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Ut te poftremo donarem munere mortis,

Et mutum, nequicquam alloquerer cinerem

Quando quidem fortuna mihi te te abftulit ipfum,
Heu mifer indignè frater adempte mibi.

Nunc tamen interea prifco qua more parentum
Tradita funt triftes munera ad inferias s

Accipe fraterno multùm manantia fletu:

Atque in perpetuum, frater, ave, atque valeg

Puiffe touché de mes pleurs,

Le Dieu du Stix être à vos vœux propice!
Dans ce funefte lieu

Puiffiez-vous trouver quelques charmes,
A voir qu'en vous difant un éternel adieu,
Je fais nager vos cendres dans mes larmes!

Comme il y a peu
de dou-
leurs que le tems ne diminuë,
Catulle n'ayant plus devant les
yeux le tombeau de fon Frere,
commença à fe confoler: il fen-
tit même quelque joie en ap-
prochant de chez lui. Lefbie
lui revint dans l'efprit, telle
qu'il fouhaitoit qu'elle fût; &
l'efperance le flatta fi fort,qu'il
ne s'occupoit plus que du plaifir
qu'il auroit à fe raccommoder
avec elle; car il ne doutoit plus
qu'elle ne l'aimât toûjours.
Lefbie n'eft point inconftante,

fe difoit-il fouvent à lui-mê: me, Lesbie m'a témoigné de la haine malgré elle; mais les dernieres marques de fidelité que je viens de lui donner en abandonnant Craftinie, feront ceffer l'injufte violence qu'elle le fait.

Ad Sirmionem Peninfulam. Carm. 311

PEninfularum Sirmio, infularumque

Ocelles quafcunque in liquentibus ftagnis
Marique vafto fert uterque Neptunus :
Quàm te libenter, quàmque latus inviso,
Vix mi ipfe credens l'hyniam, atque Bithynos
Liquiffe campos, videre te in tuto.
O quid folutis eft beatius curis ?

Quum mens onus reponit, ac peregrino
Labore feffi venimus larem ad noftrum,
Defideratoque acquiefcimus lecto.

Hoc eft, quod unum eft pro laboribus tantis.
Salve, ô venufta Sirmio, atque hero gaudes
Gaudete, vofque Lydia lacus unda.

Ridete quidquid eft domi cachinnorum.

C'étoient là les douces penfées qui l'occupoient durant fon voyage. Enfin après plusieurs jours de navigation, il com mença à découvrir Sirmion, & en la voyant il eut des tranf ports & des émotions de cœur qu'il est mal aifé d'exprimer.

Ces Vers qu'il fit en arrivant le font affez connoître.

IMITATION DU LATIN.

A Imable Sirmion, des Ifles la plus belle,

Qu'à regret je quittai,

Et de qui la beauté

Semble à mes yeux toûjours nouvelle,

Enfin je te revoi,

Enfin je me rends à toi,

Tranquille & l'efprit libre,

Des foins, qui fur les bords du Tibre

Me troublerent jadis.

Ah! qu'il eft doux de n'être plus en proye

A mille noirs foucis,

Et de porter à ses amis

Un cœur qui nage dans la joye!

Aimable Sirmion à mes yeux fatisfaits,
Puiffes-tu deformais

N'offrir que les plaifirs, les ris, les jeux, les graces!

Ris, jeux, qui me tenez fous votre douce loi, Venez auprès de moi,

Reprendre vos premieres places.

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Enfin Catulle débarqua au port de Sirmion, & il y fut embraffé par beaucoup de fes

amis qui étoient venus l'attendre chez lui. Peu de jours

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