain a donné une analyse de ce discours célèbre dans son Tableau de l'éloquence chrétienne, p. 263.

(2) Tillemont, Mémoires, T. X, p. 337. — Vita Martini, c. 24.

(3) Sulpicii Severi, Dialog. II, 16.

(4) Hieronym. in Ezechiel. Lib. VIII, in. (T. III, p. 867) : « Dum hoc facimus et nihil aliud cogitamus, pascitur animus et obliviscitur saeculi calamitatum, quod in extremo fine jam positum congemiscit... Cadit mundus ».

(5) Hieronym. Commentar. in Matth. IV, 24 (T. IV, p. 145) : « Quod aut jam completum, aut in brevi cernimus esse complendum ».

(6) Augustin. Epist. 199, 22:« Quotidie magis magisque fit proximus

monde arrivera; telles sont les paroles de Jésus Christ. Or, l'Evangile n'a pas encore pénétré partout; témoins les races sauvages l'Afrique (1).

Ste Mélanie.

Ste Mélanie écrit à ses parents, à la veille de la prise de Rome : « Mes enfants, il y a plus de 400 ans qu'il est écrit : voici la dernière heure. Comment donc voulez-vous toujours demeurer dans les vanités de cette vie? N'appréhendez-vous pas la venue de l'Antechrist et tous les malheurs qui ne vous permettront pas de jouir des richesses que vos ancêtres vous ont léguées »? (2)

Hilarion.

L'an 397, Q. Jul. Hilarion écrivit un ouvrage sur la Durée du monde (3). On disputait sur le commencement et la fin du monde ; quelques-uns prétendaient qu'on n'en pouvait rien savoir, d'autres disaient que le monde était éternel. L'auteur se propose de prouver que le monde doit durer 6000 ans; 5530 s'étaient écoulés jusqu'à la Passion, le monde devait donc finir l'an 498 de l'ère chrétienne. Hilarion enseigne l'opinion des millénaires; il se fonde sur les paroles de Jésus Christ et sur l'Ancien Testament.

Consultatio Zachaei Christiani et Apollonii philosophi.

L'auteur est inconnu; d'Achery pense que l'ouvrage est antérieur au Ve siècle.

L'auteur rapporte les signes qui, d'après l'Évangile, doivent précéder la seconde venue du Christ; il trouve tous ces signes accomplis : « Les hommes se déchirent par la guerre et les dissensions; il n'y a plus ni justice, ni piété, ni charité. Les prodiges abondent et dans le ciel et sur la terre. Enfin, la marque la plus certaine de la fin des choses, c'est que l'Évangile est prêché partout. Il ne reste plus qu'à attendre le dernier jour (4).

(1) Augustin. Ep. 197-199.

(2) Palladis Historia Lausiaca, c. 118.

(3) Bibliotheca Maxima Patrum, T. VI, p. 373-376.

(4) D'Achery, Spicileg. I, 39: Percurre nunc singula, atque ex his quae geruntur, aut gesta sunt, quid supersit, intellige: profecto id tantum deesse perspicies, quod novissimis aut jam adscribi possit aut jungi ».

S. Eucher.

S. Eucher, archevêque de Lyon dans la première moitié du Ve siècle, écrivit un traité sur le Mépris du Monde. Après avoir montré que les richesses et les honneurs n'ont rien qui doive nous attacher, il fait voir que le monde même n'est pas désirable, parce qu'il tend à sa fin : « Que parlons-nous des richesses périssables de ce monde, quand le monde lui-même touche à sa fin? Peut-on s'attacher à une vie qui va s'éteindre? La terre succombe sous le poids de l'âge. De même que les vieillards sont accablés de maux, de même nous voyons les misères pulluler dans le monde, la famine, la peste, les guerres, les dévastations, les terreurs. Voyez les signes qui paraissent dans le ciel, les tremblements de terre, les renversements des saisons, les monstruosités, tous ces prodiges annoncent la défaillance du temps. Déjà l'Apôtre croyait la fin prochaine des choses. Qu'attendons-nous donc? pourquoi hésitons-nous? Le dernier jour, non seulement de notre vie, mais de l'univers est arrivé... Misérables que nous sommes ! Le danger de notre fin ne suffit pas pour notre terreur; il nous faut encore redouter la mort du monde »! (1)

S. Patrice.

S. Patrice, l'apôtre de l'Irlande, dit dans sa confession : Nous attendons l'avénement de Jésus Christ dans peu, alors qu'il sera le juge des vivants et des morts (2).

