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Procédé O. Saugnessey. Après avoir délayé les matières azo– tiques dans de l'eau distillée, et les avoir saturées par le bicarbonate de potasse, O. Saugnessey, en opère la filtration à l'aide d'une bande de papier à filtrer, légèrement tordue et coudée en siphon. Il plonge la branche la plus courte dans les matières, et la branche la plus longue est reçue dans un vase récipient; il couvre ensuite le tout d'une cloche. En vingt-quatre ou quarante-huit heures, il obtient un liquide assez complétement dépouillé de matière organique, pour donner, par l'évaporation, des cristaux d'azotate de potasse assez pur, pour y décéler l'acide azotique par son procédé, c'est-à-dire, par l'acide sulfurique et la morphine. Il a ainsi constaté 10 gouttes d'acide azotique (quantité, à la vérité, un peu forte) dans 90 grammes de soupe épaisse aux pois.

Procédé Christison. Christison, tout en considérant le procédé de O. Saugnessey comme le plus rationnel et le plus délicat, avoue cependant que, dans quelques cas, ce mode de filtration, ne donne pas d'azotate de potasse assez pur pour y décéler l'acide azotique. Ainsi, dans un mélange de 6 onces (180 grammes environ) d'eau d'orge, de bouillon, et 4 gouttes d'acide azotique, préalablement neutralisé par la potasse, il a re tiré en trois jours, par la filtration, 1/2 once (15 granimes) de liquide, dont la moitié, évaporée au bain-marie, a donné un résidu cristallisé, déliquescent, qui, chauffé avec de l'acide sulfurique dans un tube, a dégagé une odeur forte de chlore. Les vapeurs qui se répandaient dans le tube coloraient à peine la morphine. Le résidu de l'autre moitié, a été dissous dans un peu d'eau distillée et traité par l'acétate d'argent; le liquide filtré a fourni par évaporation un résidu qui, par l'acide sulfurique et la morphine, a donné une bonne réaction. Aussi, Christison propose-t-il d'apporter cette dernière modification au procédé de O. Saugnessey, c'est-à-dire, de traiter les liquides azotiques par l'acétate d'argent, dans le double but de précipiter le chlore des chlorures, et de débarrasser les liquides des matières organiques, lesquelles sont entraînées par le chlorure d'argent. Il prépare l'acétate d'argent en faisant réagir l'acétate

de potasse et l'azotate d'argent préalablement dissous. On filtre, on comprime le précipité entre deux feuilles de papier Joseph, on le dissout dans l'eau bouillante, et on le fait cristalliser par évaporation; les cristaux sont lavés à l'eau distillée et desséchés de nouveau par la compression. Comme l'acétate d'argent est peu soluble dans l'eau froide, qu'il se décompose à la température de l'ébullition, il faut en opérer la solution à quelques degrés au-dessous, et ne le préparer qu'à mesure du besoin, parce que ce sel s'altère facilement lorsqu'il est dissous.

Procédé Orfila. Séparez les parties liquides des parties solides, en les passant à travers un linge, constatez si les liquides rougissent le papier de tournesol, et si, saturés par le bicarbonate de potasse, et évaporés jusqu'à siccité, le résidu cristallin active la combustion des charbons ardents, et donne des vapeurs rutilantes par l'acide sulfurique et la limaille de cuivre. Si ces essais sont infructueux, distillez le restant des liquides dans une cornue avec de la limaille de cuivre; vers la fin de l'opération, il se dégage des vapeurs rutilantes caractéristiques, qui se rendent dans le récipient avec l'acide nitrique indécom posé, et dont on peut facilement apprécier les caractères. Quant aux parties solides, on les met à macérer pendant un quart d'heure dans de l'eau distillée, tenant en dissolution du bicarbonate de potasse; on filtre; on évapore les liquides jusqu'à siccité, et l'on constate l'acide nitrique dans le résidu cristallin, comme nous venons de l'indiquer. Par ce procédé, M. Orfila a pu toujours décéler l'acide azotique dans les taches jaunes du tube intestinal, lorsqu'elles n'avaient point été lavées. M. Devergie dit s'être assuré par des expériences comparatives, que le procédé de M. Orfila n'était applicable que dans les cas où les matières contenaient une quantité assez notable d'acide azotique.

M. Guérin de Mammers fait bouillir, avec de l'eau et de la limaille de cuivre, les matières colorées par l'acide nitrique, pour en dégager des vapeurs rutilantes. M. Orfila dit n'avoir obtenu ces vapeurs que lorsque les taches contenaient beaucoup d'acide azotique.

Procédé Devergie. Ce toxicologiste s'étant d'abord assuré : 1° qu'à la température de l'ébullition, l'eau séparait la plus grande partie d'acide azotique des matières organiques, sans qu'il y ait déperdition de cet acide; 2o que le chlore décomposait les matières organiques des liquides azotiques, et qu'on pouvait ensuite l'en dégager, sans qu'il en reste dans la liqueur, propose le procédé suivant. Introduisez les matières solides avec 4 ou 5 fois leur poids d'eau, dans une cornue bitubulée ; distillez jusqu'à ce que la moitié des liquides soit évaporée ; laissez refroidir; décantez; ajoutez une nouvelle quantité d'eau; faites bouillir pendant dix minutes; réunissez les liqueurs; filtrez-les, et faites passer à travers un courant de chlore, jusqu'à ce qu'une portion de liquide étant filtrée, ne se trouble plus par un courant de ce gaz. Filtrez alors toutes les liqueurs, chauffez-les et maintenez-les seulement quelques instants à la température de l'ébullition, afin de dégager l'excès de chlore, ce qu'on reconnaît, à ce que, les liquides qui décoloraient le papier bleu de tournesol, le rougissent actuellement. Ajoutez du bicarbonate de potasse jusqu'à saturation; évaporez jusqu'à siccité au bain de sable ou au bain-marie, et traitez le résidu par l'acide sulfurique et la limaille de cuivre dans son appareil à morphine et au sulfate de fer.

