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(Don Juan et la Statue se mettent à table.) à Sganarelle.) Allons, mets-toi à table.

SGANARElle.

Monsieur, je n'ai plus faim,

DON JUAN.

Mets-toi là, te dis-je. A boire. A la santé du commandeur. Je te la porte, Sganarelle. Qu'on lui donne du vin.

SGANARELLE.

Monsieur, je n'ai pas soif.

DON JUAN.

Bois, et chante ta chanson pour régaler le commandeur.

SGANARELLE.

Je suis enrhumé, Monsieur.

DON JUAN,

Il n'importe. Allous. (à ses gens.) Vous autres, venez; accompagnez sa voix.

LA STATUE.

Don Juan, c'est assez. Je vous invite à venir demain souper avec moi. En aurez-vous le courage?

DON JUAN.

Oui, j'irai, accompagné du seul Sganarelle.

SGANARElle.

Je vous rends grâce; il est demain jeûne pour

DON JUAN, à Sganarelle,

Prends ce flambeau.

LA STATUE.

On n'a pas besoin de lumière quand on est conle Ciel.

duit par

FIN DU QUATRIÈME ACTE.

ACTE CINQUIÈME.

SCENE PREMIÈRE.

DON LOUIS, DON JUAN, SGANARELLE.

DON LOUIS.

Quor! mon fils, serait-il possible que la bonté

du Ciel eût exaucé mes vœux? Ce que vous me dites est-il bien vrai? Ne m'abusez-vous point d'un faux espoir? et puis-je prendre quelque assurance sur la nouveauté surprenante d'une telle conversión?

DON JUAN.

Oui, vous me voyez revenu de toutes mes erreurs; je ne suis plus le même d'hier an soir, et le Ciel tout d'un coup a fait en moi un changement qui va surprendre tout le monde. Il a touché mon âme et dessillé mes yeux; et je regarde avec horreur le long aveuglement où j'ai été, et les désordres criminels de la vie que j'ai menée. J'en repasse dans mon esprit toutes les abominations, et m'étonne comme le Ciel les a pu souffrir si long-temps, et n'a pas vingt fois sur ma tête laissé tomber les coups de sa justice redoutable. Je vois IV. Molière.

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les grâces que sa bonté m'a faites en ne me punissant point de mes crimes; et je prétends en profiter comme je dois, faire éclater aux yeux du monde un soudain changement de vie, réparer par-là le scandale de mes actions passées, et m'efforcer d'en obtenir du Ciel une pleine rémission. C'est à quoi je vais travailler; et je vous prie, Monsieur, de vouloir bien contribuer à ce dessein, et de m'aider vous-même à faire choix d'une personne qui me serve de guide, et sous la conduite de qui je puisse marcher sûrement dans le chemin où je m'en vais entrer.

DON LOUIS.

Ah! mon fils, que la tendresse d'un père est aisément rappelée, et que les offenses d'un fils, s'évanouissent vite au moindre mot de repentir! Je ne me souviens plus déjà de tous les déplaisirs que vous m'avez donnés, et tout est effacé par les paroles que vous venez de me faire entendre. Je ne me sens pas, je l'avoue; je jette des larmes de joie, tous mes vœux sont satisfaits; et je n'ai plus rien désormais à demander au Ciel. Embrassezmoi, mon fils; et persistez, je vous conjure, dans cette louable pensée. Pour moi, j'en vais tout de ce pas porter l'heureuse nouvelle à votre mère, partager avec elle les doux transports du ravissement où je suis, et rendre grâces au Ciel des saintes résolutions qu'il a daigné vous inspirer.

SCÈNE II.

DON JUAN, SGANARELLE.

SGANARELLE.

Ah! Monsieur, que j'ai de joie de vous voir converti! Il y a long-temps que j'attendais cela; et voilà, grâce au Ciel, tous mes souhaits accomplis.

DON JUAN.

La peste le benêt!

SGANARELLE.

Comment! le benêt?

DON JUAN.

Quoi! tu prends pour de hon argent ce que je viens de dire? et tu crois que ma bouche était d'accord avec mon cœur?

SGANARELLE.

Quoi! ce n'est pas... Vous ǹe... Votre... (à part.) O quel bomme! quel homme! quel homme!

DON JUAN.

Non, non, je ne suis point changé, et mes sentimens sont toujours les mêmes.

SGANARELLE.

Vous ne vous rendez pas à la surprenante merveille de cette statue mouvante et parlante?

DON JUAN.

Il y a bien quelque chose là-dedans que je ne comprends pas: mais quoi que ce puisse être, cela

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