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PENSÉES ET MAXIMES.

"La morale présentée par pensées détachées a plus d'énergie."

Sénèque.

La bonne éducation de la jeunesse est le garant le plus sûr du bonheur d'un état.

Une jeunesse studieuse amène naturellement une virilité instruite.

Ménagez tout, fortune, instruction, amis, santé, pour la vieillesse ; sa débilité ne trouve jamais assez d'appuis.

La connaissance de soi-même est le fondement de toutes les vertus.

L'ennui est entré dans le monde avec la paresse.

L'imagination galope, le jugement ne va qu'au pas. L'homme faible tremble devant l'opinion, le fou la brave, le sage la juge.

La modestie, la plus touchante des vertus, est encore la plus séduisante des parures.

Le goût est à l'esprit ce que la grâce est à la beauté. L'amour propre est plus habile que le plus habile homme

du monde.

Les hypocrites, comme les abeilles, ont le miel à la bouche et l'aiguillon caché.

La parfaite valeur est de faire sans témoins ce qu'on serait capable de faire devant tout le monde.

La leçon de l'avenir est dans la contemplation du passé.

Il faut choisir dans les meilleurs auteurs certains lieux si éclatants, qu'il soit important de ne les oublier jamais.

Qui pourrait dire, combien de siècles a vécu celui qui a beaucoup senti et médité?

La plus belle généalogie est une suite de services rendus à son pays, à l'humanité.

La vérité est comme la rosée du ciel; pour la conserver pure, il faut la recueillir dans un vase pur.

L'esprit de l'homme est un fruit sauvage, la culture seule peut le rendre doux.

Ce n'est point un grand avantage d'avoir l'esprit vif, si on ne l'a juste. La perfection d'une pendule n'est pas d'aller vite, mais d'être réglée.

Avez-vous quelquefois réfléchi au prodige de l'énorme consommation et de la constante reproduction des grains qui sustentent les générations successives?

Le monde vu de loin est comme une riante perspective; tout le charme disparaît lorsqu'on y pénètre.

"Quand vous aurez acheté une belle chose," dit Franklin, "il vous en faudra acheter encore dix pour que tout soit uniforme."

On ne demande que quatre choses à une femme : que la vertu habite dans son cœur; que la modestie brille sur son front; que la douceur découle de ses lèvres, et que le travail occupe ses mains.

Peut-il y avoir d'autres guerres que les guerres civiles, puisque tous les hommes sont frères?

Les personnes comblées des dons de la fortune sont comme des vaisseaux trop chargés qui risquent plus que les autres de couler à fond.

Parlez peu de vous au superlatif, afin qu'on n'en parle pas beaucoup au diminutif.

C'est l'usage est une mauvaise raison qui dispense d'en donner une bonne.

Le meilleur code grammatical se trouve dans les grands écrivains d'une nation.

La jeunesse en acquérant des talents se dote elle-même. S'abandonner à la colère, c'est souvent venger sur soi la faute d'un autre.

L'acception des mots s'altère, se détourne si facilement, qu'une multitude de fous se disent philosophes, oubliant que ce mot veut dire : "Ami de la sagesse."

Se glorifier de la noblesse de ses ancêtres, c'est chercher dans les racines le fruit qu'on devrait trouver dans les branches.

Tout le monde se plaint de sa mémoire, et personne ne se plaint de son jugement.

Le luxe est une divinité bizarre, à laquelle on sacrifie le nécessaire pour en obtenir le superflu.

On rirait souvent de l'homme le plus actif, si l'on savait pour quelles bagatelles il s'agite.

Les faux amis sont comme l'ombre du cadran solaire, ils s'évanouissent avec le soleil.

Entre un penseur et un érudit, il y a la même différence qui se trouve entre un livre et une table des matières.

L'amitié ne se répand point en paroles, mais elle agit sans cesse; ces prétendus amis qui ne parlent que de leurs cœurs, ressemblent à ces poltrons qui ne parlent que de bravoure et de combats.

L'homme fort souffre sans se plaindre; l'homme faible se plaint sans souffrir.

Chaque génération nouvelle s'imagine trouver un monde

nouveau.

Si nous ne nous flattions point nous-mêmes, la flatterie des autres ne pourrait nous nuire.

Les principes reçus dans l'enfance ressemblent à ces caractères tracés sur l'écorce d'un jeune arbre, qui croissent, qui se développent avec lui, et font partie de luimême.

