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pour ne rendre la plus malheu reufe de toutes les femmes. Licinius voulut lui répondre & lui perfuader qu'une visite qu'elle rendroit à Catulle ne blefferoit point la plus auftere vertuomais elle l'interrompit, & elle le pria de ne lui en plus parler Non, lui dit elle, je ne le vertai point, je me fens tropofaible pour m'expofer à ane entrevue auff dangereule que celle-la. Cependant, ajoû tasd elle en rougiffant, je vous permets de lui dire pour le donfolerge tout ce que vous croirez propre à cela »& je confens que vous lui apprenież mes foibleffes, pourvu qu'il vous promette qu'il ne me verra jamaisengas besons al autaisi t Licinius ne la preffa pas da

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LES AMOURS? vantage. Il crut en avoir affez gagné, il alla promptement trouver fon ami, qui durant fon abfence s'étoit abandonné à des rêveries & à des penfées fort triftes, maioq siondubi Sératine à la prierende Lef bie avoit été le trouver peu de tems après que Licinius fut parti: mais foit que dans l'état où il étoit il trouvât la folitus de plus agréable, foit qu'il crût que Lefbienavoit befoin ellemême que fon ami ne la laif fât pas feule, il pria cette bel le fille de retourner auprès delle, & de lui infpirer pour lui des fentimens moins cruels que ceux qu'elle avoit.

Catulle étoit donc feul, & Licinius le trouva appuyé fur une table qu'il avoit fait met

tre auprès de fon lit. Il rêvoit fi profondement, que fon ami

que de

étoit affis auprès de lui avant qu'il l'eût apperçû. Ah! mon cher Licinius, lui dit-il lorf qu'il le vit, que vous me faites de plaifir de me venir retirer de mes triftes rêveries! & que je vous plains d'aimer un malheureux comme moi, qui ne fçauroit vous entretenir chofes affligeantes! Licinius tandis que Catulle lui parloit, avoit jetté les yeux fur des Tablettes, où il avoit vû quelques Vers écrits. Je ne fçai, dit il en les prenant, fiau contraire je ne dois pas m'eftimer heureux d'être ami d'un homme, à qui fon malheur même fait dire de fi belles cho. fes. I relut enfuite ces Vers

qui étoient écrits fur les Tablettes.

Ad feipfum. Carm, 76.

Si qua ve
qua recordanti benè facta priora voluptas
Eft homini, quum fe cogitat eße pium:

Ncc fanctam violaße fidem, nec fœdere in ullo
Divum ad fallendos numine abufum homines zi

Multa parata manent in longa atate, Catulle
Ex hoc ingrato gaudia amore tibi.

Nam quacumque homines benè cuiquam aut dicene possunt, dar sob 201

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Aut facere: bac à te dictaque, factaque fund.

Omnia que ingrata perierunt credita menti.

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Quare jam te cur amplius excruciés sona

Quia te animo offirmas, teque iftinc ufque reducis ? Et à Piis invitis, definis effe mifer 21

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IMITATION DU LATIN

S'il eft vrai ce qu'on dit, que les cœurs ver

tueux

Trouvent de leur vertu la récompenfe en eux;

Et qu'un doux fouvenir du bien qu'on a fçû faire, Satisfait tôt ou tard l'homme droit & fincere ; Que de plaifirs, Catulle, & quel bonheur un jour,

Te doit faire goûter ton malheureux amour ? Combien as-tu fouffert de refus, d'injustices, Combien d'emportemens, & combien de capri

ces?

Quels biens n'as-tu pas faits, quels foins n'as-tu point pris ?

Soins trop mal reconnus par un cruel mépris! Mais pourquoi déformais t'accables-tu toi-mê

me?

Détefte qui te hait, & n'aime que qui t'aime
D'un inutile amour brise les triftes nœuds,
Dans ton cœur trop fidele allume d'autres feux
Et contre l'inhumaine à qui tu n'as fçû plaire,
Appelle le fecours d'une jufte colere.

Ainfi les Dieux en vain contre toi s'uniront,
Avecque ton amour tous tes maux finiront.

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