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eut lieu dans un temps assez court, et le malade était entièrement rétabli, trois mois après l'accident.

La terminaison par la guérison complète dans la periode des accidents consécutifs est excessivement rare. Les malades conservent presque toujours quelques incommodités plus ou moins graves. Tartra, cite un graveur, qui, ayant bu de l'eau-forte par inadvertance, en rejeta la plus grande quantité, et chez lequel, les effets consécutifs s'amendèrent peu à peu, de sorte que, un an après, il ne vomissait que de temps à autre, mais il souffrait toujours de la gorge. La bouche et le pharynx ne formaient qu'une seule cavité par la destruction du voile du palais et des amygdales Cet homme n'offrait pas la maigreur, suite nécessaire d'une altération forte du tube intestinal; peut-être que l'acide n'avait pas pénétré dans l'estomac.

EMPOISONNEMENT PAR L'ACIDE NITReux.

L'acide nitreux, hypo-nitrique, hypo-azotique s'obtient par la distillation du nitrate de plomb sec. Il est liquide, jaune-orangé; donne des vapeurs rutilantes et permanentes à la température ordinaire; bout et se vaporise aussi en abondantes vapeurs nitreuses à + 28°. Etendu d'eau, il se décolore et se transforme en grande partie en acide nitrique. L'acide hyponitrique est très-rare dans le commerce, et bien peu employé comme poison; mais, il est plusieurs circonstances où il peut se produire à l'état de vapeurs rutilantes, occasionner alors des accidents très-graves et même mortels; c'est lorsque l'acide azotique se trouve en contact avec des corps trèsoxydables, les métaux, les matières organiques (Voyez empoisonnement par les matières gazeuses); aussi, dans l'intoxication par l'acide nitrique, il n'est probablement pas étranger au développement des effets toxiques et des altérations pathologiques d'ailleurs, l'acide azotique en contient presque toujours. L'acide nitreux réagit sur les matières organiques, solides et liquides, sur le cuivre, sur la morphine et le soluté de sulfate de fer comme l'acide nitrique, donne lieu aux mêines effets, et, par conséquent, réclame le même traitement.

EMPOISONNEMENT PAR L'ACIDe sulfurique.

Cet acide peut être considéré dans les mêmes états que l'acide nitrique, et de plus, à l'état de bleu de composition on de sulfate d'indigo.

Car. phys. L'acide sulfurique pur et concentré est liquide, incolore, de consistance oléagineuse; il ne donne pas de vapeurs à l'air. Sa densité est de 1,85. Il marque 66o au pèse-acide; bout et se vaporise sans résidu à + 326°. L'acide sulfurique du commerce offre à peu près les mêmes caractères, si ce n'est qu'il est presque toujours coloré en brun fauve, ou brun noiràtre. Comme il contient ordinairement du sulfate de plomb et de potasse, etc., il laisse un résidu formé par ces sels, après évaporation, lequel, peut s'élever de 2 1/2 à 3 pour %.

Car. chim. Qu'il soit pur ou du commerce, l'acide sulfurique offre les caractères chimiques suivants : 1o il rougit fortement la teinture de tournesol; 20 noircit, carbonise les matières organiques solides, un fragment d'allumette, etc., qu'on y laisse séjourner un instant, en leur enlevant de l'oxygène et de l'hydrogène dans les rapports convenables pour former de l'eau. Le carbone, mis à nu, colore ensuite l'acide en brun ou en noir. C'est à cette cause qu'est due la coloration de l'acide du commerce; 3° chauffé avec du charbon, de la limaille de cuivre, le mercure, etc., il leur cède de son oxygène, et se dégage à l'état d'acide sulfureux, reconnaissable à l'odeur de soufre qui brûle, et à ce que, un papier ou une baguette amidonnés et imprégnés d'un soluté d'acide iodique ou d'iodate acide de potasse, plongés dans ce gaz, se colorent en bleu ou en violet. L'acide sulfureux s'empare de l'oxygène de l'acide iodique, et l'iode se porte sur l'amidon; 4° l'acide sulfurique donne, avec le nitrate de baryte, un précipité blanc, lourd (sulfate de baryte), insoluble dans l'eau et l'acide nitrique. Ce précipité, lavé, desséché, mêlé avec du charbon pur, et chauffé pendant 10 à 12 minutes dans une cuiller de platine-couverte, à la flamme d'une lampe à l'alcool, avivée avec le chalumeau, ou pendant une demi-heure, à une chaleur rouge, dans un creu

set de Hesse ou de porcelaine fermé, de manière cependant à laisser une petite issue pour le dégagement des gaz, est ¡ransformé en sulfure de baryum. Le produit ou le résidu, introduit immédiatement après le refroidissement du vase, dans un petit tube de verre, laisse dégager, lorsqu'on y verse de l'acide hydrochlorique affaibli, du gaz hydrogène sulfuré, reconnaissable à son odeur d'œuf couvi, et à ce qu'il noircit le papier d'acetate de plomb, qu'on place à l'orifice du tube. 5° Enfin, l'acide sulfurique dissout l'indigo à froid, et forme un liquide de couleur bleue foncée, persistante (bleu de composition).

Tous ces caractères peuvent être facilement constatés avec l'acide sulfurique pur et du commerce, mais, lorsque cet acide est affaibli, et surtout lorsqu'il est mêlé avec des matières organiques, les deux caractères les plus importants, et qu'on doit tâcher de démontrer, autant que possible, dans les recherches toxicologiques, sont, le précipité par un sel de baryte, et le dé gagement d'acide sulfureux. Dans quelques cas même, on ne peut constater que l'un d'eux.

