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Louis. Vous auriez mieux fait de ne vous mettre jamais dans le besoin de faire éclater cette constance. Le peuple n'avait que faire de cet héroïsme. Le héros ne s'est-il point ennuyé en prison?

François.-Oui, sans doute; et j'achetai la liberté bien FÉNELON. (Voyez la page 23.)

chèrement.

a Cette bataille fut livrée en 1515, lorsque François Ier entra dans le Milanais, pour faire valoir, par la force des armes, ses droits sur ce duché.

b Le 14 avril 1544.

© Henri VIII et Charles-Quint, qui unirent leurs intérêts en 1521. En 1525. C'est à cette occasion qu'il écrivit à sa mère: Madame, tout est perdu fors l'honneur.

← Le roi Jean fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers, livrée aux Anglais en 1356.

LE MARÉCHAL DE BIRON À HENRI IVa,

à qui, dans une circonstance épineuse, on conseillait de se retirer en Angleterre.

QUOI! Sire, on vous conseille de monter sur mer, comme s'il n'y avait pas d'autres moyens de conserver votre royaume, que de le quitter! Si vous n'étiez pas en France, il faudrait percer au travers de tous les hasards et de tous les obstacles pour y venir; et maintenant que vous y êtes, on voudrait que vous en sortissiez; et vos amis seraient d'avis que vous fissiez, de votre bon gré, ce que les efforts de vos plus grands ennemis ne sauraient vous contraindre de faire. En l'état où vous êtes, sortir seulement de la France pour vingt-quatre heures, c'est s'en bannir pour jamais. Le péril, au reste, n'est pas si grand qu'on vous le dépeint: ceux qui nous pensent envelopper sont, ou ceux mêmes que nous avons tenus enfermés si lâchement à Paris, ou gens qui ne valent pas mieux, et qui auront plus d'affaires entre eux-mêmes que contre nous. Enfin, Sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer. Il s'agit d'un royaume, il faut l'emporter, ou y perdre la vie; et,

quand même il n'y aurait point d'autre sûreté pour votre personne sacrée, que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pied ferme, que de vous sauver par ce moyen. Votre Majesté ne souffrirait jamais qu'un cadet de la maison de Lorraine lui fît perdre terre, encore moins qu'on la vît mendier à la porte d'un prince étranger. Non, Sire, il n'y a ni couronne ni honneur pour vous au delà de la mer. Si vous allez au devant du secours de l'Angleterre, il reculera: si vous vous présentez au port de la Rochelle, en homme qui se sauve, vous n'y trouverez que des reproches et du mépris. Je ne puis croire que vous deviez plutôt fier votre personne à l'inconstance des flots, et à la merci de l'étranger, qu'à tant de braves gentilshommes et tant de vieux soldats, qui sont prêts à lui servir de remparts et de boucliers; et je suis trop serviteur de Votre Majesté, pour lui dissimuler que si elle cherchait sa sûreté ailleurs que dans leur vertu, ils seraient obligés de chercher la leur dans un autre parti que dans le sien. MÉZERAY.

MEZERAY (François Eudes de), Historien célèbre, né en Normandie en 1610, mort en 1683. Principaux ouvrages: Histoire de France, Traité de l'origine des Français, Traité de la vérité de la religion chrétienne, &c.

a Avec Henri IV, roi de France, la maison de Bourbon monta sur le trône; ses droits étaient incontestables, puisqu'il descendait de Robert, sixième fils de Saint Louis; mais la Ligue (c'est-à-dire l'association catholique à la tête de laquelle étaient les Guises, princes de Lorraine), sous prétexte de religion, s'opposa à son avénement.

Il s'agit ici de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, second fils de François de Lorraine, duc de Guise. Mayenne, s'étant déclaré chef de la Ligue, prit le titre de lieutenant-général de l'Etat et couronne de France, fit déclarer roi le cardinal de Bourbon sous le nom de Charles X, et marcha contre Henri IV, à la tête de 30,000 hommes; mais il fut battu aux journées d'Arques et d'Ivry. Il mourut à Soissons, en 1611. La Rochelle, chef-lieu du département de la Charente-Inférieure, était alors le boulevard des calvinistes. Assiégée sans succès, en 1574, par le duc d'Anjou, depuis Henri III, elle ne se rendit qu'à Louis XIII, en 1628, après une défense héroïque de treize mois.

PORTRAIT DE RICHELIEU.

Richelieu (Armand-Jean du Plessis, cardinal de), né à Paris en 1585, mort en 1642. Il fut le premier ministre de Louis XIII, et l'un des plus habiles politiques et des plus grands génies que la France ait produits.

Malgré les graves reproches que lui fait l'histoire, on se rappelle avec reconnaissance que, protecteur des arts, des sciences et des lettres, il bâtit le Palais-Royal, établit le Jardin des Plantes, fonda l'Académie française, et prépara le beau siècle de Louis XIV.

