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a Prototype, du grec pūros (vrótos), premier; et rúmos (tupos), modèle. Original, premier exemplaire.

b Un des sommets des Alpes.

Les solitaires de l'hospice du mont Saint-Bernard.

• Peuple du nord de la Russie d'Asie.

LE CHEVAL.

La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animala, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats: aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l'affronte1; il se fait au bruit des armes, il l'aime, il le cherche, et s’anime de la même ardeur. Il partage aussi ses plaisirs: à la chasse, aux tournois, à la course, il brille, il étincelle. Mais, docile autant que courageux, il ne se laisse pas emporter à son feu; il sait réprimer ses mouvements: nonseulement il fléchit sous la main de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs; et obéissant toujours aux impressions qu'il en reçoit, il se précipite, se modère ou s'arrête, et n'agit que pour y satisfaire. C'est une créature qui renonce à son être pour n'exister que par la volonté d'un autre; qui sait même la prévenir3; qui, par la promptitude et la précision de ses mouvements, l'exprime et l'exécute; qui sent autant qu'on le désire, et ne rend qu'autant qu'on veut; qui, se livrant sans réserve, ne se refuse àa rien, sert de toutes ses forces, s'excède, et même meurt pour mieux obéir. BUFFON. (Voyez la page 61.)

a ANECDOTE.-Un jour Rivarol, un des écrivains les plus spirituels du 18e siècle, causait avec D'Alembert qui n'aimait pas Buffon. D'Alembert lui disait, “Ne me parlez pas de Buffon qui, au lieu de nommer simplement le cheval, dit : La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, &c. Que ne ditil le cheval?" “Oui,” reprit Rivarol, “ c'est comme ce sot de J. B. Rousseau, qui s'avise de dire:

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'Des bords sacrés où naît l'Aurore,
Aux bords enflammés du couchant,'

au lieu de dire de l'Est à l'Ouest."

F

LE SERPENT DEVIN, OU LE BOA.

C'EST surtout dans les déserts brûlants de l'Afrique qu'exerçant une domination moins troublée, le serpent devin parvient à une longueur plus considérable. On frémit lorsqu'on lit, dans les relations des voyageurs qui ont pénétré dans l'intérieur de cette partie du monde, la manière dont cet énorme serpent s'avance au milieu des herbes hautes et des broussailles, ayant quelquefois plus de dixhuit pouces de diamètre, et semblable à une longue et grosse poutre qu'on remuerait avec vitesse. On aperçoit de loin, par le mouvement des plantes qui s'inclinent sur son passage, l'espèce de sillon que tracent les diverses ondulations de son corps; on voit fuir devant lui les troupeaux de gazelles et d'autres animaux dont il fait sa proie; et le seul parti qui reste à prendre dans ces solitudes immenses, pour se garantir1 de sa dent meurtrière et de sa force funeste, est de mettre le feu aux herbes déjà à demi brûlées par l'ardeur du soleil. Le fer ne suffit pas contre ce dangereux serpent, lorsqu'il est parvenu à toute sa longueur, et surtout lorsqu'il est irrité par la faim. L'on ne peut éviter la mort qu'en couvrant un pays immense de flammes qui se propagent avec vitesse au milieu de végétaux presque entièrement desséchés, en excitant ainsi un vaste incendie, et en élevant, pour ainsi dire, un rempart de feu contre la poursuite de cet énorme animal.

Il ne peut être en effet arrêté ni par les fleuves qu'il rencontre, ni par les bras de mer dont il fréquente souvent les bords; car il nage avec facilité, même au milieu des ondes agitées, et c'est en vain, d'un autre côté, qu'on voudrait chercher un abri sur de grands arbres; il se roule avec promptitude jusqu'à l'extrémité des cimes les plus hautes: aussi vit-il souvent dans les forêts. Enveloppant les tiges dans les divers replis de son corps, il se fixe sur les arbres à différentes hauteurs, et demeure souvent longtemps en ambuscade, attendant patiemment le passage de sa proie. Lorsque, pour l'atteindre, ou pour sauter sur un arbre voisin, il a une trop grande distance à franchir, il

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entortille sa queue autour d'une branche, et suspendant son corps allongé à cette espèce d'anneau, se balançant, et tout d'un coup s'élançant avec force, il se jette comme un trait sur sa victime, ou contre l'arbre auquel il veut s'attacher.

Lorsqu'il aperçoit un ennemi dangereux, ce n'est point avec ses dents qu'il commence un combat, qui alors serait trop désavantageux pour lui; mais il se précipite avec tant de rapidité sur sa malheureuse victime, l'enveloppe dans tant de contours, la serre avec tant de force, fait craquer ses os avec tant de violence, que, ne pouvant ni s'échapper, ni user de ses armes, et réduite à pousser de vains, mais d'affreux hurlements, elle est bientôt étouffée sous les efforts multipliés de ce monstrueux reptile.

Si le volume de l'animal expiré est trop considérable pour que le devin puisse l'avaler, malgré la grande ouverture de sa gueule, la facilité qu'il a de l'agrandir, et l'extension dont presque tout son corps est susceptible, il continue de presser sa proie mise à mort; il en écrase les parties les plus compactes; et, lorsqu'il ne peut point les briser avec facilité, il l'entraîne, en se roulant avec elle, auprès d'un gros arbre dont il renferme le tronc dans ses replis; il place sa proie entre l'arbre et son corps; il les environne l'un et l'autre de ses nœuds vigoureux; et, se servant de sa tige noueuse comme d'une sorte de levier, il redouble ses efforts, et parvient bientôt à comprimer en tous sens, et à moudre1, pour ainsi dire, le corps de l'animal qu'il a immolé.

