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que celui de l'Énéide: laissons chaque enfant l'étudier suivant son instinct; il en résultera toujours quelque bien pour la société. Un pré leur suffit: c'est un livre à plusieurs feuillets; le botaniste y verra des systèmes, le médecin des simples, le peintre des guirlandes, le poëte des harmonies, le guerrier un champ de bataille, l'amant un lieu de repos, le paysan des bottes de foin; mais quand ils ne devraient tous y voir que des bouquets, laissez-les en couronner leurs jeunes compagnes : les jeux naïfs et innocents de l'enfance valent mieux que les études pénibles et jalouses des hommes.

Bernardin de Saint-PierRE. (Voyez la paye 54.)

a D'Anville, célèbre géographe, né à Paris en 1697, et mort dans la même ville en 1782. On lui doit d'excellentes cartes pour la géogra

phie ancienne.

b On cite un jeune Américain qui, doué d'une facilité extraordinaire pour le calcul mental, assista pour la première fois à une tragédie de Shakspere. Comme, pendant toute la représentation, son attention avait été fortement occupée, on lui demanda ce qu'il trouvait de beau dans cette tragédie; "10,256 mots!" s'écria-t-il.

PROGRÈS DES SCIENCES.

JETÉ faible et nu à la surface du Globe, l'homme paraissait créé pour une destruction inévitable; les maux l'assaillaient de toutes parts; les remèdes lui restaient cachés, mais il avait reçu le génie pour les découvrir.

Les premiers sauvages cueillirent dans les forêts quelques fruits nourriciers, quelques racines salutaires, et subvinrent ainsi à leurs plus pressants besoins; les premiers pâtres s'aperçurent que les astres suivent une marche réglée, et s'en servirent pour diriger leurs courses à travers les plaines du désert: telle fut l'origine des sciences mathématiques, et celle des sciences physiques.

Une fois assuré qu'il pouvait combattre la nature par elle-même, le génie ne se reposa plus; il l'épia sans relâche; sans cesse, il fit sur elle de nouvelles conquêtes, toutes marquées par quelque amélioration dans l'état des peuples.

Se succédant dès lors sans interruption, des esprits méditatifs, dépositaires fidèles des doctrines acquises, constamment occupés de les lier, de les vivifier les unes par les autres, nous ont conduits, en moins de quarante siècles, des premiers essais de ces observateurs agrestes, aux profonds calculs des Newton et des Laplace, aux énumérations savantes des Linnæus et des Jussieu. Ce précieux héritage, toujours accru, porté de la Chaldée en Égypte, de l'Égypte dans la Grèce, caché pendant des siècles de malheurs et de ténèbres, recouvré à des époques plus heureuses, inégalement répandu parmi les peuples de l'Europe, a été suivi partout de la richesse et du pouvoir : les nations qui l'ont recueilli sont devenues les maîtresses du monde; celles qui l'ont négligé sont tombées dans la faiblesse et dans l'obscurité. CUVIER.

CUVIER (George-Léopold-Chrétien-Frédéric-Dagobert, baron), L'un des quarante de l'Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, professeur d'histoire naturelle au Muséum du Jardin des Plantes, pair de France et membre du conseil royal de l'Université de Paris.

"Livré de

Il naquit à Montbelliard, le 25 août, en 1769. bonne heure à l'étude de l'histoire naturelle, il ne tarda pas à faire une révolution dans cette science, et détruisit à jamais cette classification superficielle des êtres, qui n'était fondée que sur des apparences, et dans laquelle Pline et Buffon substituèrent leur imagination à la réalité. Pour lui, la chaîne des êtres commence aux organisations les plus basses et les plus simples, et s'élève aux organisations les plus composées; il fit plus, il découvrit un monde tout entier enfoui sous le nôtre avec ses habitants (les fossiles); il exhume, aux yeux de l'Europe étonnée, les ossements gigantesques d'animaux inconnus aujourd'hui sur notre terre; et le reste de ces races détruites suffit à son regard intelligent pour les reproduire tout entières, telles qu'elles étaient avant le cataclysme (la grande inondation) qui les ensevelit."-BONIFACE.

Nous avons de Cuvier une foule d'ouvrages, parmi lesquels on distingue l'Histoire des progrès des sciences naturelles, son Anatomie comparée, ses Eloges historiques, &c.

Cet homme universel, aussi habile écrivain que savant naturaliste, expira le 13 mai 1832.

K

a Isaac Newton, philosophe et mathématicien anglais, est l'un des plus grands génies que le monde ait produits. C'est à lui qu'on est redevable de la découverte de l'attraction. Il mourut en 1787, à l'âge de quatrevingts ans.

Ce nom célèbre et celui du naturaliste français nous rappellent les vers du poëte Bignan:

"L'univers désormais s'explique tout entier :

Les cieux avaient Newton, et la terre a Cuvier."

b Le marquis Pierre-Simon de la Place, fils d'un cultivateur, est devenu, par la force de son génie, l'un de nos premiers mathématiciens. Sa Mécanique céleste est un chef-d'œuvre. Ce célèbre astronome, membre de l'Institut et pair de France, fut enlevé aux sciences le 6 mars 1827.

c Charles de Linné, médecin et célèbre naturaliste suédois, mort en 1778. Auteur du classement des plantes d'après les parties sexuelles, ou les pistils et les étamines.

d Antoine de Jussieu, célèbre botaniste, né à Lyon en 1686, et mort à Paris en 1738. Ses deux frères, Bernard et Joseph, ont suivi la même carrière avec distinction.