MONTEZ les degrés du vieux archevêchéa, et entrons dans la première et la plus grande de ses salles. Elle était fort longue, mais éclairée par une suite de hautes fenêtres en ogives', dont la partie supérieure seulement avait conservé des vitraux bleus, jaunes et rouges, qui répandaient une lueur mystérieuse dans l'appartement. Une table ronde, énorme, la remplissait dans toute sa largeur du côté de la grande cheminée; autour de cette table, couverte d'un tapis bariolé et chargé de papiers et de portefeuilles, étaient assis et courbés sur leurs plumes huit secrétaires occupés à copier des lettres qu'on leur passait d'une table plus petite. D'autres hommes, debout, rangeaient les papiers dans les rayons d'une bibliothèque, que des livres, reliés en noir, ne remplissaient pas tout entière, et marchaient avec précaution sur le tapis épais dont la salle était garnie.

Malgré cette quantité de personnes réunies, on eût entendu les ailes d'une mouche. Le seul bruit qui s'élevât était celui des plumes qui couraient rapidement sur le papier, et d'une voix grêle3 qui dictait s'interrompant pour tousser. Elle sortait d'un immense fauteuil à grands bras, placé au coin du feu, allumé en dépit de la chaleur de la saison et du pays. C'était un de ces fauteuils qu'on voit encore dans quelques vieux châteaux, et qui semblaient faits pour s'endormir en lisant, sur eux, quelque livre que ce soit, tant chaque compartiment en est soigné; un croissant de plume y soutient les reins; si la tête se penche,

elle y trouve ses joues reçues par des oreillers couverts de soie, et le coussin de siége déborde tellement les coudes, qu'il est permis de croire que les tapissiers de nos pères avaient pour but d'éviter que le livre ne fît du bruit et ne les réveillât en tombant.

Mais quittons cette digression pour parler de l'homme qui s'y trouvait, et qui n'y dormait pas. Il avait le front large, et quelques cheveux fort blancs, une figure pâle et effilée, à laquelle une petite barbe blanche et pointue donnait cet air de finesse que l'on remarque dans tous les portraits du siècle de Louis XIII. Une bouche presque sans lèvres, et nous sommes forcés d'avouer que le docteur Lavaterb regarde ce signe comme indiquant le méchanceté à n'en pouvoir douter; une bouche pincée, disons-nous, était encadrée par deux petites moustaches grises et une royale, ornement que nos officiers de hussards se laissent croître entre la lèvre inférieure et le menton, et qui ressemble assez à une virgule. Ce vieillard, qui avait sur la tête une calotte 5 rouge, et qui était enveloppé dans une vaste robe de chambre, portait des bas de soie pourprée, et n'était rien moins que Armand du Plessis, cardinal de Richelieu. ALFRED DE VIGNY.

VIGNY (Alfred, comte de),

Né en Touraine vers 1798. Auteur vivant. Nous avons de cet écrivain des drames, des romans et des poèmes fort estimés.

a Celui de Narbonne.

b Lavater, ministre protestant et célèbre physionomiste, né à Zurich en 1741, mort en 1801.

DÉCOUVERTES ET PROGRÈS DE L'ESPRIT HUMAIN DU TEMPS DE DESCARTES.

René Descartes, philosophe et mathématicien célèbre, né à La Haye en Touraine en 1596, mort en 1650. Il passa en Suède sur l'invitation de la reine Christine.

LAISSANT là les temps trop reculés, je veux chercher, dans le siècle même de Descartes, ou dans ceux qui ont

immédiatement précédé sa naissance, tout ce qui a pu servir à le former, en influant sur son génie.

Et d'abord j'aperçois dans l'univers une espèce de fermentation générale. La nature semble être dans un de ces moments où elle fait les plus grands efforts. Tout s'agite, on veut partout remuer les anciennes bornes; on veut étendre la sphère humaine. Vasco de Gamaa découvre les Indes (1497); Colomb découvre l'Amérique (1492); Cortez et Pizarre subjuguent des contrées immenses et nouvelles ; Magellan cherche les terres australes; Drake fait le tour du monde : l'esprit des découvertes anime toutes les nations. De grands changements dans la politique et les religions ébranlent l'Europe, l'Asie et l'Afrique; cette secousse se communique aux sciences. L'astronomie renaît dès le quinzième siècle. Copernic rétablit le système de Pythagore et le mouvement de la terre pas immense fait dans la nature! Tycho-Brahé d ajoute aux observations de tous les siècles; il corrige et perfectionne la théorie des planètes, détermine le lieu d'un grand nombre d'étoiles fixes, démontre la région que les comètes occupent dans l'espace. Le nombre des phénomènes connus s'augmente. Le législateur des cieux paraît : Képlere confirme ce qui a été trouvé avant lui, et ouvre la route à des vérités nouvelles; mais il fallait de plus grands secours. Les verres concaves et convexes, inventés par hasard au treizième siècle, sont réunis trois cents ans après, et forment le premier télescope. L'homme touche aux extrémités de la création. Galiléef fait dans les cieux ce que les grands navigateurs fesaient sur les mers: il aborde à de nouveaux mondes. Les satellites de Jupiter sont connus; le mouvement de la terre est confirmé par les phases de Vénus; la géométrie est appliquée à la doctrine du mouvement; la force accélératrice dans la chute des corps est mesurée; on découvre la pesanteur de l'air, on entrevoit son élasticité. Bacon fait le dénombrement des connaissances humaines, et les juge; il annonce le besoin de refaire des idées nouvelles, et prédit quelque chose de grand pour les siècles à venir. Voilà ce que la

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