Lorsqu'il a donné ainsi à sa proie toute la souplesse qui lui est nécessaire, il l'allonge en continuant de la presser, et diminue d'autant sa grosseur; il l'imbibe de sa salive, ou d'une sorte d'humeur analogue qu'il répand en abondance. Il pétrit, pour ainsi dire, à l'aide de ses replis, cette masse devenue informe, ce corps qui n'est plus qu'un composé confus de chairs ramollies et d'os concassés7. C'est alors qu'il l'avale en la prenant par la tête, en l'attirant à lui, et en l'entraînant dans son ventre par de fortes aspirations plusieurs fois répétées; mais, malgré cette

préparation, sa proie est quelquefois si volumineuse, qu'il ne peut l'engloutir qu'à demi; il faut qu'il ait digéré, au moins en partie, la portion qu'il a déjà fait entrer dans son corps, pour pouvoir y faire pénétrer l'autre; et l'on a souvent vu le serpent devin, la gueule horriblement ouverte, et remplie d'une proie à demi dévorée, étendu à terre, et dans une sorte d'inertie qui accompagne presque toujours sa digesLACÉPÈDE. Ovipares.

tion.

LACEPEDE (Bernard-Germain-Étienne de la Ville-sur-Illon,

comte de),

Naquit à Agen en 1756. C'est sans doute aux magnifiques tableaux et aux paysages enchanteurs de son pays natal qu'il dût le goût prononcé qu'il montra pour l'histoire naturelle. Que l'élève lise et médite son Exhortation à l'étude des sciences naturelles qu'il trouvera parmi les Morceaux oratoires de ce Répertoire, il y verra l'âme d'un philanthrope, la morale d'un sage, l'affection d'un père.

L'Institut appela Lacépède dans son sein, dès sa création. En 1801, il était président du Sénat, et fut nommé en 1803 grand chancelier de la Légion-d'Honneur, puis pair de France en 1814, et sut conserver ses charges sous la Restauration. Il mourut en 1825. On a de Lacépède plusieurs traités sur la Physique et l'Histoire naturelle fort estimés; ses descriptions des grandes scènes de la nature sont pleines de vérité et d'harmonie.

a Bête fauve plus petite que le daim, et qui est d'une grande légèreté.

LE VOYAGEUR DANS LE DÉSERT.

HALETANT de fatigue et de soif, la gorge desséchée, respirant avec peine un air ardent qui le dévore, il espère qu'un instant de repos lui rendra quelques forces; il s'arrête, il voit défiler2 ceux qui étaient ses compagnons, et dont il sollicite en vain les secours; le malheur a fermé tous les cœurs; sans détourner un regard, l'œil fixe, chacun suit en silence la trace de celui qui le précède, tout passe, tout suit; et les membres engourdis3, déjà trop chargés de leur pénible existence, s'affaissent et ne peuvent être

ranimés ni par le danger, ni par la terreur: la caravane a passé, elle n'est déjà plus pour lui qu'une ligne ondoyante dans l'espace, bientôt elle n'est plus qu'un point, et ce point s'évanouit; c'est la dernière lueur de la lumière qui s'éteint: ses regards égarés cherchent et ne rencontrent plus rien ; il les ramène sur lui-même, et bientôt ferme les yeux pour échapper à l'aspect du vide affreux qui l'environne; il n'entend plus que ses soupirs, ce qui lui reste d'existence appartient à la mort; seul, tout seul au monde, il va mourir, sans que l'espérance vienne un instant s'asseoir auprès de son lit de mort; et son cadavre, dévoré par l'aridité du sol, ne laissera bientôt que des os blanchis qui serviront de guide à la marche incertaine du voyageur qui aura osé braver le même sort.

DENON. Voyage en Egypte, pendant la campagne du général Bonaparte.

DENON (Dominique-Vivant, baron),

Né en 1747, mort en 1825. Sa vie aventureuse se passa toute en voyages. Il visita la Suisse, l'Italie et la Sicile, et il fit partie de cette élite de savants et d'artistes, qui allèrent (en 1798) à la suite de Napoléon, conquérir aussi l'Egypte au profit de l'art et de la science. L'ouvrage qu'il publia à son retour en France eut un succès complet et mérité; c'est le Voyage dans la Haute et Basse Egypte, pendant les campagnes du général Bonaparte, avec un atlas dont il avait fait tous les dessins.

DÉSERTS DE LA SIBÉRIE.

La ville de Tobolsk, capitale de la Sibérie, est située sur les rives de l'Irtish; au nord elle est entourée d'immenses forêts qui s'étendent jusqu'à la mer Glaciale. Dans cet espace de onze cents verstes on rencontre des montagnes arides, rocailleuses1 et couvertes de neiges éternelles; des plaines incultes, dépouillées, où, dans les jours les plus chauds de l'année, la terre ne dégèle pas à un pied; de tristes et larges fleuves dont les eaux glacées n'ont jamais arrosé une prairie, ni vu épanouir une fleur. En avançant davantage vers le pôle, les cèdres, les sapins, tous les grands arbres disparaissent; des broussailles de

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