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azotique afin de dégager complétement l'iode, les concentrer, et employer ensuite les réactifs des sels de potasse. Le soluté alcoolique offre les mêmes caractères chimiques. On pourrait d'ailleurs en séparer l'alcool par la distillation.

Les solutés aqueux et alcooliques d'iodure de potassium se trouvent aussi dans les pharmacies à l'état ioduré. Ils se distinguent des solutés simples par leur couleur qui est jaunâtre ou d'un brun rougeâtre, et par la propriété de colorer immédiatement l'amidon en violet ou la colle de pâte en bleu.

Iodure de potassium et matières organiques, liquides et solides.

L'iodure de potassium ne change pas l'aspect du cidre, de la bière, du vin, et autres liquides organiques, colorés ou incolorés. Il ne coagule pas le lait, les liquides albumineux. L'iodure de potassium impur, par le carbonate de potasse qu'il contient, empêcherait, au contraire, la coagulation de ces liquides. Enfin il n'est ni altéré ni décomposé par les matières organiques solides, telles que les aliments, le tube intestinal, etc. Ce sel étant très-soluble dans l'eau, se trouvera dans la partie liquide des matières des vomissements, ou bien encore, il sera facile de l'isoler des matières solides et des tissus par l'intermédiaire de ce véhicule. A cet effet, on séparera les parties liquides des solides par la filtration, et on agira sur les unes et les autres comme il va être indiqué.

A. Parties liquides. Si les liquides sont incolores ou peu colorés, on peut y constater directement la présence de l'iode. Si les liquides sont colorés (le vin, l'infusé de café), on les décolore préalablement par le charbon. S'ils sont albumineux ou caséeux (le lait, les dissolutions d'albumine), on les coagule par la chaleur, en ajoutant quelques gouttes d'acide acétique, si cela est nécessaire, comme pour le lait. Dans tous les cas on filtre, et l'on traite une portion des liquides filtrés et concentrés, par l'amidon, l'acide sulfurique et le chlore. Si les résultats sont négatifs, évaporez ces liquides à siccité, carbonisez le résidu dans un creuset fermé, ou dans une cornue, épuisez le charbon par l'alcool, filtrez, évaporez le soluté alcoolique à

siccité, dissolvez le résidu dans un peu d'eau distillée, filtrez de nouveau, et essayez le liquide filtré par l'amidon, l'acide sulfurique et le chlore, avec toutes les précautions que nous avons indiquées. Après avoir constaté la présence de l'iode, filtrez pour séparer l'iodure d'amidon, chauffez pour concentrer le liquide et pour dégager complétement l'iode, et constatez ensuite la présence de la potasse par l'hydrochlorate de platine, etc. Il est mieux de traiter d'abord le charbon par l'alcool, afin d'isoler, autant que possible, les sels insolubles dans ce véhicule que renferment les matières organiques. Cela est surtout nécessaire lorsqu'on veut démontrer la présence de la potasse; mais, il faut ne pas oublier que le charbon et les cendres des matières organiques renferment des sels de cette base, et que, par conséquent, ce n'est qu'à priori et par la quantité du précipité obtenu avec l'hydrochlorate de platine qu'on pourra se prononcer. Presque dans tous les cas on se contente de démontrer seulement la présence de l'iode.

B. Parties solides. Pour démontrer l'iodure de potassium dans la partie solide des matières des vomissements ou contenues dans l'estomac et dans le tube intestinal lui-même, après avoir divisé ces parties par petits morceaux, on les fait bouillir pendant six ou dix minutes dans s. q. d'eau distillée, et l'on filtre; on lave les parties restées sur le filtre avec un peu d'eau distillée, on réunit les liquides filtrés, et on y démontre la présence de l'iode et de la potasse, comme nous l'avons indiqué dans le paragraphe précédent. Nous avons observé que la filtration des liquides organiques était plus prompte lorsqu'on les faisait bouillir préalablement avec du charbon purifié. Si l'on opérait sur les matières des vomissements ou contenues dans le tube intestinal, il conviendrait d'agir simultanément sur les parties liquides réunies aux décoctés des parties solides, les réactions seraient plus marquées.

Iodure de potassium mêlé au sang, aux liquides secrétés, excrétés, etc, Plusieurs faits démontrent que l'iodure de potassium est absorbé. Cantù l'a décélé dans les urines, la salive, le sang, etc.;

Devergie, dans les larmes d'un malade auquel il donnait ce sel à la dose de 24 grains par jour, et Peligot, dans le lait des ânesses auxquelles il l'administrait. MM. Wolher, Stenberger et O. Saugnessey, ont même trouvé l'iodure de potassium dans les urines, quelques jours après son administration, quoiqu'ils n'en aient pu découvrir aucune trace dans l'estomac. Aussi, les analyses, dans un cas d'expertise médico-légale, ne devraient pas se borner seulement à ces derniers organes, et aux matières qu'ils contiennent, surtout si les résultats étaient négatifs.

Le procédé d'analyse, pour démontrer l'iodure de potassium dans ces liquides, est celui que nous avons indiqué en parlant de la partie liquide des matières alimentaires. Dans tous ces cas on constate seulement la présence de l'iode. Nous avons mêlé une goutte de soluté d'iodure de potassium, à 30 gram. de sang corrompu, et 30 gram. d'eau, le tout a été chauffé jusqu'à coagulation; le liquide filtré, qui était à peine coloré, nous a donné, sans qu'il ait été nécessaire de lè concentrer, une réaction très-marquée par l'amidou, l'acide sulfurique et lè chlore. Christison, par le procédé de la carbonisation, a démontré 5 centigr. d'iodure de potassium, dans 180 gr. d'urine. Lorsqu'on opère sur des liquides contenant beaucoup de sels, tels que les urines, il importe, afin d'isoler ces sels autant que possible, de traiter le charbon par l'alcool, comme le récommande ce toxicologiste.