Si ces recherches étaient sans résultat, comme les matières ainsi épuisées retiennent encore de l'acide azotique, faites-les bouillir avec de l'eau et du bicarbonate de potasse; filtrez; traitez les liquides filtrés par le chlore, enfin comme nous venons de l'indiquer ci-dessus. M. Devergie emploie aussi ce procédé pour décéler l'acide azotique dans les tissus du tube intestinal, ainsi que dans le résidu provenant de l'évaporation des liquides azotiques, lorsqu'il contient beaucoup de matières organiques. Il s'est assuré, par des expériences comparatives, qu'au lieu d'obtenir, comme par le procédé Orfila, un résidu rougeâtre, boursoufflé, et dans lequel, il est difficile ou impossible de reconnaître l'acide azotique, on obtenait un résidu cristallin, blanc, dans lequel il était aisé de constater cet acide. La théorie doit se taire devant les faits, mais cependant, il ne

nous paraît guère possible que le chlore, en présence de matières organiques, et surtout en présence d'une base, ne passe à l'état d'acide hydrochlorique ou de chlorure; or, nous verrous, dans l'empoisonnement par l'acide hydrochlorique, qu'il n'est pas possible de le dégager complétement des liquides organiques par la simple distillation; par conséquent, l'acide hydrochlorique ou le chlorure de potassium doivent modifier les réactions, inconvénient qu'a parfaitement senti Christison, puisque, dans son procédé, le but principal est de précipiter par le nitrate d'argent, le chlore des chlorures que contiennent habituellement les liquides organiques.

Taches d'acide azotique sur les organes, sur les vêtements, etc.

L'acide azotique réagit sur nos tissus, comme sur les matières alimentaires solides. Il leur cède de son oxygène, les transforme en une matière jaune particulière (matière jaune ou détonnante de Welther, acide carbazotique), laquelle peut s'enflammer spontanément quand on la chauffe. Dans cette réaction, il se forme en outre d'autres produits, parmi lesquels nous citerons les acides carbonique, acétique, oxalique, azoteux, hydrocyanique, l'ammoniaque, l'azote, le bioxyde d'azote, etc. La quantité d'acide hydrocyanique est quelquefois assez forte pour communiquer au tube intestinal et aux matières qu'il contient l'odeur d'amandes amères (Tartra). Les portions du tube intestinal atteintes par l'acide azotique sont colorées en jaune plus ou moins brillant, et offren: quelquefois une teinte verdâtre ou orangée. Elles sont grasses, onctueuses au toucher, et réduites en une matière crétacée, pultacée, si le contact a été prolongé. Les dents, les ongles, l'épiderme deviennent cependant plus secs, plus friables. L'épiderme s'enlève au bout d'un certain temps en petites lamelles parcheminées, offrant une foule de petits pertuis, lorsqu'on les place entre l'œil et la lumière. Les escarres que l'acide azotique produit sur la peau sont dures, jaunâtres, sèches, friables. Dans quelques cas assez rares, l'acide azotique colore les tissus, les muqueuses en noir; c'est surtout lorsqu'il est affaibli.

L'acide azotique rougit d'abord les vêtements; la tache qui passe au jaune au bout de quelques instants est circonscrite par une zone rouge; mais, à la longue, les parties deviennent d'un jaune terne;elles sont sèches, friables, et se déchirent facilement. Les portions de bouchons qui ont servi à boucher des fioles renfermant de l'acide azotique sont corrodées, d'un jaune pâle ou orangé, friables et savonneuses au toucher.

Analyse. Après avoir constaté les caractères physiques des matières atteintes par l'acide azotique, et surtout l'aspect, la couleur, l'odeur, l'état d'agrégation (lesquels offrent de bien grandes probabilités, si ce n'est une certitude complète), ainsi que leur réaction acide par le papier bleu de tournesol humide, on y décèle l'acide azotique par les mêmes procédés que dans les matières solides des vomissements; les mêmes réflexions leur sont applicables. Les cas dans lesquels le procédé ordinaire sera insuffisant seront certainement bien rares. Il importe de noter la coloration orangée que prennent les tissus, surtout ceux du tube intestinal, ainsi que la matière pultacée jaunâtre déposée à la surface de la muqueuse, quand on les chauffe avec le bicarbonate de potasse, afin de distinguer ces taches des taches de bile, qui ne changent pas de couleur par ce réactif, et des taches d'iode, qui disparaissent complétement.

Christison, pour les taches des tissus, des vêtements, a employé avec succès le procédé suivant: Il fait bouillir les parties tachées, à plusieurs reprises, avec quelques grammes d'eau pure, constate la réaction acide des liqueurs réunies, et si elles ne contiennent pas d'acide sulfurique ou hydrochlorique libres, ce dont il s'assure par les nitrates de baryte et d'argent (les liquides organiques donnent toujours un léger trouble par ces deux réactifs), les sature par la potasse, les évapore jusqu'à siccité, et traite le résidu par l'acide sulfurique et la morphine. Il a pu décéler ainsi, 49 jours après, une tache produite par une goutte d'acide azotique sur du drap. Il propose de faire une contre-épreuve avec les portions des mêmes vêtements non tachées.

Lorsque les taches offrent une réaction aci de très-marquée

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