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ces difficultés, d'éviter ces causes d'erreur. Comme nous l'avons fait pour l'acide nitrique, nous considérerons successivement les mélanges organiques d'après leur état d'agrégation, et uous ferons connaître, au fur et à mesure, les procédés ana-' lytiques qui leur sont applicables.

A. Liquides organiques. Lorsque ces liquides contiennent peu de matière organique, et qu'ils renferment une quantité assez notable d'acide sulfurique, ce qu'on reconnaît à leur réaction fortement acide, à l'effervescence vive qu'ils produisent avec un carbonate, on peut y décéler cet acide par les mêmes réactifs, par les mêmes procédés que nous avons indiqués en parlant de l'acide étendu. Il faut préalablement décolorer par le charbon les liquides colorés, tels que l'infusé de café etc. Si les liquides renfermaient beaucoup de matière organique, ce qui serait indiqué par leur viscosité et par le résidu brunâtre qu'ils laissent sur les parois du vase, lorsqu'on les concentre pour constater le dégagement d'acide sulfureux, on les soumettrait au même procédé d'analyse que la partie liquide ou le décocté de matières vomies ou contenues dans le tube intestinal.

B. Matières organiques solides et liquides. Si les matières vomies ou contenues dans le tube intestinal offraient une réaction fortement acide, et les altérations propres à l'acide sulfurique, il est évident, qu'on pourrait affirmer, qu'elles contiennent cet acide à l'état libre, par le procédé ordinaire, c'est-à-dire si, en les mettant à macérer dans l'eau, les liquides filtrés, rougissaient fortement le tournesol, précipitaient abondamment par un sel de baryte, si enfin, évaporés jusqu'à consistance sirupeuse, ils laissaient dégager par le cuivre du gaz acide sulfureux, reconnaissable aux deux caracteres que nous avons indiqués. Telle est aussi l'opinion de Barruel, qui conscillait, en outre, de traiter une portion des liquides par la potasse ou par l'acide hydrosulfurique, afin de s'assurer, s'ils ne renferment pas un sulfate acide précipitable par ces réactifs; tels seraient ceux des cinq dernières sections et les sulfates acides d'alumine, de glucine, etc. Lorsque les matières n'offrent pas les altérations propres à l'acide sulfurique, lors

qu'enfin la quantité d'acide est faible, on ne peut pas toujours constater le dégagement d'acide sulfureux, en raison des produits ammoniacaux et empyreumatiques qui se produisent et qui masquent l'odeur de cet acide; il faut alors avoir recours aux procédés suivants, qui, de plus, ont pour but de faire connaître, si l'acide sulfurique s'y trouve à l'état libre, ou à celui de sulfate acide ou neutre.

Procédé de M. Devergie. Délayez les matières vomies ou contenues dans le tube intestinal, si elles ne sont pas assez liquides, dans suffisante quantité d'eau, pour faire une bouillie assez claire; chauffez-les jusqu'à ebullition, dans une cornue, à laquelle est adapté un récipient entouré d'eau froide, afin de recueillir les produits volatils (alcool, éther, acides acétique, hydrochlorique, etc.) et d'en constater les caractères. Christison et Devergie, s'étant assurés que, les acides acétique et surtout l'hydrochlorique ne pouvaient être dégagés par la distillation simple, distillent au bain de chlorure de calcium (Voyez acide hydrochlorique. Orfila conseille seulement la macération, pour isoler l'acide sulfurique des mélanges organiques). Après une ou deux heures d'ébullition, décantez les liquides; ajoutez une nouvelle quantité d'eau; faites bouillir de nouveau; décantez; réunissez tous les liquides; filtrez-les; évaporez-les jusqu'à consistance sirupeuse ; adaptez alors un récipient entouré constamment d'eau froide et contenant de l'ammoniaque étendue de 5 à 6 parties d'eau (la quantité d'ammoniaque doit être en rapport avec la quantité présumée de l'acide); évaporez les liquides jusqu'à siccité; entourez la panse de la cornue de charbons incandescents, de manière à la porter au rouge brun, et continuez ainsi, jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de vapeurs blanches, ou plutôt, jusqu'à ce que les oscillations du liquide du récipient indiquent qu'il ne se dégage plus de produits gazeux. Suspendez alors l'opération, en évitant qu'il n'y ait absorption, et soumettez le liquide ammoniacal du récipient, et le résidu charbonneux resté dans la cornue aux analyses suivantes :

A. Liquide ammoniacal. Il est composé de sulfate et de sul

fite d'ammoniaque, provenant de la volatilisation d'une portion d'acide sulfurique indécomposé, et d'une portion d'acide sulfurique, ramené à l'état d'acide sulfureux, par le charbon de la matière organique. Ce liquide est mêlé quelquefois à de l'huile empyreumatique qu'on sépare par reposition. On traite une portion de liquide ammoniacal par l'acide iodique solide etquelques fragments d'amidon. L'acide sulfureux s'empare de l'oxygène de l'acide iodique, l'iode se porte sur l'amidon et le colore en violet. Il est quelquefois nécessaire d'ajouter un peu d'acide sulfurique pour déplacer l'acide sulfureux de sa combinaison ammoniacale. 2° L'autre portion du liquide, traitée par le nitrate de baryte, donne un précipité de sulfate de baryte dont on constate les caractères. M. Orfila chauffe le liquide ammoniacal avec de l'eau régale pour transformer le sulfite d'ammo-. niaque en sulfate, avant d'employer le nitrate de baryte.