Effets toxiques.

L'iodure de potassium n'a pas été employé que nous sachions dans un but criminel. Dans l'observation de suicide par l'iodure de potassium ioduré, citée par O. Dessaignés, les effets toxiques dépendent probablement autant de l'iode que de l'iodure de potassium, d'autant plus que ce sel ne paraît pas doué d'une grande activité. M. Magendie en a donné jusqu'à 4 et 8 gram. par jour, sans accident. Les personnes prenaient de l'embonpoint. Chez les jeunes filles, la gorge continuait à se développer, ce qui infirmerait la propriété atrophique qu'on

attribue à ce sel. Bucchanam en a même porté la dose jusqu'à 16 gram., sans inconvénient. 4 gram. 20 centigr. d'iodure de potassium, dissout dans un peu d'eau, injecté dans la veine jugulaire d'un chien, détermine la mort en quelques secondes. 4 à 8 gram. ingérés dans l'estomac d'un chien, occasionnent des vomissements renfermant le poison, et un affaissement qui s'accroît de plus en plus jusqu'à la mort (Devergie.). Ces expériences ne concordent pas avec les observations chez l'homme. Enfin, l'usage prolongé de potassium produirait aussi la fièvre iodique, les effets constitutionnels de l'iode.

Altérations pathologiques. On a noté les lésions suivantes sur les chiens estomac fortement contracté; ecchymoses nombreuses; tissu cellulaire sous-muqueux, emphysémateux par plaques; rougeurs, injections, ulcérations à bords amincis de la muqueuse gastrique. Ces lésions siégent surtout dans le grand cul-de-sac de l'estomac. On a trouvé quelques traces d'inflammation dans le restant du tube digestif.

Traitement. Provoquer l'expulsion du poison par des boissons mucilagineuses ou albumineuses. Il n'y a pas de contrepoison connu. Faire la médecine des symptômes.

Questions médico-légales. Aucun càs d'expertise légale sur les préparations d'iode n'ayant eu lieu, ce n'est donc que par supposition que nous poserons les questions suivantes : 1° peuton trouver l'iode dans le sang, dans les urines, etc., quoiqu'il n'en existe pas de traces dans le tube intestinal ou les matières qu'il contient? Les expériences de O. Säugnessey, etc., répondent affirmativement. 20 Peut-on distinguer si l'iode a été donné comme médicament ou comme poison? Ce ne serait que par les lésions organiques du tube intestinal, par la quantité d'iode trouvée dans cet organe ou dans les matièrès qu'il contient, qu'on pourrait répondre à cette question. 3o L'em poisonnement par l'iode offre-t-il des caractères propres, distincts? Il est certain que, si ce n'est les altérations pathologiques, c'est-à-dire, la coloration des tissus en jaune, taches qui colorent le papier amidonné en bleu et qui disparaissent par la potasse, ce qui les distingue des taches produités par la

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bileet par l'acide azotique, nous n'avons guère que les caractères chimiques qu'on peut résumer ainsi : 1o toutes les matières, liquides ou solides, contenant de l'iode en nature ou à l'état de mélange, colorent un papier amidonné en bleu ; 2o tout liquide ou solide contenant de l'iode en nature, acidifié ou combiné, étant saturé par un soluté de potasse et traité ensuite par un soluté d'amidon, l'acide sulfurique et le chlore, donne une coloration bleue ou violette.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONs de brome.

Les préparations de brome n'étant qu'imparfaitement connues sous le point de vue toxique, nous n'en parlerons que très-brièvement.

Le brome a été découvert par M. Balard, en 1826. Il est liquide, brun rougeâtre, vu par réflexion et en masse, rouge hyacinthe, vu par réfraction et par petites couches, d'une odeur forte, désagréable, d'une saveur âcre. Sa densité est trois fois celle de l'eau. Il bout à + 47°, et se volatilise en vapeurs orangées-rougeâtres, lesquelles se forment aussi à la température ordinaire, et occupent l'atmosphère du flacon. Le brome colore la peau en jaune. Versé sur l'eau, il se dépose au fond du vase; mais il est assez soluble dans ce liquide pour lui communiquer une couleur jaune ambrée. Il se dissout très-bien dans l'alcool et l'éther.

Les solutés de brome sont colorés en jaune ou jaune rougeâtre; ils décolorent l'indigo, l'encre, la teinture de tournesol, et donnent 1°, par le nitrate d'argent, un précipité blanc jaunâtre cailleboté (bromure d'argent), insoluble dans l'eau, l'acide nitrique et l'ammoniaque; 2o par le protonitrate de mercure, un précipité blanc (proto-bromure de mercure), insoluble dans l'eau et se colorant en noir par l'ammoniaque; 3o agités avec de la limaille de zinc, ils se décolorent en formant un bromure de zinc, et se colorent de nouveau par l'addition de quelques gouttes de chlore, qui s'empare du zinc et met le brome à nu; 40 saturés par la potasse, ils donnent un bromure de potassium

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