Il est beau d'écrire ce que l'on pense, c'est le privilége de l'homme.

Les belles-lettres et les beaux-arts peuvent nous placer dans l'élite de la nation.

Quelque état que l'homme embrasse, le travail en fait son occupation dans la jeunesse, son soutien dans l'âge mûr, sa consolation dans a vieillesse.

Le bonheur domestique est à la longue le plus solide et le plus doux.

EXTRAITS DES MAXIMES DE LA ROCHEFOUCAULD.

CELUI qui croit pouvoir trouver en soi-même de quoi se passer de tout le monde, se trompe fort; mais celui qui croit qu'on ne peut se passer de lui, se trompe encore davantage.

Un homme à qui personne ne plaît est bien plus malheureux que celui qui ne plaît à personne.

Personne n'ignore que les bons livres sont l'essence des meilleurs esprits, le précis de leurs connaissances, et le fruit de leurs longues veilles. L'étude d'une vie entière s'y peut recueillir dans quelques heures: c'est un grand

secours.

De toutes les passions, celle qui est la plus inconnue à nous-mêmes, c'est la paresse; elle est la plus ardente et la plus maligne de toutes, quoique sa violence soit insensible, et que les dommages qu'elle cause soient très-cachés: si nous considérons attentivement son pouvoir, nous verrons qu'elle se rend en toutes rencontres maîtresse de nos sentiments, de nos intérêts et de nos plaisirs; c'est l'obstacle qui a la force d'arrêter les plus grands vaisseaux; c'est une bonace2 plus dangereuse aux plus importantes affaires que les écueils et que les plus grandes tempêtes.

LA ROCHEFoucauld.

LA ROCHEFOUCAULD (François duc de),

Célèbre moraliste français, né en 1619, mort en 1680. Connu principalement par ses Maximes.

EXTRAITS DE DIVERS AUTEURS.

LES inventions utiles, ainsi que les semences des végétaux, croissent et mûrissent sans bruit; les fruits en sont cueillis sans peine, et le vulgaire en jouit sans s'informer comment ni d'où elles viennent, et sans imaginer ce qu'elles ont coûté. BAILLY. (Voyez la page 81.)

Dans cent ans le monde subsistera peut-être encore en

son entier: ce sera le même théâtre et les mêmes décorations; ce ne seront plus les mêmes acteurs. Tout ce qui se réjouit sur une grâce reçue, ou ce qui s'attriste et se désespère sur un refus, tous auront disparu de dessus la scène. Il s'avance déjà sur le théâtre d'autres hommes qui vont jouer dans une même pièce les mêmes rôles. Ils s'évanouiront à leur tour, et ceux qui ne sont pas encore un jour ne seront plus. De nouveaux acteurs auront pris leur place. LA BRUYÈRE. (Voyez la page 149.)

LA MER.-Le spectacle de la mer fait toujours une impression profonde; elle est l'image de cet infini qui attire sans cesse la pensée, et dans lequel sans cesse elle va se perdre. . . . On aime à rapprocher le plus pur des sentiments de l'âme, la religion, avec le spectacle de cette superbe mer, sur laquelle l'homme jamais ne peut imprimer sa trace. La terre est travaillée par lui, les montagnes sont coupées par ses routes, les rivières se resserrent en canaux, pour porter ses marchandises; mais si les vaisseaux sillonnent un moment les ondes, la vague vient effacer aussitôt cette légère marque de servitude, et la mer reparaît telle qu'elle fut au premier jour de la création.

MADAME DE STAËL. (Voyez la page 80.)

LA TERRE ne se lasse jamais de répandre ses biens sur ceux qui la cultivent: son sein fécond ne peut s'épuiser. Plus il Ꭹ a d'hommes dans un pays, pourvu qu'ils soient laborieux, plus ils jouissent de l'abondance. Ils n'ont jamais besoin d'être jaloux les uns des autres: la terre, cette bonne mère, multiplie ses dons selon le nombre de ses enfants qui méritent ses fruits par leur travail. L'ambition et l'avarice des hommes sont les seules sources de leur malheur: les hommes veulent tout avoir, et ils se rendent malheureux par le désir du superflu; s'ils voulaient vivre simplement, et se contenter de satisfaire aux vrais besoins, on verrait partout l'abondance, la joie, la paix et l'union. FÉNELON. (Voyez la page 23.)

Si la solitude a ses jouissances, elle a ses privations;

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