Depuis plusieurs années, et bien avant que M. Devergie n'ait modifié le procédé qu'il a donné dans sa première édition, nous remplaçons l'ammoniaque par un soluté d'iodate acide de potasse et quelques fragments d'amidon. L'acide sulfurique indécomposé se combine avec la potasse de ce sel, l'acide sulfureux avec l'oxygène de l'acide iodique, et passe à l'état d'acide sulfurique; l'iode se porte sur l'amidon et le colore en violet. Nous filtrons, et nous précipitons le liquide filtré par le nitrate de baryte. L'iodate de soude pourrait remplacer celui de potasse.

B. Résidu charbonneux resté dans la cornue. Divisez ce résidu dans la cornue même avec une baguette de verre; ajoutez de l'eau régale pour le mouiller complétement; chauffez pendant un quart ou une demi-heure ; laissez un peu refroidir; ajoutez de l'eau distillée; filtrez; chauffez pour dégager l'excès d'acide; essayez les liquides par la potasse, l'ammoniaque, l'acide hydrosulfurique et le nitrate de baryte. Ces réactifs ont pour but de reconnaître si les matières organiques renferment de l'acide sulfurique libre ou un sulfate acide ou neutre. Si les matières en effet ne contenaient que de l'acide sulfurique libre, il resterait seulement du charbon dans la cornue, par consé

quent, l'eau régale ne dissoudrait rien, et ne précipiterait pas par les quatre réactifs indiqués. Si au contraire les matières contenaient un sulfate acide, l'oxyde ou le métal de ce sulfate resteraient mêlés au charbon, seraient dissous par l'eau régale, qui les transformerait en chlorures, lesquels, seraient précipités par les trois premiers réactifs, à l'état d'oxydes ou de sulfures. Si les matières renfermaient un sulfate alcalin, ou un sulfate indécomposable par le charbon et par la chaleur, si, par exemple la potasse, la soude, la magnésie avaient été données comme contre-poisons, ces sulfates seraient aussi entraînés par l'eau régale, et celle-ci donnerait par le dernier réactif un précipité de sulfate de baryte.

D'après Devergie, on ne prive pas ainsi complétement les matières organiques d'acide sulfurique, qui, probablement, forme avec quelques-unes d'elles un composé insoluble; aussi, si les résultats étaient négatifs, il faudrait agir sur les parties solides, comme sur le résidu des décoctés, c'est-à-dire, les carboniser dans une cornue, munie d'un récipient ammoniacal, et analyser le liquide ammoniacal, et le charbon resté dans la cornue, comme nous venons de l'indiquer.

Réflexions. Ce procédé est long, difficile à exécuter par les personnes peu exercées; ensuite il ne prévient pas toutes les causes d'erreur. 1o Ainsi, si c'était du sulfate acide de mercure qui fût mêlé, aux matières, il est évident qu'à la température à laquelle on opèrerait la carbonisation, le mercure se volatiliserait, et, par conséquent, il n'en resterait pas dans le résidu charbonneux ; à la vérité, on le trouverait ou dans le récipient, ou dans le col de la cornue; c'est ce qu'il aurait fallu indiquer. 20 L'acide sulfurique du commerce contient presque toujours du sulfate de plomb, sel qui, par l'action du charbon et de la chaleur, est transformé en sulfure, et ensuite en chlorure par l'eau régale, lequel, précipiterait par la potasse, par l'ammoniaque et par l'acide hydrosulfurique, de manière à faire croire à la présence d'un sulfate acide. 3o Les matières organiques contiennent presque toutes des sulfates solubles; l'acide sulfurique du commerce renferme fréquemment du sulfate de po

tasse; cet acide peut d'ailleurs avoir été saturé par les carbonates qui ont éte donnés comme contre-poisons. 4° Enfin, les matières organiques solides, auxquelles on aurait mêlé du soufre, ou qui en contiendraient normalement, donneraient par le feu à peu près les mêmes résultats que les matières sulfuriques. De cet exposé, concluons que, si le procédé Devergie donne des résultats assez nets quant aux parties liquides, il ne peut être appliqué aux parties solides épuisées par l'eau, ou que moins, dans tous les cas, on ne doit établir ses convictions que sur des réactions bien marquées et comparatives.

du

Procédé Orfila. Critiquant et son dernier procédé et celui de M. Devergie, M. Orfila a adopté, tout récemment (Journal de Chim. médic. septembre 1741) le procédé suivant, fondé sur la propriété qu'aurait l'éther, d'enlever aux liquides organiques l'acide sulfurique libre, non les sulfates acides ou neutres Parties liquides. Après les avoir filtrées, évaporez-les au sixième de leur volume, laissez refroidir, filtrez de nouveau, agitez-les avec de l'éther pendant une ou deux minutes, séparez l'éther par réposition, mettez-le à évaporer à l'air libre dans une capsule, et, dans le résidu éthéré, constatez l'acide sulfurique par le papier tournesol, le nitrate de baryte, et la limaille de cuivre, etc. Si l'on soupçonnait que l'éther eût dissous des sulfates acides on s'en assurerait par le carbonate de soude qui précipite tous les sulfates acides exceptés ceux de potasse, de soude et d'am moniaque, lesquels, seraient reconnus, par les réactifs de ces bases, tandis que l'acide sulfurique ne précipite par aucun de ces réactifs. Parties solides (aliments, tube intestinal ou autres organes). Divisez-les par petits morceaux; malaxez-les pendant une heure avec 150 à 200 grammes d'eau distillée froide; filtrez et soumettez les liquides filtrés au procédé de l'éther. D'après M. Orfila, 99 fois sur 100, l'eau froide dissoudra assez d'acide sulfurique pour en constater les caractères. Si cependant les résultats étaient nuls, si l'acide sulfurique était combiné avec ces tissus, on aurait recours au procédé de la décomposition par le feu. Mais, dans ce cas, on devrait ne se prononcer qu'avec la plus grande circonspection, parce que

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