S. Grégoire le Grand.

S. Grégoire, en commentant les paroles de S. Luc sur les signes qui précéderont la fin du monde, dit : « Une partie de ces signes sont déjà apparus; nous redoutons la manifestation des autres. Les nations se pressent, les empires tombent sous nos yeux avec une rapidité inouïe. Des tremblements de terre ont renversé des villes innombrables. Nous souffrons sans relâche de la peste. Nous ne voyons pas encore les signes qui doivent paraître dans le soleil, la lune et les étoiles; mais la perturbation de l'atmosphère nous annonce qu'ils ne sont pas éloignés. » S. Grégoire rend ses auditeurs attentifs à ces signes pour qu'ils ne

(1) Biblioth. Max. Patrum, T. VI, p. 861, C. D.

(2) Act. Sanctor. Mart. T. II, p. 534.

s'engourdissent pas dans l'insouciance et la sécurité. Ils doivent se tenir prêts à se présenter devant leur juge (1).

S. Grégoire écrit à l'empereur Maurice : « Le temps est venu; le ciel en feu, la terre en feu, les éléments en feu, le Juge redoutable va paraître avec les Anges et les Archanges, avec les Trônes et les Dominations, avec les Principautés et les Puissances » (2).

La croyance que la fin du monde approche s'est perpétuée à travers le moyen âge jusqu'aux temps modernes. D'après les paroles de Jésus Christ, la fin du monde coïncidera avec le règne universel du Christianisme. On pourrait croire que ce moment est encore assez éloigné. Cependant un historien moderne a calculé, en se basant sur les prophéties de Daniel, que l'empire du Mahométisme finira en 1882, et que vers le milieu du XXe siècle, l'Évangile régnera sur toute la terre (3).

(1) Gregor. in Evang. Homil. 1, 1, 1 (T. I, p. 1436).

(2) Gregor. Epist. III, 65 (T. II, p. 677).

(3) Rohrbacher, Histoire de l'Église catholique, T. III, p. 48, 92.

ÉDITIONS

DES PRINCIPAUX PÈRES DE L'ÉGLISE

CITÉES DANS CET OUVRAGE.

Ambrosii Opera, ed. Benedict. Par. 1686, 2 vol. fol.

Athanasii Opera, ed. Benedict. 3 vol. fol.

Augustini Opera, ed. Benedict. (La réimpression de Paris, in-8°) 11 vol. fol.

Basilii Opera, Par. 1721, 3 vol. fol.

Cassiani Opera, Antwerp. Plantin, 1578, 1 vol. in-8°.

Chrysostomi Opera, 13 vol. fol., ed. Montfaucon (La réimpression de Paris, in-8°).

Cypriani Opera, ed. Benedict. 1728.

Ephraem Syri Opera, 6 vol. fol. Rom. 1732.

Epiphanii Opera, ed. Petav. 1622, 2 vol. fol.

Evsebii Praeparat. Evangel., ed. Vigerus, Par. 1628, 1 vol. fol.

Id. De Demonstratione Evangelica, ib. 1 vol. fol.

Minucius Felix, Octavianus (dans l'édition de S. Cyprien).

Julius Firmicus Maternus, De errore profanarum religionum (Ib.).
Gregorii Nazianzeni Opera, Paris, 1609, 2 vol. fol.
Gregorii Nyssensis Opera, Paris, 1638, 3 vol. fol.
Hieronymi Opera, ed. Martianay, 5 vol. fol.

Hilarii Opera, 1 vol. fol., ed. Benedict. Paris, 1693.
Isidori Pelusiotae Epistolae, 1 vol. fol. Paris, 1638.
Nili Abbatis Opuscula, Romae, 1673, 1 vol. fol.

Nili Epistolae, 1 vol. fol. Rom. 1668.

Optatii, De Schismate Donatistarum, ed. Du Pin, 1 vol. fol. 1700. Origenis Opera, ed. De la Rue, 3 vol. fol.

Paulini Opera, in-4°, Paris, 1685.

Salviani Opera, ed. Baluze, Paris, 1663, in-8°.

Tertulliani Opera, ed. Rigaltius, 1 vol. fol. Paris, 1635.

Theodoreti Opera, 5 vol. fol. ed. Sirmond. Paris, 1642.

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