Acide sulfurique étendu d'eau.

L'acide sulfurique versé sur l'eau se précipite au fond du vase à la manière d'un sirop. Par le mélange des deux liquides, il y a élévation de température, d'autant plus marquée, que l'acide est plus concentré, et en plus grande quantité. La chaleur est quelquefois si instantanée et si élevée que le vase éclate. L'acide sulfurique affaibli rougit encore assez fortement le tournesol, forme avec le nitrate de baryte un précipité dont on peut apprécier les caractères, comme il a été indiqué; mais, pour constater le dégagement d'acide sulfureux, il faut concentrer préalablement le liquide jusqu'à consistance sirupeuse, et le chauffer ensuite dans un tube, avec quelques fragments de limaille de cuivre, etc. Plusieurs erreurs peuvent être commises : 1o l'eau ordinaire se trouble par le nitrate de baryte, en raison des sulfates qu'elle contient; à la vérité, le précipité est peu marqué; 2o de l'eau tenant en solution un sulfate acide, donnerait les mêmes réactions. Il est donc nécessaire, afin d'éviter

toute cause d'erreur, d'évaporer une portion du liquide jusqu'à siccité; le résidu doit être nul ou pas plus abondant que celui que laisserait l'acide sulfurique du commerce, ramené à peu près au même degré de dilution du liquide à examiner. On pourrait aussi, comme l'indiquent MM. Orfila et Devergie, traiter le liquide par la potasse, le carbonate de soude, l'acide hydro-sulfurique, réactifs qui, précipitent les sulfates acides, non l'acide sulfurique; mais, comme les sulfates acides de potasse, de soude et d'ammoniaque ne sont point précipités par ces réactifs, et que, le sulfate de plomb que contient ordinairement l'acide sulfurique du commerce pourrait former des précipités, de manière à faire croire à la présence d'un sulfate acide, le procédé de l'évaporation est préférable; d'ailleurs, on peut ainsi s'assurer de la nature du résidu, s'il est formé par exemple des sels que contient habituellement l'acide sulfu rique du commerce.

Acide sulfurique et matières organiques liquides et solides.

de

L'acide sulfurique communique aux mélanges organiques une saveur acide, la propriété de rougir le tournesol et de faire effervescence sur le carreau ou avec les carbonates alcalins ou terreux. Il modifie à peine les liquides qui contiennent peu matière organique, la bière, le cidre, le thé, le café, l'eau sucrée, ainsi que les solutés de gélatine, le bouillon. Cependant, lorsque le mélange n'a pas lieu immédiatement, l'acide sulfurique, en raison de sa densité, se dépose au fond du vase, et brunit les portions de liquide avec lesquelles il est en contact. L'acide sulfurique avive un peu la couleur du vin, rougit les infusés végétaux bleus ou violets, ainsi que les fleurs de même couleur. Il coagule l'albumine à froid, ainsi que le lait, surtout à chaud; un excès d'acide dissout le coagulum. Mêléavec de l'alcool, de l'éther, il se produit une grande élévation de température. Le mélange a une odeur éthérée.

L'acide sulfurique brunit, noircit les matières alimentaires, celles des vomissements ou contenues dans le tube intestinal, et, par un contact prolongé, les convertit en une espèce de

bouillie noire. Il racornit et colore d'abord en blanc grisâtre les tissus organiques, et, après un contact de plusieurs heures, réduit les tissus mous, les membranes muqueuses, par exemple, en une pulpe brunâtre. Il précipite la matière colorante jaune et verte de la bile, coagule et noircit le sang; un excès d'acide dissout le coagulum. Il rougit les vêtements colorés. La tache reste longtemps humide et moite au centre; elle paraît même plus grande que ne le comporte la quantité d'acide, ce qui est dû à sa grande hygrométricité, à ce qu'il absorbe l'humidité de l'air. Les tissus, après un temps plus ou moins long, sont corrodés, noircis, carbonisés. Ce dernier effet est presque immédiat avec les tissus blancs, de fil, de coton, etc.

Ces modifications, qui dépendent de l'action chimique ou désorganisante de l'acide sulfurique, et qui, par conséquent, sont variables selon son degré de concentration, et l'état d'hygrométricité des matières organiques, font cependant prévoir à priori, les altérations que doivent présenter, dans cette espèce d'empoisonnement, les matières vomies ou contenues dans le tube intestinal, les tissus, les vêtements, etc.

Analyse. Comme avec l'acide azotique, il se présente des difficultés de plus d'un genre pour reconnaître l'acide sulfurique dans les mélanges organiques, surtout, lorsque ce poison s'y trouve en petite quantité : 1o d'abord, lorsqu'on cherche à l'isoler de ces mélanges par le moyen de l'eau, celle-ci entraîne toujours beaucoup de matière organique, et, comme il faut ensuite concentrer les liquides pour constater le dégagement d'acide sulfureux, ces matières se décomposent, donnent naissance à des produits ammoniacaux ou empyreumatiques qui masquent l'odeur caractéristique de ce gaz ; 2o le nitrate de baryte, en ces cas, n'offre pas non plus toute la certitude désirable, puisque, les liquides organiques contiennent ordinairement des sulfates, et sont par conséquent troublés par ce réactif; 3o ajoutons que les matières organiques solides on liquides, auxquelles on aurait mêlé des sulfates acides, donneraient les mêmes réactions par ces deux réactifs. Les divers procédés usités dans ces recherches ont pour but de surmonter

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