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de rendre supportables les plus violentes douleurs de goutte. Selon Gassendi, un poète a été rappelé des portes de la mort par le chant mélodieux d'une ode.

On lit dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris, que plusieurs musiciens de profession furent guéris soudain d'un accès de délire1 par un concert qui fut. exécuté dans leur chambre.

Nous voyons tous les jours les bonnes et les mères endormir les enfants avec des airs simples et monotones. Et, s'il était permis de parler de soi, dans un article aussi court, nous dirions que nous avons, dans notre pratique, guéri par la musique plusieurs personnes attaquées soit d'insomnie, soit d'autres maladies. De tous ces faits, nous concluons que la musique, ayant autant d'influence sur les passions, pourrait devenir, entre les mains d'un habile médecin, un puissant moyen de guérison. Ne pourrait-on pas s'en occuper? D....., médecin.

Extrait de la Mnemosyne classique de M. LÉVI. (Voyez p. 46.)

a

Polybe, l'un des plus célèbres historiens grecs, mort vers l'an 121 av. J.-C.

b Timothée, célèbre musicien grec. Appelé aux noces d'Alexandre, il se fit admirer de ce conquérant, qui voulut l'avoir toujours près de sa personne. On dit qu'il savait à son gré exciter ou réprimer les passions d'Alexandre par les accords harmonieux de sa flûte.

c Mode, en musique, se dit du caractère affecté au ton. Les Grecs avaient plusieurs modes, l'ionien, le dorien, le phrygien, l'éolien, le lydien, &c.

a Gassendi, philosophe français; né en 1592, mort en 1655.

DE L'ÉDUCATION DES FEMMES.

Extrait des Cours de M. D. Lévi à l'Hôtel-de-Ville de Paris, en faveur des Institutrices.

Tour parle aujourd'hui d'améliorations dans les études. Nouvelle méthode! c'est le mot qui retentit des plus grandes villes aux plus petits hameaux.

Les vieilles routines qui ralentissent la marche des esprits sont attaquées de toutes parts. Chaque professeur se fait un devoir, un honneur de porter son tribut au nouveau

monument que l'on élève à l'intelligence humaine, et l'on voit s'augmenter chaque jour le nombre des amis de la jeunesse, qui consacrent leurs veilles à frayer à l'enseignement1 une route plus sûre, plus rationnelle, plus en harmonie avec les besoins du siècle. Rester en arrière serait une honte pour les gens du monde; ce serait un crime pour ceux dont les fonctions ont pour but l'instruction de leurs semblables.

C'est une espèce de magistrature qu'ils exercent: leur influence peut être salutaire ou funeste, suivant la marche qu'ils adoptent. Qu'ils y prennent garde! dans ce mouvement intellectuel ils ne peuvent rester stationnaires.

Je sais bien que l'embarras est grand parmi ces méthodes qui s'annoncent toutes pompeusement, et presque toujours avec le funeste appareil du charlatanisme. Que faire ?

Les essais sont souvent dangereux!.....

Mais ne faudrait-il pas prévenir les imaginations exaltées et novatrices contre des rêves qui tiennent malheureusement quelquefois à des spéculations indignes de ceux qui se livrent à la noble et délicate fonction d'éclairer la jeunesse? Les rouages que l'on fait mouvoir sont cachés avec soin, et les yeux fascinés n'aperçoivent que le jeu merveilleux de la machine.

Voyez les prospectus pompeux, les affiches ambitieuses, les connaissances y sont à jour fixe: en moins d'un mois, que dis-je en moins de huit jours, on peut savoir lire, écrire, calculer, orthographier, dire les dates les plus difficiles de l'histoire, et pour peu que la rivalité enflamme le génie de nos inventeurs, une instruction complète s'acquerra en quelques minutes! La philanthropie ne peut aller plus loin. Nous sommes maintenant au siècle de la méthodomanie.

Les faux prophètes tomberont, dites-vous; le bon sens en fera justice; mais, en attendant que les miracles s'opèrent, les dupes admirent et payent, et, ce qui est irréparable, nos enfants perdent leur temps".

Resterons-nous donc froids lorsqu'on sacrifie ainsi l'avenir de nos enfants, victimes de la routine ou du charlatanisme?

lorsqu'on entoure de langes leurs jeunes intelligences, qui ne demandent que de l'aisance, de la liberté et du développement; ou lorsqu'on les aveugle pour vouloir les éclairer trop vite?

Grâces à vous, mesdames, vos élèves auront grandi en esprit, en caractère, en raison; vos élèves seront des femmes dignes de paraître dans la société avec les qualités qu'elles devront à vos lumières et à votre prudence.

Ce ne seront point de petits perroquets, de petites pédantes qui auront d'autant plus de vanité, qu'elles auront plus d'ignorance; ce ne seront pas des femmes futiles qui, dans leur ménage, n'apporteront pour dot morale et intellectuelle qu'une romance plaintive ou les brillantes variations de Hertz. À moins de destination spéciale, les arts d'agrément qu'elles auront appris ne seront pour elles que d'aimables accessoires, d'utiles préservatifs contre l'ennui, la solitude, ou de charmantes distractions de société, qui feront ressortir davantage leur instruction, leur goût et leur bon sens d.....