UTILITÉ DE L'HISTOIRE.

L'ÉTUDE de l'histoire est la plus nécessaire aux hommes, quels que soient leur âge et la carrière à laquelle ils se destinent. Les exemples frappent plus que les leçons; ils leur servent de preuves pour convaincre, ils les accompagnent d'images pour intéresser: l'histoire renferme l'expérience du monde et la raison des siècles.

Nous sommes organisés comme les hommes des temps les plus reculés; nous avons les mêmes vertus, les mêmes vices. Entraînés comme eux par nos passions, nous écoutons avec défiance les censeurs qui contrarient nos penchants et qui nous avertissent de nos erreurs, de nos dangers. Notre folie résiste à leur sagesse, nos espérances se rient de leurs craintes.

Mais l'Histoire est un maître impartial, dont nous ne pouvons réfuter les raisonnements appuyés sur des faits. Il nous montre le passé pour nous annoncer l'avenir: c'est le miroir de la véritéa.

Les peuples les plus fameux, les hommes les plus célèbres

sont jugés à nos yeux par le temps, qui détruit toute illusion, par la justice, qu'aucun intérêt vivant ne peut corrompre. Devant le tribunal de l'Histoire, les conquérants descendent de leurs chars de triomphe, les tyrans n'effraient plus par leurs satellites, les princes nous apparaissent sans leur cortége, et dépouillés de la fausse grandeur que leur prêtait la flatterie.....

L'amour des Grecs pour la liberté peut échauffer votre âme; mais leurs jalousies, leur légèreté, leur ingratitude, leurs querelles sanglantes et leur corruption, vous annoncent et vous expliquent leur ruine.

Si le colosse romain vous impose par sa vaste puissance, vous ne tardez pas longtemps à distinguer les vertus qui firent sa grandeur, et les vices qui amenèrent sa décadence....

Partout enfin vous trouvez la preuve de cette antique maxime, qu'à la longue il n'y a d'utile que ce qui est honnête, qu'on n'est véritablement grand que par la justice, et complètement heureux que par la vertu. Le temps distribue avec équité les récompenses et les châtiments, et vous pouvez mesurer l'accroissement et la décadence des peuples sur la sévérité ou sur la dépravation de leurs mœurs. vertu est le ciment de la puissance des nations; elles tombent dès qu'elles sont corrompues. LE COMTE de Ségur.

SEGUR (Louis-Philippe, comte de),

La

Né à Paris en 1753, mort en 1830. M. de Ségur s'est distingué dans la carrière des armes, de la diplomatie et de la littérature. Il a lui-même décrit dans cette phrase tout ce qu'il a été : “Le hasard a voulu que je fusse successivement officier-général, ambassadeur, poëte, auteur dramatique, publiciste, historien, député, conseiller-d'état, sénateur, académicien et pair de France."

Les compositions historiques de cet auteur jouissent d'une brillante réputation. Nous citerons entr'autres l'Histoire de FrédéricGuillaume; le Tableau politique de l'Europe depuis 1786 jusqu'en 1796; l'Histoire de l'Europe moderne; et l'Histoire universelle ancienne et moderne, ouvrage précieux où les faits historiques sont présentés de la manière la plus intéressante et dans un style animé, pur et élégant.

a Rois, magistrats, législateurs suprêmes,
Princes, guerriers, simples citoyens mêmes,
Dans ce sincère et fidèle miroir

Peuvent apprendre et lire leur devoir.

J. B. ROUSSEAU.

DE L'INFLUENCE DE LA MUSIQUE SUR LA SANTÉ.

La musique était dans la plus haute estime chez les anciens, et particulièrement chez les Grecs, dont l'oreille était si délicate. Les auteurs de cette nation qui en ont parlé, n'ont pas craint de dire qu'elle faisait le principal amusement des dieux. Platon prétendait qu'on ne pouvait toucher à la musique sans toucher à la constitution de l'état. Aristote croit qu'il y a des sons dans la musique capables de produire tour à tour l'affection ou la haine, la bassesse ou la fierté, le courage ou la poltronnerie, tous les vices ou toutes les vertus. Le judicieux Polybea dit que la musique fut nécessaire pour adoucir les mœurs des Arcadiens, et que les habitants de Cynètes ne furent si barbares et si cruels que parce qu'ils n'ont jamais eu aucune idée de la musique.

La musique était comprise au nombre des études essentielles de l'école de Pythagore. Suivant ce philosophe, notre âme n'était formée que d'harmonie, et les disciples croyaient que la musique rappelle l'âme à l'harmonie primitive, qui, suivant eux, formait son unique essence avant qu'elle animât nos corps.

b

On sait d'ailleurs que Timothée excitait les fureurs d'Alexandre dans le mode phrygien, et que David calmait celles de Saül par les sons de sa harpe.

Quoique la musique paraisse aujourd'hui déchue de ce haut degré de puissance et de gloire, cependant quelques médecins modernes ne l'en croient pas moins propre, soit à calmer, soit à exciter les passions; ils pensent qu'elle peut modérer les douleurs du corps et celles de l'âme : ils vont jusqu'à dire qu'elle pourrait être un moyen de charmer ou de guérir toutes les maladies.

On a cité un médecin qui avait trouvé des sons capables

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