Le règne de la beauté et des caprices cesse bientôt, l'âge de l'enchantement s'enfuit comme l'ombre, et si le bon sens, les qualités morales et religieuses, l'esprit cultivé, ne sont pas là pour succéder aux ravages du temps, que restet-il? Aux unes, des conversations frivoles, languissantes, ennuyeuses; aux autres, des regrets et des larmes, peutêtre la misère; car dans un siècle où la main de fer des révolutions et des épidémies renverse les fortunes et décime les populations, quelles ressources trouvera la mère de famille qui n'aura pas, pour la sauver du naufrage, elle et ses enfants, le secours de l'éducation et de l'instruction?

D. LÉVI. (Voyez la page 46.)

METHODE DE M. LEVI.

La méthode de M. Lévi se résume en peu de mots: unité dans l'enseignement; faits: comparaison des faits, morale des faits, c'est-à-dire voir, comparer, juger: c'est la marche de la nature. Cette méthode, si habilement appliquée par l'auteur, a pour caractères spéciaux la simplicité, la précision, l'ordre et la gradation,

et principalement une égale activité d'esprit dans le maître et dans l'élève.

C'est surtout du maître que dépend le succès de la méthode, et c'est ce qu'il y a de plus difficile à trouver. M. Lévi, en traçant le portrait de l'habile professeur, s'est peint lui-même avec autant de talent que de vérité :

"Pour bien donner une leçon," dit-il, "c'est plus que de l'instruction qu'il faut ; c'est la réunion de qualités rares, parce qu'elles se trouvent difficilement dans le même personnage; c'est de l'esprit, du goût, du tact; tantôt de la gravité, de la sévérité même, tantôt du laisser-aller, de la familiarité; un langage quelquefois savant, solennel pour imposer, pour émouvoir; le plus souvent une parole douce, facile, insinuante, enjouée, pour plaire, toucher et convaincre; c'est de l'adresse à faire des questions imprévues et qui se rattachent cependant à l'objet de la leçon. Vous qui enseignez, soyez en un mot:

" Pères ou mères, afin qu'on vous respecte et qu'on vous aime; "Frères ou sœurs, afin qu'on ait confiance en vous; "Amis ou amies enfin, pour qu'on tolère vos défauts, et qu'on puisse, sans rougir, recevoir vos réprimandes sur les siens."

Honneur au professeur qui sait si bien comprendre ses devoirs, et les régler sur des idées si nobles, si justes et si vraies!

"Ici se présente," dit le grammairien Boniface, " une observation grave, quant aux nouvelles méthodes, et même quant aux modifications apportées à celles qui sont déjà adoptées. Il n'est personne, quelque peu versé qu'il soit dans l'enseignement, qui ne sache que la plus mauvaise méthode peut, comme la meilleure, produire des résultats extraordinaires dans un enfant heureusement organisé. Ici, ce ne sont ni la méthode ni le maître qui agissent; c'est un don naturel qui se développe de luimême, et au moindre rayon de lumière; mais de tels esprits sont rares, et plus la méthode sera rationnelle, plus s'opèrera cet heureux développement."

b La Vanité est toujours fille de la Sottise ou de l'Ignorance.

Un de nos pianistes les plus célèbres.

"Il est doux de trouver, dans une épouse chère,
Des arts consolateurs qui sachent nous distraire;
De pouvoir, sans quitter son modeste séjour,
Se reposer, le soir, des fatigues du jour ;
Ayez donc des talents: mais il est nécessaire
Qu'on en fasse un plaisir et non pas une affaire.
Si l'homme fait les lois, la femme fait les mœurs."

CASIMIR BONJOUR.

EXTRAIT DE PAUL ET VIRGINIE.

L'ami de Paul cherche à le consoler de la perte de Virginie.

"Mon fils, Dieu donne à la vertu tous les événements de la vie à supporter, pour faire voir qu'elle seule peut en faire usage, et y trouver du bonheur et de la gloire. Quand il lui réserve une réputation illustre, il l'élève sur un grand théâtre et la met aux prises1 avec la Mort; alors son courage sert d'exemple, et le souvenir de ses malheurs reçoit à jamais un tribut de larmes de la postérité. Voilà le monument immortel qui lui est réservé sur une terre où tout passe, et où la mémoire même de la plupart des rois est bientôt ensevelie dans un éternel oubli.

"Mais Virginie existe encore. Mon fils, voyez que tout change sur la terre, et que rien ne s'y perd. Aucun art humain ne pourrait anéantir la plus petite particule de matière; et ce qui fut raisonnable, sensible, aimant, vertueux, religieux, aurait péri, lorsque les éléments, dont il était revêtu, sont indestructibles! Ah! si Virginie a été heureuse avec nous, elle l'est maintenant bien davantage. Il y a un Dieu, mon fils; toute la nature l'annonce; je n'ai pas besoin de vous le prouver. Il n'y a que la méchanceté des hommes qui leur fasse nier une justice qu'ils craignent. Son sentiment est dans votre cœur, ainsi que ses ouvrages sont sous vos yeux. Croyez-vous donc qu'il laisse Virginie sans récompense? Croyez-vous que cette même puissance, qui avait revêtu cette âme si noble d'une forme si belle, où vous sentiez un art divin, n'aurait pu la tirer des flots? que celui qui a arrangé le bonheur actuel des hommes par des lois que vous ne connaissez pas, ne puisse en préparer un autre à Virginie par des lois qui vous sont également inconnues? Quand nous étions dans le néant, si nous eussions été capables de penser, aurions-nous pu nous former une idée de notre existence? et, maintenant que nous sommes dans cette existence ténébreuse et fugitive, pouvons-nous prévoir ce qu'il y a au delà de la mort, par où nous en devons sortir? Dieu a-t-il besoin, comme l'homme, du petit globe de notre terre, pour servir de thé

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